- Demoiselles d'Avignon
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Les Demoiselles d'Avignon
Les Demoiselles d'Avignon est le dernier titre d'une peinture à l'huile sur toile, de très grand format (243,9 x 233,7 cm), réalisée à Paris par Pablo Picasso en 1907. Le tableau est considéré comme le point de départ du cubisme. L'œuvre "de laboratoire" a été acquise par le Musée d'art moderne (MOMA) de New-York en 1939.
Sommaire
Sujet et description du tableau
Sur une scène, devant un rideau de théâtre, cinq femmes, partiellement nues, occupent la totalité du tableau. Au premier plan et au milieu, il y a une coupe de fruits. Ces cinq femmes sont peintes dans un camaïeu incarnat qui contraste avec le bleu, le blanc et le marron du rideau que la femme de gauche ouvre avec sa main. Les femmes du centre fixent le spectateur de leurs yeux exorbitants. Si leur visage est dessiné de face, leur nez est dessiné de profil. La cinquième femme à droite est accroupie et nous tourne le dos. Le corps de ces femmes semble déformé, représenté à la fois de profil, de trois quarts, de face et de dos, avec des contours faits de segments de droites et d'angles vifs.
Dans ce tableau, Picasso "oublie" toutes les règles académiques : pas de sujet narratif, aucune perspective, absence de réalisme voire de naturalisme dans l'exécution des modèles.L’analyse des esquisses préparatoires montre qu’à l’origine figuraient, outre les cinq femmes, un marin et un étudiant en médecine tenant un crâne dans ses mains.
Historique
En 1900, Picasso, âgé de 19 ans, quitte Barcelone pour Paris, où l'Exposition internationale a sélectionné l'un des ses tableaux. En 1904, il s'installe au Bateau-Lavoir, un atelier situé à Montmartre. Commencé durant l'hiver 1906, le tableau est "achevé" (ou plutôt laissé à l'état d'"inachèvement voulu"), en juillet 1907. Titré à l'origine « Le Bordel d'Avignon », en souvenir de la "carrer d'Avinyo" (rue chaude de Barcelone), le tableau ne prend son nom définitif de « Demoiselles d'Avignon » qu'en juillet 1916 à l'occasion du Salon d'Antin organisé par André Salmon.[1]
Pour les spectateurs de l'époque, ce n'est pas le sujet qui les choque mais sa réalisation.Sur le conseil d'André Breton, le couturier et mécène Jacques Doucet achète le tableau le 12 décembre 1924. Dans une lettre, Breton fait part aussitôt de sa satisfaction pour cet achat (qu'il avait déjà conseillé en décembre 1921[2]) : « [C'est] l'événement capital du XXe siècle. Voilà le tableau qu'on promenait, comme autrefois la Vierge de Cimabue, à travers les rues de notre capitale, si le scepticisme ne l'emportait pas sur les grandes vertus particulières par lesquelles notre temps accepte d'être, malgré tout. Il me paraît impossible d'en parler autrement que d'une façon mystique. [...] c'est un symbole pur, comme le tableau chaldéen, une projection intense de cet idéal moderne que nous n'arrivons à saisir que par bribes... »[3]
Analyse et interprétations de l'œuvre
Henri Matisse, André Derain, Georges Braque et Guillaume Apollinaire qui découvrent le tableau, le perçoivent comme un acte de "terrorisme". Derain dira même au collectionneur et marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler : « Un jour, nous apprendrons que Picasso s'est pendu derrière sa grande toile »[4]. Le corps de ces prostituées perçu comme "mutilé" est à l'origine de cet effroi.
Picasso aurait voulu s’opposer à l’idéal esthétique d'Ingres ou Matisse en présentant une œuvre provocante, choquante et délibérément inachevée. Quoi qu'il en soit, comme le soulignent divers historiens de l'art[5], s'y croisent les influences du Cézanne des "Grandes Baigneuses" et de la statuaire africaine.
Pour Carsten-Peter Warncke et Ingo F. Walther, « Les Demoiselles d’Avignon » est comme le résultat d'une recherche "en laboratoire" qui a nécessité de très nombreux essais (une centaine d'esquisses répertoriées). Picasso y manifeste une intense recherche sur la nature de la pensée et de l’acte créateur.
En outre, ils y voient une interprétation mythologique, celle du Jugement de Pâris.
Ce tableau est conservé au Museum of Modern Art à New York (voir une reproduction de l'œuvre).
Bibliographie
- Dominique Dupuis-Labbé, Les Demoiselles d'Avignon, Bartillat, Paris, 2007 (ISBN 2841004010).
- Le petit ROBERT des noms propres, dictionnaire illustré. (les) Demoiselles d'Avignon
- Carsten-Peter Warncke et Ingo F. Walther, Picasso, Allemagne, Taschen, 1997, 740 pages
- Pierre Daix, La Vie de peintre de Pablo Picasso, Paris, éd. du Seuil, 1977, 413 pages
Filmographie
- « The Private Life of Masterpiece : Les Demoiselles d'Avignon », 3ème serie, 9ème épisode, 50 minutes, BBC Production, 2004.
- Erreur dans "Titanic". Dans le chef d'oeuvre de James Cameron les demoiselles d'Avignon sont sur le Titanic.
Notes
- ↑ Pierre Daix « La Vie quotidienne des surréalistes », Hachette, 1993, page 138
- ↑ Pierre Daix, op. cité, page 137
- ↑ Henri Béhar « André Breton, le grand indésirable », Fayard, 2005, page 191
- ↑ Roland Penrose « Picasso », 1962, Flammarion, collections Champs, Paris, 1962, page 160
- ↑ Edina Bernard, l'Art Moderne 1905-1945, Larousse, 1999, p.38
Lien externe
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