Dissidences

Dissidences

Dissidences est le nom d’un projet d’étude scientifique des mouvements révolutionnaires de gauche, qui s’incarne dans un collectif de chercheurs, une revue numérique et une collection de volumes faisant suite à une revue autoproduite.

La revue papier a comme directeurs de collection l'historien Jean-Guillaume Lanuque et le sociologue Georges Ubbiali, et son comité scientifique comporte des historiens ou/et intellectuels reconnus, tels que Michaël Löwy, Enzo Traverso, Robi Morder, Claude Pennetier, Michel Dreyfus ou Paul Alliès. Le contenu des articles n'engage cependant que leur auteur.

La revue Dissidences, publiée à L'Harmattan puis aux éditions du Bord de l'eau, a été créée en septembre 2000 à partir du Bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires, créé en 1998. Elle a été utilisée en tant que source dans des travaux universitaires (mémoires et thèses), ainsi, qu'entre autres, par Daniel Lindenberg dans son Histoire des gauches en France, ou encore par Christophe Nick dans Les Trotskistes (2002).

Sommaire

Maturation (1997-1998)

Dissidences a connu sa première matérialisation en juin 1997, avec la rédaction d’un appel intitulé « Recherche et extrême gauche : un nouveau départ ? ». Ce texte, rédigé par Jean-Guillaume Lanuque (alors enseignant d’histoire stagiaire achevant son DEA), fut envoyé à un certain nombre de chercheurs - dont plusieurs collaborateurs du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (le Maitron) - qui le diffusèrent autour d’eux, finissant par rassembler une première équipe informelle. Celle-ci se chargea de rédiger une déclaration d’intentions afin d’expliciter la nature du projet, celui d’une histoire scientifique des mouvements révolutionnaires de gauche, non sans difficultés : le texte définitif fut finalement approuvé en juin 1998. Des discussions, polémiques et mutations allongèrent en effet la maturation du bulletin : départs de Sylvain Boulouque et de Jean-Pierre Hirou en raison de la peur d’un possible académisme, d’une insuffisante ouverture sur l’ensemble des mouvements révolutionnaires et de divergences historiographiques ; hypothèse de reprise des Cahiers Léon Trotsky de Pierre Broué, finalement abandonnée…

La revue papier (1998-2004)

Le premier numéro du Bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires (BLEMR) ne parut donc qu’en décembre 1998, après une souscription préalable, et autour d’une équipe stabilisée (Jean-Pierre Bigaré, enseignant en philosophie travaillant sur « Socialisme ou Barbarie » ; Philippe Bourrinet, salarié par l’ONU, auteur de travaux de recherche sur la gauche communiste ; Charles Jacquier, docteur en histoire, dont la thèse portait sur Boris Souvarine ; Florence Collet et Quentin Dauphiné, étudiants, ainsi que Yann Kindo, enseignant, et J-G. Lanuque, tous quatre travaillant sur les trotskysmes).

On y trouvait notes de lecture, articles de réflexion, présentations de centres d’archives, de maisons d’éditions, bibliographies thématiques puis chronologies, revues des livres et des publications, ainsi qu’une liste de chercheurs travaillant sur le champ d’études. Les changements les plus notables de cette première formule papier, à la parution semestrielle, intervinrent avec plusieurs des numéros suivants.

Le numéro 5 d’avril 2000, mis en page pour la première fois par Aurélien Moreau (étudiant), s’articulait ainsi autour d’un dossier thématique. Cette conception d’axer le contenu autour d’un dossier thématique central devait faire florès. Le n°6 de septembre 2000 vit le terme de BLEMR devenir le sous titre de Dissidences, titre proposé par Stéphane Moulain (enseignant d’histoire). Parallèlement, grâce aux efforts de Sylvain Delouvée (doctorant en psychologie sociale), www.dissidences.net fut créé. Enfin, les deux dernières parutions, des volumes doubles, intégrèrent une nouvelle déclaration d’intentions, finalisée en juin 2002.

Mutations de l’équipe rédactionnelle

Tout au long de cette première période d’existence, l’équipe de rédaction connut des changements, souvent liés aux débats sur la nature du projet, avec la difficulté de se positionner entre une histoire militante et une histoire strictement universitaire.

Certains quittèrent la revue suite à des désaccords : C. Jacquier après le n°6, en raison d’un fonctionnement collectif qui lui semblait déficient et de ce qu’il diagnostiquait comme une « universitarisation rampante de la revue » [1]; P. Bourrinet après le n°7, face à ce qu’il analysait comme une prise de contrôle de la revue par des militants ou sympathisants de la LCR [2]. Parallèlement, pendant que quelques membres fondateurs du projet partaient sur la pointe des pieds (F. Collet, J-P. Bigaré, Y. Kindo), d’autres l’intégraient provisoirement (Michel Christ du n°4 au 6, A. Moreau du n°5 au volume 1, Thierry Choffat du n°9 au 14-15).

