- Définition des études (composition d'études d'échecs)
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Étude d'échecs
Une étude de fin de partie ou étude est une position du jeu d'échecs "composée", cela signifie qu'au lieu de provenir d'une partie d'échecs réelle, elle a été construite afin d'être présentée à la manière d'une énigme. L'objectif est de découvrir le moyen unique pour les blancs de gagner ou d'annuler la partie suivant les cas, et ce contre toute défense des noirs.
Dans la mesure où ce sont des positions composées, les études font partie des problèmes d'échecs. Deux énoncés principaux sont utilisés: "Les blancs jouent et gagnent" et "Les blancs jouent et font nulle" (on évite par simple convention de donner le trait aux noirs mais c'est parfois nécessaire). Les études ont parfois l'apparence de parties réelles car ces énoncés sont compatibles avec la réalité du jeu entre joueurs.
Une étude doit avoir une solution unique pour être considérée comme valide. On préfère aussi que chacun des coups blancs de la solution soit unique, certaines alternatives mineures sont tolérées mais peuvent éventuellement diminuer la valeur de l'œuvre. Par exemple le fait d'avoir deux chemins possibles pour un cavalier en b1-c3-b5 et b1-a3-b5.
Il existe des milliers d'études créées par des compositeurs dans le monde entier depuis environ 400 ans. De nos jours, de nouvelles études paraissent tous les mois dans des magazines dédiés aux problèmes d'échecs, tel le magazine français Phénix. Les plus remarquées d'entre elles sont reproduites dans des magazines internationaux dont certains sont entièrement dédiés aux études, tel le magazine britannique EG, dans les magazines destinés au joueurs d'échecs, tel Europe Échecs ou même dans des quotidiens, tel Le Monde, dans une rubrique hebdomadaire. Les études sont également disponibles sous forme de compilations dans de nombreux ouvrages ainsi que, depuis quelques années, dans des bases de données sur CD-ROM, tel que Endgame Study Database 2000 de Harold van der Heijden.
Sommaire
Historique
Les études sont antérieures au jeu d'échecs dans sa forme moderne. On trouve des études de Chatrang (ancêtre du jeu d'échecs) dans des manuscrits datant du IXe siècle, et les plus anciens traités du jeu d'échecs moderne tels que ceux de Lucena et Damiano (fin du XVe siècle et début du XVIe siècle) en contiennent également. Cependant, ces études comportent souvent des pièces superflues, ajoutées dans le seul but de les faire ressembler à des parties réelles mais qui ne jouent aucun rôle dans la solution (ceci n'arrive jamais dans les études modernes).
Plusieurs noms ont été donnés à ces positions, par exemple Damiano les appelait subtilités. Le premier livre dans lequel on les a nommées études semble être Études d'échecs, publié en [1851] par Josef Kling et Bernhard Horwitz. Cet ouvrage est parfois considéré comme le point de départ de l'étude d'échecs moderne. On considère généralement que A. A. Troitzky et Henri Rinck, de par leurs contributions au genre, ont élevé cette forme de composition au niveau d'un art vers la fin du XIXe siècle.
La plupart des compositeurs, y compris Troitzky, Rinck ainsi que d'autres grandes figures telles que Genrikh Kasparian, sont célèbres pour leurs études et pratiquement inconnus en tant que joueurs. Cependant, quelques joueurs célèbres ont composé des études, parmi les plus connus se trouvent Emanuel Lasker, Richard Réti, Vassily Smyslov et Jan Timman.
Une étude de Réti
Voici une étude de Richard Réti, c'est l'une des études les plus célèbres du genre. Elle a été publiée pour la première fois dans Neueste Schachnachrichten en 1922 puis reproduite de nombreuses fois. C'est aux blancs de jouer et ils doivent annuler. À première vue, cela ressemble à une mission impossible : si les blancs essaient de pourchasser le pion noir, ils n'y parviendront jamais (1. Rh7 h4 2.Rh6 h3 etc. est clairement sans espoir) ; quant aux noirs, ils pourront facilement capturer le pion blanc si ceux-ci tentent de le promouvoir.
