- Débaptisation
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La démarche de débaptisation consiste, pour un chrétien apostat, à demander la suppression de son nom sur les registres paroissiaux afin de ne plus être compté comme membre de l'Église concernée. Cette démarche administrative concerne principalement des athées, agnostiques ou déistes et des personnes souhaitant quitter ou ayant quitté l'Église dans laquelle elles ont été baptisées.
La débaptisation est une formalisation de l'apostasie. L'Église catholique romaine utilise l'expression « Actus formalis defectionis ab Ecclesia catholica ».
Sommaire
Motivations
La débaptisation peut être une forme de protestation visant à désavouer des prises de positions de responsables religieux [1].
Par exemple, suite aux déclarations du pape Jean-Paul II en 1996 qualifiant la France de « fille aînée de l'Église », certains Français ont demandé leur radiation des registres baptismaux, refusant d'être comptabilisés comme catholiques[2].
Plus récemment, les prises de positions controversées de Benoît XVI vis-à-vis de la sexualité ou les autres religions, ainsi que le dialogue avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X ou les affaires de pédophilie dans l'Église catholique ont provoqué de nouvelles vagues de débaptisation de catholiques tenant à s'en démarquer[2],[3].
Certains Chrétiens désirent être radiés des registres de leur Église d'origine lorsqu'ils rejoignent une autre Église chrétienne, même si cette dernière n'exige pas une telle démarche.
Cette démarche, qui peut être entreprise individuellement, que l'on ait été baptisé selon le rite catholique, anglican, protestant ou orthodoxe, est aussi encouragée entre autres par des organisations anticléricales ou libertaires ainsi que par le mouvement raëlien[2].
Modalités
En ce qui concerne l'Église catholique romaine, la demande peut s'effectuer par courrier adressé au curé actuel de la paroisse où a eu lieu le baptême ainsi qu'à l'évêché dont dépend cette paroisse, le curé et l'évêque concernés envoyant alors une attestation confirmative. Les services de l'évêque portent, en outre, dans le Registre des Archives de Catholicité, la mention de l'apostasie. En Belgique, la pratique est plutôt d'adresser une lettre au vicariat général du lieu de résidence[4].
En général l'Église catholique se contente d'apposer une mention d'apostasie en marge du registre de baptême, sans supprimer le nom du registre[5], mais, aux termes de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 consolidée par la loi n°2004-801 du 6 août 2004, on doit exiger de plein droit que le nom soit rayé de façon à n’être plus lisible de tout fichier non automatisé, notamment manuscrit, et effacé de tout fichier automatisé de l’Église concernée[6].
Conséquences religieuses
Du point de vue de la confession catholique, cette démarche administrative constitue un acte grave d'apostasie, de schisme ou d'hérésie selon le cas[5].
Le sacrement du baptême est considéré comme indélébile par les Églises[7] . Un apostat qui reviendrait à la foi chrétienne ne sera pas « rebaptisé » s'il a une fois été baptisé validement (quelle que soit l'Église ou la communauté religieuse dans laquelle le baptême a été conféré).
Cela n'empêche pas qu'une Église puisse attacher certains effets à une telle démarche administrative. Ainsi, le can. 1117 du Code de droit canon de l'Église catholique romaine assimile au non-catholique le catholique ayant quitté l'Église catholique par un acte formel en ce qui concerne les conditions de forme du mariage.
S'excluant de lui-même de la communauté ecclésiale dans laquelle il a été baptisé, l'apostat ne bénéficie logiquement plus des sacrements de cette Église (mariage, eucharistie), ne peut être parrain ou marraine ni de baptême ni de confirmation; de plus, ne pouvant non plus bénéficier d'obsèques religieuses, il lui est demandé de signaler expressément cet état de fait à son entourage[réf. nécessaire].
Conséquences civiles
En France, cette démarche est sans incidence civile, dès lors que le lien d'appartenance lui-même n'a aucune valeur légale aux yeux de l'État. Il n'en serait autrement que dans le cas d'affiliation formelle à une association cultuelle (ce qui est pratiqué par certaines Églises protestantes).
Dans certains autres pays comme l'Allemagne, l'Autriche et les pays scandinaves ou dans de nombreux cantons suisses, cependant, le statut de fidèle a des conséquences juridiques (obligation juridique de contribution financière, notamment, parfois via la fiscalité). La manière de « quitter » les Églises ou autres entités religieuses est alors réglée par la loi afin de garantir la liberté religieuse.
Sources
Notes et références
- Le mouvement pro débaptisation tisse sa toile
- Dossier du diocèse de Nanterre
- L'Église catholique allemande perd des milliers de fidèles Belga, 14/04/2010
- La débaptisation en Belgique
- Actus formalis defectionis ab Ecclesia catholica sur le site du Vatican
- Manche :l’Évêque catholique condamné par le TGI de Coutances.
- Orthodoxie et catholicisme. Un seul baptême?
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- La débaptisation en Belgique
- Procédure de radiation du registre des baptêmes sur le site de la fédération nationale de libre pensée.
- Exemple de document envoyé suite à une procédure de débaptisation en France
- Dossier du diocèse de Nanterre
- Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés sur le site Légifrance.
- Loi n° 2004-801 du 6 août 2004 sur le site Légifrance.
- Informations sur l'apostasie et la débaptisation en Belgique (avec pistes et formulaires).
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