D’autres encore sont venus enrichir durablement le comité de rédaction en cours de route : Stéphane Moulain et Sylvain Delouvée à partir du n°6 ; Jean-Paul Salles, professeur d’histoire détaché dans le supérieur, du n°7 ; Franck Gaudichaud, doctorant en sciences politiques, et Georges Ubbiali, maître de conférence en sociologie, du n°9 ; Christian Beuvain, enseignant d’histoire doctorant, du 12-13 ; Hervé Chalton, doctorant, et Olivier Neveux, doctorant en arts du spectacle, du 14-15. Divers membres du collectif s’impliquèrent également, sous l’étiquette de Dissidences-BLEMR, dans des travaux extérieurs : un CD Rom sur l’histoire du communisme aux éditions État de veille en avril 2001 ; deux invitations à l’université d’été de la LCR en août 2000 et août 2002 ; deux journées d’études à l’université de Bourgogne le 5 juin 2002 [3] et le 10 novembre 2004 [4]

Le passage de l’autoproduction à l’édition professionnelle (2004-2011)

Après un projet de partenariat avorté avec l’université de Dijon, les démarches auprès d'éditeurs entamées en 2004 devaient permettre de publier des volumes thématiques et non plus de simples bulletins autoproduits. Pour cela, une association fut également officiellement créée, les Amis de Dissidences.

Les éditions de L'Harmattan publièrent les deux premiers volumes (« Révolution, lutte armée et terrorisme », en février 2006, et « Daniel Guérin, révolutionnaire en mouvement(s) » en mars 2007[5]), avant que le projet ne migre chez les éditions du Bord de l’eau (Bordeaux) :

  • « Avant-gardes artistiques et politiques autour de la Première Guerre mondiale » en octobre 2007;
  • « Mai 68, monde de la culture et acteurs sociaux de la contestation » en avril 2008.
  • " Mai 68, aspects régionaux et internationaux" en octobre 2008.
  • " Trotskysmes en France" en avril 2009.
  • "La Belgique sauvage. L'extrême gauche en Belgique francophone depuis 1945" en octobre 2009.
  • "Prochinois et maoïsmes en France (et dans les espaces francophones)" en mai 2010.
  • "L'art comme résistance. Eveil politique et engagement des artistes dans les années 1930" en octobre 2010.

Dissidences aujourd’hui

L’équipe de rédaction actuelle, la plus étoffée à ce jour, se compose de Yannick Beaulieu, Christian Beuvain, Hervé Chalton, Vincent Chambarlhac, Franck Gaudichaud, David Hamelin, Thierry Hohl, Jean-Guillaume Lanuque, Stéphane Moulain, Stéphane Paquelin, Stéphanie Rizet, Jean-Paul Salles, Florent Schoumacher, Iveta Slavkova, Frédéric Thomas et Georges Ubbiali. Les membres de la rédaction se répartissent géographiquement à travers toute la France avec deux pôles principaux, le Grand Est et Paris. Plusieurs d’entre eux ont récemment collaboré à l’écriture d’articles pour l’encyclopédie La France des années 1968. Des assemblées générales sont organisées au moins une fois l’an pour compléter les échanges par internet.

Le site Dissidences.net mettait en ligne mensuellement des notes de lecture -dont une partie autour d’un thème-, une revue des revues bi-annuelle, des actualités et des articles inédits [6]. A la fin du premier semestre 2011, le choix a finalement été fait d'une revue numérique, hébergée sur http://revuesshs.u-bourgogne.fr/dissidences . Celle-ci se substitue au site Dissidences.net, dont les contenus migreront sur la revue électronique, se réactualisant ainsi. Cette revue électronique n'a pas vocation à se substituer à la revue papier ; elle en constituera le miroir. Centrée sur l'histoire des mouvements révolutionnaires, sociaux et ouvriers, la revue numérique a vocation à publier chaque trimestre des articles scientifiques, des notes de lectures et des compte-rendus sur ces questions.

Comité de rédaction

  • Yannick Beaulieu, docteur en histoire
  • Christian Beuvain, enseignant dans le secondaire, recherches sur l’histoire visuelle du mouvement ouvrier
  • Hervé Chalton, enseignant documentaliste
  • Vincent Chambarlhac, maître de conférences en histoire, Université de Bourgogne
  • Franck Gaudichaud, docteur en science politique, maître de conférences en civilisation hispano-américaine à l’université Grenoble 3
  • David Hamelin, doctorant en histoire (université de Poitiers)
  • Thierry Hohl, docteur en histoire
  • Jean-Guillaume Lanuque, enseignant dans le secondaire, coordinateur du corpus « extrême gauche (marxiste) » du dictionnaire Maitron
  • Stéphane Moulain, enseignant dans le secondaire
  • Stéphane Paquelin, doctorant et enseignant en histoire
  • Stéphanie Rizet, docteure en sociologie
  • Jean-Paul Salles, docteur en histoire
  • Florent Schoumacher, ancien professeur de philosophie, aujourd'hui cadre administratif
  • Iveta Slavkova, docteure en histoire de l'art, chargée de cours à Paris I, Paris X et Sciences Po (Paris)
  • Frédéric Thomas, docteur en science politique
  • Georges Ubbiali, maître de conférences en sociologie à l’université de Bourgogne

