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Démographie de Mayotte
Mayotte est au tournant du millénaire, de 1980 à nos jours, un espace rural français en crise dont la démographie est galopante. L'île est passée de 11 000 habitants en 1911 à 186 452 en 2007, chiffre élevé qui atteste la présence pacifique française depuis 1843.
Mayotte Situation démographique Population 186 452[1] habitants Densité de la population hab./km² Taux de croissance de la population 3,77 % Âge médian (population totale)
- Hommes
- Femmes17 ans
18 ans
16 ansStructure par âge
- 0-14 ans
- 15-64 ans
- 65 ans et plus
46,0 %
52,3 %
1,7 %Rapport de masculinité (population totale)
- À la naisssance
- Moins de 15 ans
- 15-64 ans
- 65 ans et plus1,10 homme/femme
1,03 homme/femme
1,01 homme/femme
1,18 homme/femme
1,02 homme/femmePart de la population urbaine - % Natalité Taux brut de natalité 40,95 ‰ Indice synthétique de fécondité 5,79 enfant(s)/femme Mortalité Taux brut de mortalité 7,7 ‰ Taux de mortalité infantile (population totale)
- Hommes
- Femmes60,76 ‰
66,76 ‰
54,58 ‰Espérance de vie à la naissance (population totale)
- Hommes
- Femmes61,76 ans
59,57 ans
64,02 ansSources: The World Factbook, CIA (2006) Sommaire
Une île historiquement peu peuplée
La population mahoraise est le fruit de l'histoire mouvementée des îles Comores, à la croisée des civilisations de l'Afrique noire, de l'Arabie musulmane, du monde indien et Malgache. Il faut aussi prendre en compte les nombreux migrants venus de l'Insulinde, parfois à des époques fort éloignés. L'esclavage y est une donnée incontournable.
Les estimations du seizième siècle oscillent autour de 16000 habitants. Lorsque la France par achat prend possession de l'île de Mayotte (1841-1843), la population comptabilisée ne dépasserait pas 3000 habitants.
Le long conflit entre les quatre sultans batailleurs des Comores avait laissé définitivement une Mayotte dépeuplée, de plus victimes de fréquentes razzias malgaches. Le sultan d'Anjouan avait depuis longtemps imposé son contrôle sur l'île, qui était alors un royaume reposant sur une organisation clanique. Mais la possession de l'île ne lui était nullement acquise et des guerriers de la dynastie malgache des Sakalava ou des Antalaotsi pouvaient lontemps lui tenir tête.
La composition de la population mahoraise peut s'établir comme suit:
- 700 Mahorais (1/5 de la population)
- 600 Malgaches
- 300 Arabes
- 1200 à 1300 esclaves venus d'Afrique noire (près de 40%!)
Cette composition démographique est à prendre avec précaution dans la mesure où beaucoup de Mahorais s'étaient réfugiés dans les îles voisines lors des razzias et des tensions émanant des introductions de princes malgaches dans les trônes de ces îles. Si les données sont cohérentes pour le rivage et les plantations, elle minorise fortement la population mahoraise de pauvres cultivateurs réfugiés à l'intérieur de l'île. Longtemps peu accessible, l'intérieur de l'île, tout en étant soumis à l'autorité dominante et protectrice, n'a pas fait l'objet d'un comptage rigoureux[2].
En 1846, l'abolition de l'esclavage mis en place par l'autorité militaire française provoque une émigration massive, des maîtres et de leurs esclaves. Désormais la population de Mahore est insuffisante pour fournir de la main d'œuvre. Aussi la mise en place de travail forçé, pour le monopole de compagnie française, amène une insurrection dès 1856. Le repeuplement s'opère pourtant rapidement dès 1860. Mais l'administration ne favorise pas seulement le retour des Mahorais, elle laisse s'installer de familles d'Anjouanais qui, disposant de plus grande richesse, achètent des terres et assurent une mainmise de plus en plus hégémonique sur l'économie de l'île au grand lagon.
L'explosion démographique
L'amélioration des conditions de santé et d'éducation, parallèle au maintien de traditions natalistes, expliquent en partie la croissance très rapide de la population mahoraise.
Mayotte comptait 47 246 habitants en 1974 et 95 000 en 1991. Elle compte aujourd'hui 186 452 habitants au recensement de 2007, ce qui fait un doublement de la population tous les 15 ans. 54% de la population est âgée de moins de 20 ans. [3]
Cependant, le taux de fécondité des Mahoraises est passé de 8,1 enfants en 1978 à 3,4 en 2007.
