- Dilution de responsabilité
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Effet du témoin
Pour les articles homonymes, voir Témoin.L' effet du témoin, appelé aussi syndrome Kitty Genovese est un phénomène psychologique à l'exact opposé de l'effet boule de neige : il est moins probable que des personnes interviennent dans une situation d'urgence quand d'autres sont présentes que quand elles sont seules.
Sommaire
Origine du nom
Le 17 mars 1964 à 3h15 du matin, Kitty Genovese est poignardée au bas de son immeuble. Elle crie, hurle « Il m'a poignardée, aidez-moi, je vous en prie, aidez-moi ! ». Des locataires de l'immeuble se réveillent, l'un demande à l'agresseur de s'en aller. Ce dernier fait mine de fuir, et revient frapper la jeune femme dix minutes plus tard, nouveaux cris, mais personne n'appelle la police.
La police n'est appelée qu'à 3h50, trouvant le cadavre de la femme poignardé de 17 coups de couteau. Elle meurt lors de son transport à l'hôpital. L'article de Martin Gansberg intitulé Thirty-eight who saw murder didn't call the police, paru dans le New York Times du 27 mars 1964, choque l'Amérique. Les faits, tel que rapportés par le Times, se sont révélés fortement exagérés. Six ou sept personnes ont effectivement vu la première phase de l'agression, après le premier départ de l'agresseur Kitty Genovese a contourné l'immeuble et lors de la seconde phase de l'agression aucun habitant de l'immeuble n'a pu être témoin.[1]
Explication du phénomène
L'analyse la plus remarquable selon Michel Terestchenko est celle de 1968 par John Darley et Bibb Latané, qui a démontré pour la première fois l'effet du témoin en laboratoire. Les résultats détaillés figurent dans leur ouvrage The Unrespondive bystander : why doesn't he help ? paru en 1970.
Une des expériences consiste à placer un sujet seul dans une pièce en lui disant qu'il peut communiquer avec d'autres sujets par le moyen d'un interphone. En réalité, ce sont tous des complices qui ont été enregistrés sur une bande audio. Pendant qu'ils parlent, l'un d'entre eux fait soudain semblant d'avoir une crise d'épilepsie, demande de l'aide de manière explicite, et la communication avec lui est impossible car le micro du sujet est coupé. L'étude a révélé que la durée que le sujet attend avant d'avertir l'examinateur varie inversement avec le nombre d'autres sujets. Dans certains cas, le sujet n'a jamais prévenu l'examinateur pendant toute la durée de l'expérience, soit 6 minutes.
Selon Darley et Latané, « lorsqu'un seul témoin est présent dans une situation d'urgence, il porte la responsabilité de devoir l'assumer ; [...] si d'autres sont présents, la charge de la responsabilité se diffuse ». « Les individus, par un processus de rationalisation, peuvent inhiber leur réponse à une urgence, dans laquelle ils perçoivent un conflit dans le fait d'intervenir, par une distorsion de leur perception, et ce afin de croire qu'en réalité, il n'y a aucune urgence. »[2] Dans le cas où les autres témoins sont visibles, le sujet surveille les réactions des autres pour voir s'ils pensent qu'il est nécessaire d'intervenir. Étant donné que les autres font la même chose, tout le monde a tendance à conclure de l'inaction des autres que personne ne pense que l'aide soit nécessaire. C'est un exemple d'ignorance pluraliste et de preuve sociale.
Lutte contre l'effet
Une victime peut contrer l'effet du témoin en désignant une personne précise dans la foule pour l'appeler à l'aide plutôt que d'appeler les gens alentours généralement. Cela place toute la responsabilité sur cette personne spécifique, au lieu de lui permettre de se diffuser, cela contre l'ignorance pluraliste en montrant que tous les témoins sont effectivement intéressés en aidant et cela permet de mettre en branle la preuve sociale quand une ou plusieurs personnes de la foule s'avance pour aider.
Voir aussi
Références
- ↑ Manning, R., Levine, M., & Collins, A. (2007). The Kitty Genovese murder and the social psychology of helping: The parable of the 38 witnesses. American Psychologist, 62, 555-562.
- ↑ Michel Terestchenko, Un si fragile vernis d'humanité, La Découverte, coll. « Recherches », Paris XIIIe, 2005, 294 p. (ISBN 2-7071-4612-9), « Psychologie de la passivité humaine », p. 174
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