Les blancs peuvent cependant annuler, en profitant du fait que leur roi peut se déplacer dans deux directions à la fois : vers le pion noir et vers son propre pion. La solution est 1.Rg7 h4 2.Rf6 Rb6 (si 2...h3 alors 3.Re7 et 4.Rd7 permettent aux blancs de promouvoir leur pion) 3.Re5!. À présent, si 3...Rxc6 alors 4.Rf4 stoppe finalement le pion noir, alors que si 3...h3, 4.Rd6 permet aux blancs de promouvoir leur pion. Dans les deux cas, le résultat est une partie nulle.
Une étude de Kasparian
Toutes les études ne sont pas aussi simples que dans l'exemple précédent. L'étude suivante est de Genrikh Kasparian, elle a été publiée pour la première fois dans Magyar Sakkélet en 1962. Les blancs jouent et font nulle.
La ligne principale de la solution est 1. Ta1 a2 2. Re6 Fa3 3. Ff4 Fb2 4. Fe5 a3 5. Rd5 Fg6 6. Fd4 Ff7+ 7. Re4 Fc4 8. Tg1, mais il y a de nombreuses alternatives pour les deux camps. Par exemple, les blancs pourraient essayer 1.Ff4 à leur premier coup, avec l'idée 1...Fxa2 2.Fxd6 et 3. Fxa3 qui donne une partie nulle, mais les noirs peuvent contrecarrer ce plan avec 1...Fxf4 2. Txa3 Fc2 qui gagne. Il n'est pas nécessaire d'avoir une connaissance très poussée du jeu pour comprendre pourquoi un coup est correct, alors qu'un autre échoue. Mais il n'est pas évident pour beaucoup de joueurs que la position résultant de la ligne principale est une partie nulle.
Autres exemples
La première étude, d'un auteur resté anonyme, présente une méthode humoristique pour obtenir le gain. Les blancs ont deux fous d'avance ce qui, en temps normal, est amplement suffisant pour prétendre au gain. Toutefois, le roi noir est enfermé et il n'est pas question de le libérer. D'autre part, les noirs vont avancer leur pion libre et les blancs ne pourront pas le capturer sans pater le roi noir. Comment les blancs peuvent-ils gagner ?
Solution: 1.Ff5! (empêche f5) f6 2.Fa3! (si exf6 pat) fxe5 3.Fe4 (empêche e4) exd4 4.Fd3 (empêche d3) dxc3 5.bxc3 b2+ (forcé) 6.Fxb2 mat)
Remarquez que cette étude est également un problème d'échecs dont l'énoncé est Mat en 6 coups.
La seconde étude, de H. Cohn, illustre bien ce que l'on recherche dans la composition échiquéenne. L'équilibre des forces est nettement en faveur des noirs qui ont une dame et un pion contre une tour, donc a priori un gain facile. Comment les blancs peuvent-ils annuler ?
Solution: 1.Tg3! et si 1...Dxg3 le roi blanc est pat.
La solution continue avec 1...d4 2.Rg2 (les blancs ne peuvent pas échanger leur tour contre la dame, car la finale de pion qui s'ensuit est gagnante pour les noirs) 2.d3, Rf1! (après ce coup les blancs vont prendre la dame, d'où) 3...Dxg3 pat, la partie est nulle. Si le premier pat est trivial, le second en revanche est une surprise.
Bibliographie
- Endgame Magic, John Beasley et Timothy Whitworth, (Batsford, 1996), une introduction aux études d'échecs.
- Test Tube Chess, A. J. Roycroft, (Faber, 1972), présentation générale des études d'échecs, avec 433 exemples.
- Endgame Challenge, John Nunn, Gambit, 2002.
Liens externes
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