Thèmes des dossiers parus dans les numéros de Dissidences-BLEMR

  • Numéro 5, avril 2000 : Anarchisme
  • Numéro 6, septembre 2000 : Surréalisme
  • Numéro 7, décembre 2000 : Les trotskysmes américains
  • Numéro 8, mai 2001 : Mémoires de la Commune de Paris
  • Numéro 9, octobre 2001 : Anticolonialisme(s) révolutionnaire(s)
  • Numéro 10, février 2002 : Révolution sexuelle
  • Numéro 11, juin 2002 : Mémoires de la Révolution française
  • Numéro 12-13, octobre 2002 – janvier 2003 : Révolutionnaires en Seconde Guerre mondiale
  • Numéro 14-15, octobre 2003 – janvier 2004 : Autour du mouvement révolutionnaire chilien

Bibliographie

  • Antoine Artous, Didier Epsztajn, Patrick Silberstein (sdd), La France des années 1968. Une encyclopédie de la contestation, Paris, Syllepse, 2008 : articles « Anarchismes » (S. Moulain, pp.103 à 117), « Cedetim » (F. Gaudichaud, pp.158 à 161), « Chili » (F. Gaudichaud, pp.197 à 203), « Luttes ouvrières radicales » (G. Ubbiali, pp.481 à 495), « Parti socialiste (courants critiques) » (V. Chambarlhac, pp.572 à 579), « Révolution culturelle » (F. Gaudichaud, pp.711 à 716), « Théâtre » (O. Neveux, pp.767 à 774), « Trotskismes » (J-G. Lanuque et J-P. Salles, pp.783 à 794), « Violence révolutionnaire » (C. Beuvain, J-G. Lanuque et J-P. Salles, pp.818 à 829)
  • Thomas Bouchet, Matthew Legget, Jean Vigreux, Geneviève Verdo (sdd), L’insulte (en) politique. Europe et Amérique latine du XIXe siècle à nos jours, Dijon, EUD, 2005 : « Les trotskystes et les insultes. Esquisse de typologie et d’interprétation » (J-G. Lanuque, pp.169 à 176), « Des « potentats du dollar » aux « croisés de la peste ». Les Américains, figure du mal dans la presse communiste française des années cinquante » (C. Beuvain, pp.177 à 190)
  • Frédérick Genevée, Roger Martelli, Jean Vigreux, Serge Wolikow (sdd), Cédérom Le communisme en France. Une traversée du siècle, édition Etat de veille, 2001
  • Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981). Instrument du Grand Soir ou lieu d’apprentissage ?, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005
  • Frédéric Thomas, Rimbaud & Marx : une rencontre surréaliste, Paris, L’Harmattan, 2007
  • Stéphane Moulain (dir.), Révolution, lutte armée et terrorisme, L'Harmattan, 2005, 208 p. (ISBN 2747597180) [lire en ligne] 

Notes et références

  1. Voir sa lettre publiée dans le numéro 7 de Dissidences – BLEMR, décembre 2000, p.52.
  2. Voir sa lettre publiée dans le numéro 8 de Dissidences – BLEMR, mai 2001, p.46
  3. « Histoire de l’extrême gauche française : le cas du trotskisme. Une histoire impossible ? », journée d’étude organisée par l’Université de Bourgogne / Institut d’histoire contemporaine (Dijon). Les différentes communications furent publiées dans les Cahiers Léon Trotsky n°79, décembre 2002.
  4. « Approches sur la sociologie et l’histoire des trotskistes », journée d’études organisée par l’Institut d’Histoire Contemporaine de l’Université de Dijon. Communications restées inédites à ce jour.
  5. Actes (partiels) du colloque tenu en 2004 à l’université de Loughborough (Royaume-Uni) sous la direction de David Berry.
  6. Parmi les derniers, citons « Le spectre de Smolny ? Retour sur le 90e anniversaire d’octobre 1917 à travers textes et images animées » de Christian Beuvain et Jean-Guillaume Lanuque ([1]), « Eisenstein fait écran » de Vincent Chambarlhac ([2]), ou « Les guerres coloniales françaises au miroir communiste : quelques livres et deux ou trois choses que l’on sait d’elles » de Christian Beuvain ([3]).

Liens externes

  • Site officiel
  • Présentation de Dissidences par le site allemand Trotskyana : [4]

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Dissidences de Wikipédia en français (auteurs)

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