- Ecole vétérinaire d'Alfort
-
École nationale vétérinaire d'Alfort
L'École nationale vétérinaire d'Alfort (ENVA) est un établissement d'enseignement supérieur et de recherche, placé sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et de la Pêche. (Maisons-Alfort, Val-de-Marne)
Sommaire
Histoire
Sa création et son implantation
Cette école fut créé au printemps 1765, quatre années après celle de Lyon. C'est Claude Bourgelat avocat et écuyer de l'Académie d'équitation de Lyon, qui sollicita Henri Léonard Jean Baptiste Bertin, alors intendant de la généralité de Lyon puis contrôleur général des Finances de Louis XV, d'ouvrir cette seconde école vétérinaire à proximité de Paris.
D'abord installée au nord de Paris, paroisse de La Chapelle (en l'actuelle rue Philippe-de-Girard, 10e arrondissement), l'école se révéla dotée de locaux trop exigus. De plus l'environnement semblait mettre en péril la "bonne moralité" des étudiants. La propriété du château d'Alfort, achetée au baron de Bormes, correspondit mieux à un enseignement rural par son emplacement et la surface de ses terrains. L'acte de vente fut signé le 27 décembre 1765 et l'enseignement commença en octobre 1766. Le premier étudiant, inscrit le 12 octobre 1766 s'appelait Jean-Philippe Conroy et venait de Nancy.
Un enseignement moderne mais militaire
Bourgelat s'inspira de la médecine humaine pour baser son enseignement sur l'anatomie, la science. D'esprit encyclopédiste, il enseignait selon des principes d'observation objective, d'interprétation rationnelle des faits. Il amena avec lui, de Lyon, l'anatomiste Honoré Fragonard, le maréchal Philibert Chabert et plusieurs de ses meilleurs élèves. L'anatomie était, en 1766, la science à l'honneur et à la mode. Partisan de l'anatomie naturelle, Fragonard utilisa avec talent la méthode traditionnelle de conservation utilisée au XVIIIe siècle. Il passa 9 ans à préparer des milliers de pièces anatomiques, à visée didactique et pédagogique. En plus d’une dissection minutieuse de ses cadavres, Fragonard savait les injecter et les conserver. Ce génie n’a laissé aucune trace écrite de sa technique.
Bourgelat créa un régime scolaire rigoureux. Les élèves en internat «mi-militaire, mi-claustral» recevaient un enseignement autoritaire. L'enseignement était gratuit, mais les élèves n'étaient pas nourris. La fin des études était validée par un « brevet de privilégié du roi en l'art vétérinaire». Les premiers diplômés, qualifiés d'«artistes vétérinaires», de retour dans leurs provinces pour combattre les maladies du bétail, eurent une action efficace.
Des noms et des découvertes prestigieuses
De grands noms de la recherche biologique et médicale ont travaillé à Alfort :
- Honoré Fragonard, professeur d'Anatomie (1765-1771) et directeur de l'Ecole (1766-1771).
- Antoine Cadet de Vaux, professeur de Chimie et de Pharmacie (1770-1775).
- Jean-Baptiste Huzard, professeur de Matière médicale (v.1772-1774).
- Félix Vicq d'Azyr, professeur d'Anatomie comparée (1782-1787).
- Antoine-François Fourcroy, professeur de Physique et Chimie (1782-1787).
- Louis Jean-Marie Daubenton, professeur d'Economie rurale (1782-1787).
- Pierre Marie Auguste Broussonet, professeur adjoint d'Economie rurale (1782-1787).
- François-Hilaire Gilbert, professeur d'Extérieur et d'Hygiène (v.1785-1800).
- Pierre-André Latreille, professeur de Zoologie (1814-1815).
- Victor Yvart, surnommé "l'Arthur Young de la France", professeur d'Economie rurale (1806-1824).
- Pierre Louis Dulong, professeur de Physique et Chimie (1813-1827).
- Edmond Nocard, professeur de Clinique (1878-1903).
- Louis Pasteur prépara avec Henri Bouley les fameuses expériences sur la vaccination anti-charbonneuse. Signalons toutefois que Louis Pasteur utilisa finalement, non pas son vaccin anti-charbonneux lors de son expérience célèbre de Pouilly-le-Fort mais bien celui du médecin et vétérinaire Henry Toussaint et que ce fait ne fut pas proclamé haut et fort par Louis Pasteur. Certains auteurs ont trouvé ce comportement de Louis Pasteur franchement proche de la malhonnêteté intellectuelle et du plagiat [1]
- Camille Guérin, avec le médecin Albert Calmette, mit au point le vaccin BCG contre la tuberculose.
- Gaston Ramon inventa les anatoxines antitétaniques et antidiphtériques ainsi que les vaccinations associées.
- Marcel Théret y découvrit le célèbre tétraèdre zootechnique.
Une communauté de travail
L'école actuelle (Directeur : Pr Jean Paul Mialot) regroupe sur son site un peu plus de mille personnes : des étudiants, des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des personnels administratifs et techniques. 600 étudiants, 75 enseignants chercheurs et 45 chercheurs appartenant à des laboratoires de recherche associés.
