- Dalle En Béton De Chaux
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Dalle en béton de chaux
Une dalle en béton de chaux est une assise réalisée à base de chaux NHL 3,5 ou NHL 5, généralement à l'intérieur d'une maison pour constituer un sol homogène et résistant. Elle est habituellement recouverte d'une chape qui, sur une épaisseur moindre, a une constitution voisine, plus apte à recevoir le revêtement final.
Les dalles de ce type sont infiniment moins nombreuses que les équivalentes en ciment, celui-ci s'étant imposé et généralisé au cours du XXe siècle dans toutes les constructions et dans presque tous leurs éléments. Au début du XXIe siècle, cette technique n'est pas enseignée aux jeunes et les professionnels la mettant en œuvre sont extrêmement rares. De même, la fourniture d'un béton prêt à mettre en place n'est proposée par aucune société.
L'intérêt de recourir au béton de chaux est de constituer une base plus saine, particulièrement quant'à la gestion de l'humidité provenant du sol : alors que le ciment retient l'humidité, la chaux en se laissant traverser lentement, permet une évaporation régulière.
Une dalle en béton de chaux peut également s'employer en étage. Pour des raisons d'isolation phonique et de légèreté, le gravier peut être remplacé par des fibres : copeaux de bois, paille, cellulose, chanvre. Comme en rez-de-chaussée, la dalle est bien plus souple qu'en ciment, c'est-à-dire qu'à masse égale, elle s'adapte mieux aux variations de charge et aux déformations des murs.
Le principe de réalisation est aussi simple que celui d'une dalle en béton ordinaire, mais les bricoleurs doivent tenir compte de davantage de paramètres pour obtenir une dalle correcte, c'est-à-dire ayant la résistance de celle en ciment avec les avantages propres compte-tenu de son implantation. À signaler, qu'une dalle en mortier de chaux correcte n'a pas besoin d'être armée.
Un avantage de la chaux est d'autoriser une marge de manœuvre importante à divers stades (proportion, etc), mais un examen de chaque situation permet de concevoir une formule sensiblement plus appropriée tout en restant économique. En effet si à la base, un mélange correct de chaux et de sable suffit pour faire une dalle opérationnelle, un grand nombre de formules sont envisageables avec divers ingrédients en fonction de conditions particulières ou de besoins prioritaires, voire des matériaux disponibles (pouzzolane ou pierre ponce) [1] ; copeaux, paille de lin ; paille).
Quelle que soit la formule de mortier arrêtée, doit être respectée approximativement la proportion d'un tiers de chaux pour deux de granulat (sable + gravier/autre matériau).
Sommaire
Gestion de l'humidité
La principale raison d'être de ce type de dalle est de permettre une meilleure gestion de l'humidité que l'emploi du ciment qui est réputé pour la retenir ou pour obliger à la rejeter sur la base des murs. Ainsi, il serait tout-à-fait illogique d'utiliser un quelconque film plastique prévu pour empêcher comme dans le cas des dalles ciment la montée de l'humidité dans la dalle puisque c'est son office. De même, il n'y a aucune pertinence à laisser en place une dalle en ciment pour la couvrir d'une dalle en béton de chaux.
Donc, à moins d'être dans une région sèche, c'est l'importance de l'humidité qui est le premier paramètre à considérer pour arrêter la composition de la dalle appropriée :
- Si l'humidité est faible et sans pic saisonnier : un simple mélange chaux/sable est envisageable sans risque ;
- Si l'humidité est faible, mais irrégulière : l'ajout d'une charge en billes d'argile permet de renforcer l'absorption par la dalle ;
- Si l'humidité est assez élevée : les billes d'argile sont remplacées ou complètées par la réalisation d'un hérisson ;
- Si l'humidité est élevée : les billes et le hérisson sont complètés par des drains internes et/ou externes.
Dans les cas d'humidité prononcée, les fibres végétales qui sont souvent ajoutés pour des bénéfices divers (isolation, renforcement) seront évitées. Des tiges de bambous sont parfois utilisées pour renforcer au besoin la dalle ; la présence d'une humidité au sein de la dalle interdisant l'insertion de fers et autres métaux oxydables.
Sous réserve d'une humidité moyenne, il n'est pas toujours utile d'ôter un sol en terre battue s'il est en relativement bon état, ni de décaisser plus que nécessaire pour une dalle ordinaire (huit à douze centimètres d'épaisseur).
Conditions de formation de la dalle
La réalisation d'une dalle en chaux est globalement identique à celle d'une dalle en ciment, sauf qu'elle peut être réalisée en plusieurs fois, soit quelques mètres carrés à chaque fois, soit par couches successives (plus rares) [2]. Il n'y a pas de précautions particulières pour assurer la cohésion de ces éléments, même pour des délais de plusieurs jours ou semaines. Selon la composition, la consistance, l'épaisseur de mortier, etc, le lissage est précédé d'un damage et talochage. Le talochage fait remonter la laitance de chaux et forme une croûte qui lisse et renforce la surface de la dalle.
