- Déclenchement Du Travail
-
Déclenchement du travail
Le déclenchement du travail est l'ensemble des méthodes permettant d'aboutir à la naissance de l'enfant sans attendre la mise en route spontanée de l'accouchement.
- Le déclenchement du travail est parfois nécessaire car une maladie ou une pathologie au cours de la grossesse risque de provoquer des conséquences graves pour la mère ou le fœtus en cas de prolongation de la grossesse
- Il est parfois demandé par la femme pour des raisons strictement personnelles n'ayant aucun rapport avec un problème médical, par exemple mari présent uniquement tel jour.
Sommaire
Définition
Intervention médicale visant à induire le travail avant que la nature ne l’ait fait spontanément.On distingue :
- Le déclenchement de convenance ou accouchement programmé réalisé toujours à terme
- Le déclenchement d’indication médicale réalisé parfois avant le terme
Déclenchement d'indication médicale
Indications
Les principales indications médicales de déclenchement sont :
- Un dépassement de terme (avec ou sans suspicion de postmaturité) au-delà de 41 semaines + 6 jours.
- La rupture prématurée de la poche des eaux qui entraîne un risque infectieux. Le délai d'expectative varie, en fonction des équipes obstétricales, typiquement de 24 à 96 heures.
- Un diabète gestationnel mal équilibré
- Une grossesse gémellaire
- Un arrêt de croissance du fœtus (qu'il ne faut pas confondre avec un retard de croissance intra-utérin)
- L'hypertension artérielle avec signes fonctionnels, ou pré-éclampsie.
Intérêts
- Interruption d’une grossesse potentiellement dangereuse pour la mère/l’enfant
- D’où réduction de la morbidité/mortalité materno-fœtale (déclenchements d’indication médicale)
Inconvénients
- Travail plus long et plus douloureux
- Augmentation du taux de césarienne et d'extractions instrumentales
Conditions
- Absence de contre-indications, confrontation foetopelvienne satisfaisante
- Maturité fœtale bien évaluée. La datation de la grossesse doit être certaine
- Surveillance fœtale pendant le déclenchement
- Bilan biologique complet
Accouchement programmé
Suivre ce lien pour un exposé des motivations.
Quelques observations
- Le taux de déclenchements (autres que pour les prématurés) a doublé en moins de 20 ans en France: de 10,3% en 1981 à 20,3% en 1998, selon l'enquête nationale périnatale de 1998, pour diminuer de manière non significative en 2003 (19,3%).[1]
- Une proportion importante de ces déclenchements (très variable d'une maternité à l'autre) sont pratiqués sans aucune indication médicale :
- [...] « déclenchement de convenance » [...] défini comme un accouchement de principe, programmé, sur rendez-vous : le déclenchement de convenance désigne tout déclenchement de travail, à terme, alors qu’il n’existe pas de pathologies maternelles ni fœtales le justifiant, c'est-à-dire sans indication médicale.[2]
- Dans l'étude de Goffinet et collègues[3] réalisée auprès de 38 maternités, portant sur 1192 cas consécutifs de déclenchement, le taux global de déclenchement pour indication non médicale était de 24,8% (n=295). Les raisons principales du déclenchement étaient la demande de la patiente (85,3%), l’éloignement du domicile (8,5%), l’organisation de la maternité (2,0%), autres raisons (4,2%).[4]
Variabilité des taux
- Pour un taux de déclenchement compris entre 10 et 20% dans la maternité d’exercice, le taux de déclenchement de convenance est d’environ 20% ; pour un taux de déclenchement supérieur à 30%, le taux de déclenchement de convenance est d’environ 50%.[5]
- Les maternités de niveau 1 et 2 qui ne disposent pas en permanence de tous les moyens en personnel et en équipement technique semblent plus anticiper les risques liés à l’accouchement ce qui se traduirait par davantage d’accouchements déclenchés. A l’inverse, dans la mesure où les maternités de niveau 3 sont les plus dotées en personnel et en moyens techniques elles semblent avoir moins recours aux techniques d’accouchements programmés par déclenchement[6].
Les recherches sur la physiologie de la parturition fournissent d'autres raisons d'attendre de le terme de la grossesse et donc de ne pas procéder à des déclenchements en l'absence de raison médicale. Des chercheurs de l'INSERM[7] ont en effet démontré que la mère informe et prépare le fœtus à l'accouchement grâce à l'ocytocine, hormone responsable de la survenue des contractions. Sous l'action de cette hormone, les neurones fœtaux sont anesthésiés et donc prêts à affronter le traumatisme ou le manque d'oxygène inhérents à la naissance. Ces résultats ont également des implications sur la prévention des accouchements prématurés. Les substances habituellement administrées pour contrer l'action de l'ocytocine pourraient en effet empêcher les neurones fœtaux de se protéger en cas de complications.
Technique
Il existe plusieurs moyens de déclencher le travail. La méthode utilisée dépend du score de Bishop de la femme.
L'ocytocine
La perfusion d'ocytocine ne peut être utilisée que si les conditions locales sont favorables (score de Bishop élevé). Cette méthode nécessite une surveillance accrue du fœtus par monitoring.