L'École dispose sur le site d'Alfort de 492 chambres réparties en deux résidences universitaires ainsi qu'un restaurant universitaire.
Un centre de formation
L'ENVA accueille les étudiants ayant réussi le concours d’entrée aux écoles vétérinaires pour une formation initiale qui les mènera en cinq années au diplôme de Docteur vétérinaire. Ils pourront être logés sur le site et participer à la vie associative et sportive de l’école.
Par ailleurs, elle offre une soixantaine de programmes de formation continue, délivrant des diplômes de spécialisation (trois certificats d'études approfondies (CEAV), deux diplômes d'études spécialisées vétérinaires (DESV), des diplômes d'internat et de résidanat, et quatre masters de recherche.
Un centre de consultations
Investie d’une mission de service public, l’École est aussi un centre de consultations, avec service d’urgence pour les animaux de compagnie et pour les chevaux, mais aussi pour le bétail : vaches, chèvres, moutons… Sa proximité de Paris permet au site d’Alfort de drainer une clientèle d’Île-de-France, mais aussi de toute la France.
31373 actes sont réalisés par année. Animaux de compagnie, chevaux et NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) peuvent être reçus. Proposant des techniques de diagnostic sophistiquées, l’École a la clientèle de chiens et chats la plus importante d’Europe. Pour la petite histoire, les labradors de François Mitterrand y ont été soignés.
Un centre de recherche
L'école comprend sept unités de recherche et des laboratoires propres d’unités regroupant des enseignants-chercheurs de diverses unités et chercheurs appartenant à d’autres structures universitaires et de recherche.
Depuis 1994, l’avenir de l’École a pris une nouvelle dimension avec le développement à Maisons-Alfort d’un pôle d’excellence consacré à la santé animale, à l’hygiène, à la qualité et à la sécurité alimentaire. Des travaux de recherche communs sont menés dans ce domaine avec d’autres laboratoires régionaux et nationaux, dont ceux de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments et divers acteurs de la filière agro-alimentaire comme Aérial, l'ENSIA ou encore l'IFIP
Ouvert au grand public
- Le musée Fragonard : unique au monde, plus vieux musée de France; Il est ouvert au grand public depuis 1994. Il présente des collections d'écorchés, de squelettes et d'anatomie animale et humaine. La présentation du musée a su garder son cachet authentique en conservant son aspect "collection", présentant de nombreuses pièces dans des vitrines, plutôt que de succomber aux charmes des musées modernes beaucoup plus dépouillés. On y trouve de nombreux moulages anatomiques, notamment de Petitcolin, finement peints qui font le régal des artistes. Les pièces les plus impressionnantes étant les fameux écorchés de Fragonard, dont l'improbable "cavalier de l'Apocalypse" accompagnés de ses fœtus dansants, ou le terrifiant "homme à la mandibule" dont le regard glace le sang des visiteurs. Attention certaines pièces peuvent impressionner les jeunes enfants.
- Le jardin botanique créé en 1766. Sa renommée s’appuie sur une collection plantes mellifères (servant à faire le miel), toxiques et médicinales de grande valeur scientifique et patrimoniale. Autrefois exclusivement dédié à l’enseignement et à la recherche scientifique. Depuis 2003, les groupes scolaires, associatifs, de retraités viennent découvrir les plantes et leurs applications à la médecine et à l’alimentation au travers de visites guidées, à la biodiversité. Le maintien du jardin botanique est le fruit des efforts des bénévoles de l’Université Inter-Âge, des jardiniers et apprentis-jardiniers et des enseignants de l’ENVA.
- Tous les deux ans, un week-end porte ouverte est organisé, permettant au grand public de visiter cette prestigieuse École. De nombreuses activités y sont proposées, avec des ateliers découverte et scientifiques pour les plus grands et les plus petits. C'est aussi l'occasion de s'informer sur le cursus vétérinaire en France.
Notes et références
- ↑ Voir l'article Henry Toussaint sur Wikipédia - Encyclopédie libre
Bibliographie
- Alcide Railliet et Léon Moulé, Histoire de l'École d'Alfort, Paris, Asselin et Houzeau,1908, XX-831 p. http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/cote?extalfo00015
- André-Laurent Parodi (dir.), L'École nationale vétérinaire d'Alfort au XXe siècle, Thionville, éd. Gérard Klopp, 1998, 262 p.
- Maisons-Alfort - Mille ans d'histoire, Association Maisons-Alfort, mille ans d'histoire – 2 tomes 1984-1986 (I.Des origines au XIXe siècle ;II - le XXe siècle)
Liens externes
- L'ENVA
- Site d'anatomie de l'ENVA
- Fonds documentaires de L'Ecole nationale vétérinaire
- Site du musée Fragonard
- Ville de Maisons-Alfort
- Les Archives départementales du Val-de-Marne
- Alforien.net: Le site des étudiants et anciens élèves
Catégories : Études vétérinaires en France | Maisons-Alfort
Wikimedia Foundation. 2010.