- Dominique Janicaud
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Dominique Janicaud (Paris, le 14 novembre 1937 - Èze, le 18 août 2002) est un historien de la philosophie et philosophe français.
Sommaire
Biographie
Formation
Il entre à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1958. Agrégé de philosophie en 1961, il est professeur à l’ENI de Caen et à l’École militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (1962-1964), pensionnaire de la Fondation Thiers (1964-1966), puis assistant, maître-assistant et professeur à l’Université de Nice Sophia-Antipolis à partir de 1966. Docteur de troisième cycle (Ravaisson et Bergson, thèse soutenue à la Sorbonne) en 1966, il soutient un doctorat d’État en 1973 (Hegel et le destin de la Grèce, Paris IV).
Enseignement
Professeur associé à la Pennsylvania State University en 1974-1975, il enseigna également à Washington, Chicago, Montréal. À Nice, il dirige de 1983 à 1998 le Centre de recherches d’histoire des idées (CRHI, associé au CNRS).
Titulaire de plusieurs prix et distinctions, membre du comité de rédaction de plusieurs revues et de plusieurs collections de différents pays, il est directeur de la revue Noésis à partir de 1998, et prend une part importante dans l’organisation de la recherche universitaire.
Apport
Ses recherches ont d'abord porté sur le spiritualisme français, puis sur Hegel et la pensée hegelienne. Spécialiste de la philosophie allemande, il s'est intéressé à Heidegger et aux conséquences de la technique à l'époque contemporaine. À cet égard, il est notamment l'auteur de La Puissance du rationnel[1].
Le tournant théologique de la phénoménologie
Dominique Janicaud est à l'origine d'un débat qui porta des années 1990 sur la phénoménologie française contemporaine. Le débat commence en 1992 quand, dans la lignée d'un Mikel Dufrenne[2], Janicaud publie un livre dans lequel il reproche à certains phénoménologues français (Emmanuel Lévinas, Paul Ricoeur, Michel Henry, Jean-Luc Marion, Jean-Louis Chrétien, Jean-Yves Lacoste) de mettre leur travail philosophique au service de leur foi, participant ainsi à un « tournant théologique de la phénoménologie française[3] ».
L'année suivante, Jean-François Courtine édite un livre regroupant des contributions d'Henry, Ricoeur, Marion et Chrétien, qu'il avait invités à donner une conférence dans le cadre de son séminaire des Archives Husserl de l'ENS[4]. Les différents protagonistes ne réagissent pas de la même façon. Alors que Michel Henry ne cherche pas à remettre en cause le verdict de Janicaud, en se présentant lui-même comme un philosophe chrétien[5], c'est en la personne de Jean-Luc Marion que Janicaud trouve un interlocuteur pour alimenter le débat[6].
En 1999, Janicaud publie La Phénoménologie éclatée[7], dans lequel il poursuit son enquête en insistant particulièrement sur Marion et Chrétien.
Presque dix ans après le début du débat, une autre figure de la phénoménologie française, Jocelyn Benoist, qui parle plus volontiers d'un « tournant lévinassien » de la phénoménologie française, prend position dans le sens de Janicaud[8]. En avril 2009, Gallimard, avec l’accord des éditions de l’Éclat, publie dans un même recueil Le Tournant théologique de la phénoménologie française et La Phénoménologie éclatée, sous le titre de La Phénoménologie dans tous ses états.
Heidegger en France
Dominique Janicaud est l'auteur de Heidegger en France, livre constitué de deux parties, dont la première retrace une histoire de la réception de Heidegger en France, et la seconde rassemble des entrevues avec plusieurs acteurs de cette réception : Kostas Axelos, Walter Biemel, Jean-François Courtine, Françoise Dastur, Michel Deguy, Jacques Derrida, Éliane Escoubas, Jean-Pierre Faye, Claude Geffré, Gérard Granel, Jean Greisch, Philippe Lacoue-Labarthe, Jean-Luc Marion, Edgar Morin, Roger Munier, Jean-Luc Nancy, Nicole Parfait et Claude Roëls.
Bibliographie
- Une Généalogie du spiritualisme français. Aux sources du bergsonisme : Ravaisson et la métaphysique, La Haye, M. Nijhoff, 1969. Archives internationales d'histoire des idées. 30. Bibliogr. pp. 220-235. Index. Réédition : Ravaisson et la métaphysique : une généalogie du spiritualisme français, Paris, J. Vrin, 1997. ISBN 2-7116-1345-3
- Hegel et le destin de la Grèce, Paris, J. Vrin, 1975. Bibliogr. p. 343-366. Index. Thèse de lettres, université de Paris IV, 1973.
- Avec Jean-François Mattei, La Métaphysique à la limite : cinq études sur Heidegger, Paris, Presses universitaires de France, 1983. Collection Épiméthée. ISBN 2-13-037603-7
- La Puissance du rationnel, Paris, Gallimard, 1985. ISBN 2-07-070343-6
- L'Ombre de cette pensée : Heidegger et la question politique, Grenoble, J. Millon, 1990. ISBN 2-905614-35-8
- À nouveau la philosophie, Paris, A. Michel, 1991. ISBN 2-226-05583-5
- Le Tournant théologique de la phénoménologie française, Combas, Éd. de l'Éclat, 1991. ISBN 2-905372-59-1
- Chronos : pour l'intelligence du partage temporel, Paris, B. Grasset, 1997. ISBN 2-246-53441-0
- La Phénoménologie éclatée, Paris (38 rue Servan, 75011), Éd. de l'Eclat, 1998. ISBN 2-84162-027-1
- Heidegger en France, Paris, A. Michel, 2001. Collection : Bibliothèque Albin Michel. Idées, ISSN 1158-4572. Vol. 1, Récit ; Vol. 2, Entretiens. Note(s) : Bibliogr. vol. 1, p. 543-572. Index. ISBN 2-226-12681-3 (vol. 1). - ISBN 2-226-12703-8 (vol. 2).
- L'Homme va-t-il dépasser l'humain ?, Paris, Bayard, 2002. ISBN 2-227-02015-6
- Aristote aux Champs-Élysées : promenades et libres essais philosophiques, La Versanne, Encre Marine, 2003. ISBN 2-909422-72-0
- Les Bonheurs de Sophie : une initiation à la philosophie en 30 mini-leçons, La Versanne, Encre Marine, 2003. ISBN 2-909422-73-9
Sur Dominique Janicaud
- Françoise Dastur, (éd.), Dominique Janicaud, L'intelligence du partage, Paris, Belin, L’Extrême contemporain, 2006. Ce volume contient entre autres des contributions de Michel Deguy, Jean-François Courtine, Françoise Dastur, etc.
Notes et références
- Paris, Gallimard, Bibliothèque des Idées, 1985.
- Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1973. Pour une Philosophie non théologique, Paris, PUF,
- Le tournant théologique de la phénoménologie française, Paris, Éditions de l'Éclat, 1992.
- Phénoménologie et théologie, Paris, Critérion, 1993.
- C'est moi la Vérité. Pour une philosophie du christianisme, Paris, Seuil, 1996
- Épiméthée, 1997 (en particulier, Live II, §7). Étant donné. Essai d'une phénoménologie de la donation, Paris, PUF, coll.
- Paris, Éditions de l'Éclat, 1999.
- L'Idée de phénoménologie, Paris, Beauchesne, 2001.
Liens externes
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