- Discours sur l'origine et les fondements de l'inegalite parmi les hommes
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Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Discours sur l'origine et
les fondements de l'inégalité parmi les hommesAuteur Jean-Jacques Rousseau Genre Essai Pays d'origine France Date de parution 1755 Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, titre original de l'œuvre parfois également publiée comme De l'Inégalité parmi les hommes, est un essai écrit par l'écrivain et philosophe genevois de langue française Jean-Jacques Rousseau.
Sommaire
Historiquement
Cet essai philosophique fut commencé en 1752 et publié en 1755, en réponse à un sujet de l'Académie de Dijon intitulé: « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? »
Sa participation au concours est dans la continuité du Discours sur les sciences et les arts pour lequel il avait déjà été primé en 1750 par cette même académie, mais cette fois ci il fut quelque peu critiqué... Notamment par Voltaire dans une lettre datée du 30 août 1755, et dans laquelle il écrit : « J'ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain (...) On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes, il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. »
C'était précisément ne pas comprendre l'entreprise de Rousseau, et le statut nouveau qu'une telle entreprise fait porter à la fiction théorique d'un "état de nature", dont la vocation est de permettre la critique sociale en séparant la question de l'origine (en fait) de l'inégalité de celle de son fondement ou plus précisément de son absence de fondement (en droit), tout en ouvrant l'espace d'une distinction explorée plus tard dans le Contrat social entre réalité du pouvoir et autorité légitime.
Ce discours a valu à Rousseau une condamnation religieuse, puisque le clergé lui reprochait de nier le péché originel, c'est-à-dire d'adhérer au pélagianisme.
Présentation
Le discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes est un essai philosophique d'une centaine de pages environ, richement annoté par l'auteur, introduit par une lettre de louanges à la République de Genève ainsi que par une préface de l'auteur datée du 12 Juin 1754.
Il est accompagné, dans beaucoup d'éditions récentes, d'un virulent échange entre Voltaire et Jean-Jacques Rousseau où le premier fustige la vision optimiste de la nature humaine du second, ainsi que sa vision de l'homme en société.
Le texte, enfin, est amené par la question de l'Académie de Dijon : « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? », sur laquelle repose l'essai entier.
Étude de texte
Une entreprise audacieuse
La question de l'académie de Dijon n'est simple qu'en apparence : car elle apparie "origine" et "fondement" de l'inégalité sans poser la question de leurs rapports, de leur identité ou de leur différence. C'est précisément sur ce point que l'oeuvre de Rousseau fait porter la pointe de sa critique : faut-il ou non identifier l'origine de l'inégalité à un fondement ? Si l'inégalité a ses raisons historiques (en fait), faut-il en conclure qu'elle est légitime (en droit) ? Une telle conclusion, politiquement conservatrice, aurait en effet pour elle tous ceux qui, de l'antique Aristote au moderne Hobbes, fondent de différentes manières la réalité de l'homme civil sur sa nature.
Aussi, la préface de Rousseau fait-elle figurer en bonne place la question suivante : « Quelles expériences seraient nécessaires pour parvenir à connaître l'homme naturel ; et quels sont les moyens de faire ces expériences au sein de la société ? »
La démarche de l'auteur sera donc de définir, par le raisonnement et la conjecture, un modèle de l'homme à l'état de nature. Il ne s'agit pas d'une étude anthropologique avant l'heure : le projet n'est pas de décrire la réalité historique d'un état primitif de l'homme, ni de faire de cet état supposé primitif la nature de l'homme. Il s'agit en revanche de montrer que l'homme à l'état de nature, c'est-à-dire tel qu'il serait abstraction faite de toute condition sociale, n'a rien qui le destine à être ce qu'il est devenu dans la société que Rousseau connaît : non pas qu'il faille pour Rousseau revenir de l'état civil à l'état de nature. Il faut plutôt comprendre que l'homme pourrait aussi bien être autrement en société : sa nature ne le conduisait pas nécessairement à la propriété privée, à la cupidité et à la domination des "riches" sur les "pauvres". La vocation critique de cette démarche est claire : une société d'inégalité n'est pas fondée en nature, elle ne peut se targuer d'aucune légitimité particulière.
C'est seulement en ce sens qu'on peut remarquer dans l'oeuvre des problématiques et méthodologies de l'anthropologie d'aujourd'hui, notamment le décentrement du regard par rapport à ses propres conditions sociales d'existence. « Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi, mais pour étudier l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin. » Rousseau fait ainsi du regard lointain un outil méthodologique permettant de penser la nature et la multiplicité des dénaturations possibles de l'homme. C'est en découvrant les particularités des diverses sociétés qu'on peut en effet déconstruire l'identification illégitime entre la nature humaine et les propriétés sociales particulières des hommes d'ici et de maintenant. Ainsi Rousseau est-il à l'origine de la méthode comparative qui caractérise l'anthropologie, tout en étant attaché à des enjeux politique d'une toute autre nature.
L'objectif est donc au moins d'apporter par une expérience de pensée la preuve d'une illégitimité des puissants à préserver l'inégalité, si ce n'est la preuve d'une légitimité de la révolte des opprimés (en un sens, c'est le Contrat social qui se chargera de cet enjeu).
La question primitive reste bien de définir la nature même de l'homme ainsi que l'état de nature, mais en les distinguant nettement de l'état civil au lieu de les penser en continuité.
Une critique politique
La démarche de l'auteur est, plus que de promouvoir une République, de fustiger les inégalités politiques ou sociales en démontrant que leur cause n'est pas celle de la nature.
« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire « Ceci est à moi », et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. »Jean-Jacques Rousseau, dans la lignée de Du contrat social que célébreront les futurs révolutionnaires, célèbre un état tel que ses dirigeants ne soient pas au dessus des lois : il met donc en garde contre la corruption et l'altération des libertés, comme étant fondamentalement le penchant de tout système politique.
« Il serait aisé de prouver que tout gouvernement qui, sans se corrompre ni s'altérer, marcherait toujours exactement selon la fin de son institution, aurait été institué sans nécessité, et qu'un pays où personne n'éluderait les lois et n'abuserait de la magistrature, n'aurait besoin ni de magistrats ni de lois. »Liens externes
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