L'explosion urbaine
Longtemps petite île aux nombreux villages de brousse, Mayotte voit la croissance démographique rapide changer ses paysages. L'urbanisation rapide est marquée par la multiplication des villes moyennes que l'État doit équiper des infrastructures communes aux autres villes de la République:
Les quatre principales communes de l'île sont, en 2007[4]:
- Mamoudzou, 53 022 h. contre 20 307 h. en 1991
- Koungou, 19 831 h. contre seulement 6 046 h. en 1991
- Dzaoudzi, 15 339 h. contre 8 257 h. en 1991
- Dembéni, 10 141 h. contre 3 675 h. en 1991
Une population très jeune
Mayotte a une population très jeune et qui croît de 4 pour cent par an. En 2002, 62,3 pour cent des habitants étaient âgés de moins de 25 ans. On appelle ces derniers les Mahorais et ce sont des citoyens de la République française.
Les minorités ethniques et religieuses
L'immigration clandestine
Mayotte compte 50 000 à 60 000 clandestins pour 186 452 habitants officiellement recensés. Le nombre d'expulsions de personnes en situation irrégulière, qui était de 8 536 en 2004, a atteint 16 040 en 2008 (soit plus de la moitié des expulsions réalisées par la France). [3]
La disparité énorme entre les conditions économiques de cette île française soutenue par la métropole et les autres îles de l'Union des Comores dont Mayotte ne fait pas partie, en fait une région frontière entre les Pays du Nord et les Pays du Sud. Chaque année au moins une dizaine de milliers de clandestins franchissent le bras de mer large de 70 km dans de frêles embarcations appelées kwasa kwasa.
Il est difficile d'estimer la part de l'immigration clandestine dans la population mahoraise. Elle n'est pas un phénomène récent. Déjà en 1978, suite aux dramatiques troubles internes au nouvel État comorien, Mayotte restée française avait accueilli en quelques années plus de 8000 réfugiés. On avance parfois aujourd'hui les chiffres de 30 à 40 %. La majorité des immigrants viendraient d'Anjouan et plus récemment de Grand Comoriens. La maternité de Mamoudzou est la plus grosse maternité de France avec 7 000 naissances annuelles. Soixante-cinq à 75 % de ces naissances seraient en fait issues de l'immigration clandestine.
Malgré les 8 500 reconduites à la frontière effectuées en 2004, on note de par cette arrivée massive de clandestins, un développement anarchique de l'habitat spontané sur des terrains squattés, comme le quartier de Kawéni, un des plus vastes bidonvilles de France[5].
A la suite de la reconquête d'Anjouan par les autorités comoriennes (évacuation du colonel Mohamed Bacar par la France le 27 mars 2008), le conseil général de Mayotte estime que l'afflux de réfugiés atteint 400 nouveaux clandestins par jour, soit 12 000 pendant le mois d'avril. Mayotte serait donc un territoire français où le nombre de clandestins serait supérieur à l'effectif des immigrants en situation régulière[6].
L'émigration vers les Comores
On enregistrerait fin 2005 un vaste mouvement de retour au pays d'un certain nombre de Comoriens inquiets quant à l'augmentation du ressentiment qu'ils suscitent.
A la suite des événements troublés, marqués par les tentations séparatistes en particulier d'Anjouan, l'Union des Comores refuse le retour de ses ressortissants illégaux, expulsés par les autorités françaises.
La diaspora mahoraise
Entre 13 et 35 000 Mahorais vivraient désormais à la Réunion.
Évolution de la population
Source : Recensement national 2002[7] et fiches démographique de l'INSEE[8]
Année Population Accroissement
annuel en %Naissances 1958 23 364 - 1966 32 607 4,2 1978 47 246 3,1 1985 67 205 5,2 1991 94 410 5,8 3 849 1997 131 320 5,7 5 326 2001 154 000 6 678 2002 160 265 (97-2002) 4,1 n.d. 2007 186 452 Références
- ↑ Insee, recensement 2007
- ↑ Les Mahorais non comptabilisés, dispersés et abrités à l'intérieur de l'île, pourraient être plus d'un millier. L'estimation grossière est la même pour les exilés susceptibles de rentrer.
- ↑ a et b A Mayotte, futur département français, tout reste à construire, Le Monde, 27 mars 2009
- ↑ Insee, recensement 2007, populations urbaines sans double compte
- ↑ Benoît Hopquin, « Mayotte - Porte dérobée de l'Europe », Le Monde, 21 octobre 2005 [1]
- ↑ Déclaration de Ahamed Attoumani Douchina, président du conseil général de Mayotte, Les Échos, 2 mai 2008, p. 4.
- ↑ INSEE Première n° 940 - Mayotte : recensement de la population du 30 juillet 2002
- ↑ Insee Mayotte -Karibou Maore
Voir aussi
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