Les prostaglandines
Les prostaglandines sont utilisées lorsque les conditions locales sont défavorables. Les prostaglandines se présentent sous forme de gel que l'on met au fond du vagin.
Le misoprostol (Cytotec®)
Le cytotec est toxique pour le fœtus, il est donc pris uniquement en cas d'interruption de grossesse.
Ce sont des comprimés que l'on peut :
- prendre par voies oral
- introduire le plus loin possible dans le vagin.
Il se prend 3 a 4h avant l'intervention.
Les effets secondaires possibles sont :
- Crampes abdominales,
- Saignements vaginaux,
- Nausées,
- Diarrhée,
- Irritation de la bouche
Moyens mécaniques de déclenchement du travail
D'après SOGC 2001 - 17[8] et recommandations de la HAS (à paraître)
Différentes méthodes mécaniques utilisées pour la maturation cervicale ont été décrites : sonde de Foley (avec ou sans perfusion saline extra-amniotique), dilatateurs naturels (laminaires) et dilatateurs synthétiques. Ces méthodes agissent en provoquant une dilatation du col par des pressions mécaniques et une augmentation de la production des prostaglandines. Les avantages avancés en faveur de ces méthodes mécaniques sont la simplicité d’usage, la réversibilité, le faible risque d’effets secondaires tels qu’une activité utérine excessive, et un coût réduit.
Pour provoquer la maturation cervicale, on introduit une sonde de Foley numéro 18 stérile dans le canal intracervical jusqu’à ce qu’elle dépasse l’orifice interne et on gonfle ensuite le ballonnet au moyen de 30 à 60 ml d’eau. On laisse alors la sonde en place jusqu’à ce qu’elle soit spontanément expulsée au cours des 24 heures suivantes. Certains font en sorte d’exercer une légère traction sur la sonde en l’attachant à l’intérieur de la jambe avec un ruban adhésif ou réalisent une injection extra-amniotique de une solution saline par la sonde. D’autres utilisent un dispositif à double ballonnet.
Une contre-indication absolue à la sonde de Foley est l’insertion basse du placenta. Les contre-indications relatives sont le saignement ante-partum, la rupture des membranes et la cervicite.
Aucun essai randomisé n’a encore été consacré à l’usage de la sonde de Foley, spécifiquement dans le cas des parturientes avec un antécédent de césarienne.
Plusieurs études ont montré que, comparée au gel de prostaglandine, la sonde de Foley n’entraînait aucune différence dans les taux de césarienne ou d’extractions instrumentales et de morbidité maternelle ou néonatale.
Les dilatateurs hygroscopiques et les sondes et ballonnets destinés à la maturation du col sont des méthodes sans danger et aussi efficaces que les autres moyens de maturation cervicale. Cependant aucune de ces méthodes n’a donné de meilleurs résultats en ce qui concerne le mode d’accouchement et le devenir périnatal. Leurs avantages résident dans leur prix réduit, leur faible taux d’effets secondaires et d’hyperstimulation utérine.
La recommandation du SOGC 2001 a conclu que la nature hétérogène des résultats des travaux analysés ne permettait pas de tirer des conclusions nettes sur l’efficacité de la sonde de Foley, comparée à d’autres méthodes. Les études complémentaires sont nombreuses, elles confirment l’efficacité relative de la sonde de Foley dont l’intérêt principal semble résider dans son faible coût. Aucune ne démontre la supériorité de cette méthode.
Cette méthode est peu utilisée en France et la perception qu’en ont les femmes enceintes est généralement mauvaise.
Liens internes
Références
- ↑ Voir [1] et [2]
- ↑ HAS, fiche de cadrage de la RPC 05R10 « Déclenchement artificiel du travail », 25/4/2006, p.2
- ↑ Goffinet F, Dreyfus M, Carbonne B, Magnin G, Cabrol D. Enquête des pratiques de maturation du col et de déclenchement du travail en France. J Gynécol Obstet Biol Reprod 2003;32(7):638-46.
- ↑ HAS, fiche de cadrage de la RPC 05R10 « Déclenchement artificiel du travail », 25/4/2006, p.3
- ↑ Goffinet F, Humbert R, Clerson P, Philippe HJ, Breart G, Cabrol D. Enquête de pratique nationale auprès des obstétriciens sur le déclenchement artificiel du travail. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1999;28(4):319-29.
- ↑ Carricaburu D. De la gestion technique du risque à celle du travail : l'accouchement en hôpital public. Sociologie Travail 2005;47(2), p.25
- ↑ Voir [3] et [4]
- ↑ Directives cliniques de la SOGC, 2001 (Crane 2001 17)
Liens externes
- Blandine Poitel. Programmation de l'accouchement: Les sirènes de la toute puissance. Les Dossiers de l'Obstétrique, 2003;316/317/318. (Document PDF)
http://naissance.ws/docs/programmationBP.pdf
- Claude-Émile Tourné. Le déclenchement. (Document PDF)
http://www.quellenaissancedemain.info/images/stories/declenchement/declenchement1.pdf
- Atelier « Déclenchement » aux États généraux de la naissance 2006
http://www.quellenaissancedemain.info/archives/enregistrements/atelier_11.html
- Portail de la médecine
Catégorie : Accouchement
Wikimedia Foundation. 2010.