- Drapeau normand
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Le drapeau normand est un emblème non officiel de la Normandie, province historique française.
N'étant pas une collectivité territoriale dotée de symboles officiels, elle n'a donc pas de drapeau légal mais seulement des drapeaux officieux. La Normandie possédant en revanche une identité historique et culturelle certaine[1], le recours à un drapeau pour la représenter s'est progressivement généralisé au cours du XXe siècle.
Le litige sur le drapeau est un objet de débat. En général, les armoiries et le drapeau sont distincts et il y a peu d'exceptions (on peut citer la Corse ou l'Albanie pour lesquelles le drapeau et le blason sont identiques). Les vexillologues et les héraldistes affirment en général qu'un blason n’est pas un pavillon et qu'un drapeau n'est pas la simple reproduction sur tissu du blason. Cependant, tout blason peut être décliné sous forme de drapeau, en particulier d'étendard ou de bannière.
Plusieurs drapeaux sont actuellement en usage et coexistent donc en Normandie. Ils suivent deux modèles : le drapeau héraldique et le drapeau à croix de saint Olaf. Les Îles Anglo-Normandes usent en revanche de drapeaux officiels.
Sommaire
Le drapeau héraldique
Drapeau aux deux léopards
Le drapeau héraldique reprend le blason de gueules à deux léopards d'or (surnommé en normand les p’tits cats), que hissent la plupart des mairies et autres collectivités territoriales normandes, dont les deux conseils régionaux. Il est très majoritairement reconnu comme emblème de la Normandie depuis longtemps et se voit partout en Normandie. Sa popularité et son importante diffusion sur tout support tient à ce qu’il est identique aux armoiries de la Normandie continentale, blasonné « de gueules à deux léopards d’or », qui a donné au fil du temps la bannière carrée puis le drapeau et le pavillon actuels. C’est, en tant que blason, l’emblème séculaire de la Normandie.
Le léopard héraldique est parfois confondu avec le lion dans la mesure où il est représenté comme lui avec une crinière et sans aucune caractéristique de pelage tacheté ; il se distingue du lion en ce qu'il est représenté « passant », c'est-à-dire marchant sur trois pattes, la quatrième dressée, corps de profil et tête de face, et queue redressée vers l'extérieur. Le léopard peut être « lionné », ou « rampant » (la position héraldique du lion), s'il est dressé sur ses pattes arrières. Il ne se distingue plus alors que par la queue et la tête.
Drapeau aux trois léopards
Le drapeau héraldique normand existe avec une variante : au lieu de deux, il est parfois arboré avec trois léopards d'or (surnommé en normand les treis cats). Le nombre de léopards du blason héraldique est peut-être dû à un quiproquo linguistique, car le cauchois Two : « trois », mal franco-patoisé Touo, ressemble à l’anglais Two : « deux ».
Cet usage est très minoritaire. Il se retrouve chez les partisans de la thèse selon laquelle le blason originel de la Normandie comportait trois léopards, conservé sur le blason de l'Angleterre et partant, des îles Anglo-Normandes. Son usage, réhabilité sous l'influence du poète Louis Beuve (décédé en 1949), notamment lors des festivités du millénaire du rattachement du Cotentin à la Normandie, puis de l'abbé Marcel Lelégard (décédé en 1994), reste limité, mais on le trouve parfois sur des bâtiments officiels comme sur l'hôtel de ville de Coutances.
Drapeaux à croix de Saint Olav
Le drapeau à croix de saint Olaf est un drapeau rouge orné d’une croix dite de Saint-Olaf, à croix rouge bordée d’or, allongée au battant à la manière des drapeaux des nations scandinaves, c’est-à-dire suivant le modèle des drapeaux des pays et régions nordiques. Ce drapeau a été créé par Jean Adigard des Gautries en 1937. Il serait issu, selon les historiographes[Qui ?], de l'étendard à la croix papale donnée à Guillaume le Conquérant par Alexandre II et qui brûla en 1932 dans l'abbaye de Battle. Bien que cet archétype soit l'un des plus vieux drapeaux du monde, la ressemblance avec la croix de saint Olav est tout de même ténue.
Ce drapeau est notamment promu par des associations régionalistes normandes revendiquant l’héritage des Vikings ou Normands. Il a été repris par les éditions et la revue normande Heimdal (de B. Mabille et G. Bernage), les revues Sleipnir et Haro (de D. Patte), mais aussi par diverses associations normandes dont : le Cercle culturel Norrois Asgard de Bayeux, l’Association culturelle Henri Beauclerc de B. Marie, la H.H.N.K. (Hin Heilöga Normanniska Kirkja : « La Sainte église normande » de M. Guignard), l’Association Phosphénia dans l’Oise normande de R. Skotarec, l’Amicale normande des Vosges, via la revue Viking (de J. Rivière). Depuis le début des années 2000, il est employé par de nombreux intervenants sur internet.
Il est également devenu le drapeau du Mouvement normand, mouvement politique autonomiste dans les années 1970 afin selon lui « de représenter la Normandie puisqu'il aurait l'avantage de reproduire à la fois les couleurs normandes et l'héritage historique de la province ». Malgré ses efforts, le Mouvement normand n'a pas réussi à l'imposer ou à en généraliser l'usage.
Ce drapeau à croix éclatée de Saint Olaf a été déposé en 1974 auprès de l’Association française d’études internationales de vexillologie[2].
Pour l'histoire, Saint Olaf, évangélisateur de la Scandinavie, n'est pas étranger à la Normandie : il fut baptisé à Rouen en 1004 par l’archevêque de Rouen Robert le Danois, avant de connaître le martyr des mains de ses compatriotes hostiles à la religion des « Papars ». Olaf est « l’inventeur » du Danebrog, qu’il présente comme tombé du ciel, lequel est peut-être une récupération chrétienne de la roue solaire dite « païenne », regardée par les Northmenn et Normands comme le symbole vengeur du marteau de Þór.
Ce drapeau à croix de Saint Olaf éclatée existe lui aussi avec une variante héraldique : en raison de son manque de notoriété à ses débuts, il est parfois apparu dans une version insérant les deux léopards d'or dans le quartier carré en haut à gauche, afin de le rendre plus facilement identifiable comme emblème normand. On le voit sur différents supports bien que la grande majorité des Normands fasse usage du drapeau aux deux léopards. Ce drapeau constitue un compromis entre le drapeau héraldique et celui à croix de Saint Olav. Comme le drapeau breton Gwenn ha Du, cette version intègre les éléments du blason tout en s'en distinguant.
Autres drapeaux en Normandie
Dans deux bailliages normands de Jersey et de Guernesey et leurs dépendances, chaque île à son propre drapeau (voir l'article : Îles Anglo-Normandes). Certaines villes se sont également composé un drapeau original, sur le modèle des villes bretonnes, tel Granville portant ses armoiries sur un écartelé argent et azur.
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Lien externe
Notes
- XIXe siècle d'origine picarde, Eugène Gigault de La Bédollière dit à juste titre: "La Normandie n'est ni une province, ni un assemblage de départements, c'est une nation". Dans Les Français peints par eux-mêmes (1841/42), l'écrivain français du
- Whitney Smith, Les Drapeaux, à travers les âges et dans le monde entier, éd. Fayard, 1976, p. 303. Le drapeau normand y est présenté en tant que celui de minorités ethniques et culturelles et notamment pour la France ceux de Bretagne, Alsace, Pays Basque, Corse.
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