La carbonatation est très sensible aux conditions hygrométriques et de température, voir d'aération, puisqu'il faut se souvenir que la chaux ne se travaille pratiquement pas en dessous de 5°C. La durée requise pour la prise est donc variable et peu prévisible : on estime qu'un mois est nécessaire pour que la dalle admette des charges telles que des meubles, mais pour un usage intensif ou des pressions élevées, un délai de six mois est préférable. Il faut éviter qu'une dalle de quelques jours subisse un gel durable.
Toujours en tenant compte des paramètres, il est conseillé d'attendre trois jours avant la pose éventuelle d'une chape ; un délai supérieur étant sans inconvénient surtout si l'épaisseur est correcte.
Une bonne prise de la dalle doit être régulière, de préférence non précipitée par une chaleur ou un taux d'humidité bas ; on peut ainsi dans certains cas chercher à compenser ces facteurs par exemple en projetant un peu d'eau dans les premiers jours, ceux où la carbonatation est déjà la plus intense. Cette précaution peut éviter la formation de fissures, bien que celles-ci soit plus souvent dues à une proportion de chaux trop grande. On peut aussi, sans autre inconvénient qu'un léger ralentissement de la prise, recouvrir passagèrement la dalle d'une bâche.
À noter que l'emploi de billes d'argile ou d'un sable grossier peut imposer, en raison de la difficulté du lissage, la réalisation d'une chape ; carrelage ou plancher pouvant se poser sur une dalle bien nivelée et lissée.
Toutes les canalisations ou gaines peuvent être incluses dans la dalle, de même que la tuyauterie de chauffage par le sol à condition que le métal soit protégé du contact avec le mortier.
On peut choisir de vivre sur une dalle sans autre revêtement, au moins provisoirement. Dans ce cas, il est possible d'améliorer la finition et l'entretien en répandant du silicate de calcium, surtout si pour le mortier de la couche supérieure de la dalle on a pris soin d'utiliser du sable assez fin (0,2).
Réalisation du mortier
Calcul des volumes de matériaux
Bien sûr la surface de la pièce et l'épaisseur de dalle prévue fournissent par une simple multiplication le volume de mortier à prévoir : par exemple, une dalle de 10 centimètres dans une pièce de 10 m² demande un mètre cube de mortier. Cependant le volume des matériaux à prévoir est bien supérieur au volume final de la dalle, puisque les matériaux se combinent et s'intriquent : l'eau se combine à la chaux et ensembles, ils comblent les vides des granulats ; ainsi, l'expérience montre que trois volumes dans les proportions requises donnent une fois mis en œuvre environ deux volumes ou guère plus. De ceci découle, considérant que les granulats font eux-aussi les deux-tiers du mortier, que leur volume à prévoir est égal sensiblement au volume de mortier nécessaire (et non les deux-tiers) ou autrement dit, un m³ de sable, un m³ de gravier et un m³ de chaux donneront deux mètres-cubes de mortier.
L'emploi de billes d'argile en raison de l'humidité ou de fibres végétales pour l'isolation étant pour une bonne part une question d'appréciation ou d'expérience personnelle, leur proportion par rapport au sable supporte une variabilité non préjudiciable à la tenue de la dalle, pour peu que la proportion de liant soit - elle - suffisamment respectée (un tiers en volume).
La chaux étant commercialisée au poids, la connaissance de sa masse volumique, permet de calculer le nombre de sacs nécessaire : par exemple pour la dalle de dix m², le volume de 0,5 m³ de chaux nécessaire, correspondra à [ 0.5 x 0.63 (kg/L) x 1000 (L/m³)] = 315 kg, soit neuf sacs de 35 kg.
Mise en œuvre des matériaux
Un avantage de la chaux, non négligeable vu le volume habituellement mis en œuvre, est qu'elle se laisse travailler ou reprendre pendant plusieurs heures.
Le volume d'eau nécessaire varie en fonction des conditions météorologiques, de l'humidité du sable et enfin de la formule de mortier, en particulier la présence de fibres végétales (il faut éviter que celle-ci limite la prise à l'eau de la chaux en la privant du volume d'eau nécessaire). Des essais à la bétonnière permettent de déterminer le volume d'eau nécessaire pour une consistance moyenne du mortier, ni liquide ni ferme ; volume à ajuster précisément à chaque gachée.
Un schéma de remplissage de la bétonnière simple consiste à verser d'abord la majeure partie de l'eau, puis les fibres ou les billes d'argile ; attendre une bonne humidification ; ajouter la chaux, puis le sable ; compléter au besoin en ce qui concerne l'eau. Une autre façon de procéder donne l'ordre suivant : billes, chaux, eau, sable.
Selon la capacité de la bétonnière, on peut ainsi la charger de 4 seaux de billes d'argile ; 3 de chaux ; 2 de sable ; un seau d'eau.
Il faut veiller à prévenir le contact de la chaux et du mortier avec la peau, aux projections dans les yeux (rincer à l'eau abondamment) et l'inhalation de chaux lors de sa manutention (masque recommandé).
Voir aussi
Notes et références
Sources
- Forum Gros œuvre du principal magazine de bricolage français.
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