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Cycle de Tschaï
Cet article concerne le roman de Jack Vance. Pour la bande dessinée adaptée de ce roman, voir Le Cycle de Tschaï (bande dessinée).Le cycle de
TschaïLes romans Le Chasch Le Wankh Le Dirdir Le Pnume L'univers Personnages principaux Personnages secondaires Races aliens Population humaine Mythes Adaptations Bande dessinée Le Cycle de Tschaï (titre original Planet of Adventure) est un roman de science-fiction en quatre volumes, écrit par l'auteur américain Jack Vance entre 1968 et 1970. Le cycle se compose des quatre volumes suivants : Le Chasch, Le Wankh, Le Dirdir, Le Pnume.
Sommaire
Présentation du cycle
Situation dans l'œuvre
Écrit par Jack Vance entre 1968 et 1970, le Cycle de Tschaï fait de son auteur l'un des représentants majeurs d'un sous-genre caractéristique de la science-fiction : le planet opera. Si les quatre volumes du cycle n'ont jamais été distingués par de grands prix littéraires internationaux, Jack Vance recevra en revanche des récompenses pour l'ensemble de son œuvre[1]. L'apport majeur de l'auteur américain est à chercher dans le style épique et picaresque qu'il sait insuffler à ses récits et surtout dans la variété des races et des cultures extraterrestres toujours cohérentes qu'il invente. À ce titre, le Cycle de Tschaï est très représentatif du travail de l'auteur. Son influence se retrouvera plus tard chez des auteurs comme Robert Silverberg ou Ayerdhal.
Nouvelle édition critique
Une nouvelle publication en anglais de l'œuvre intégrale de Jack Vance est au cœur d'un grand projet éditorial, collaboratif et international, qui regroupe plus de 300 volontaires et s'intitule « The Vance Integral Edition » (abréviée « VIE »). Les éditeurs se sont basés sur les manuscrits originaux de l'auteur pour restituer aux différents volumes du Cycle de Tschaï certains de leurs titres originaux (« The Chasch » au lieu de « City of the Chasch ») et procéder à une révision critique des œuvres publiées.
Ce travail de réédition critique a révélé que les premiers éditeurs américains de Jack Vance étaient largement intervenus sur le texte original : modification de certaines fins, suppressions ou déplacements de paragraphes, simplification occasionnelle du lexique, réécriture complète de certaines sections, etc[2].
La version disponible en français restitue la première édition américaine, sans révision critique.
Genre
Cet article fait partie de la série Science-fiction La SF à l’écran autre-A-B-C-D-E-F-G H-I-J-K-L-M N-O-P-Q-R-S-T U-V-W-X-Y-Z Le monde de la SF Auteurs - BD de SF Fandom - Prix littéraires Thèmes et genres Catégorie Le Cycle de Tschaï utilise toutes les ressources littéraires du roman d'aventures et du planet opera, une combinaison explicite dans le titre anglais du cycle : « Planet of Adventure ». L'auteur retrace les nombreuses aventures épiques de son héros, Adam Reith, et ce faisant entraîne le lecteur dans l'exploration du monde étonnant de la planète Tschaï, avec ses populations étranges, sa faune surprenante et sa flore variée.
Le Cycle de Tschaï est un récit de science-fiction qui utilise des schémas narratifs typiques des romans de Fantasy avec son héros prêt à affronter tous les dangers pour aller au bout de sa mission, une quête principale difficile, des quêtes secondaires nombreuses, la formation progressive d'un petit groupe de compagnons de route et la longue traversée de territoires inconnus souvent hostiles. Le Cycle de Tschaï semble ainsi donner un exemple concret de la célèbre définition de l'auteur anglais Terry Pratchett : « La science-fiction, c'est de la Fantasy avec des boulons. »[3]
Si les genres s'entremêlent dans l'écriture du Cycle de Tschaï, la description du monde bariolé qu'abrite la planète Tschaï est elle aussi composite et Jack Vance mélange des éléments de science-fiction et de fantasy, superposant les archaïsmes et la haute technologie. Les protagonistes du roman, qu'ils soient humains ou aliens, manient aussi bien l'épée et la rapière que les armes à énergie, se déplacent sur des aéroglisseurs ou à dos de chevaux-sauteurs et se rencontrent dans des auberges mal famées ou à bord de fusées-paquebots. Au sein de cet apparent bric-à-brac narratif, l'apport majeur de Jack Vance est sans nul doute sa capacité à créer des races aliens ou humaines très spécifiques et foncièrement cohérentes, dotées de leurs propres coutumes, de leur propre passé et de leur propre mythologie.
De manière plus classique, l'histoire d'un homme, naufragé loin de sa patrie, condamné à subir de nombreuses épreuves et à mettre sa vie en danger avant de pouvoir regagner son foyer, fait immanquablement penser au prototype même du genre : Ulysse, héros de l'Odyssée d'Homère. L'Odyssée d'Adam Reith n'est plus placée sous le contrôle des dieux de l'Olympe, mais dépend de races supérieures aux facultés étranges. Comme « Ulysse aux mille tours », Adam Reith devra déployer des trésors d'ingéniosité pour venir à bout de sa quête.
Style
Le style de Jack Vance est fluide et enchaîne les péripéties à un rythme soutenu : une altercation ou une rixe se règlent en quelques lignes tandis qu'une grande bataille entre races excède rarement une page ou deux. Même à cette cadence infernale, l'imagination de Jack Vance n'est jamais en reste et nourrit un véritable feu d'artifice de situations toujours nouvelles. Cette succession de péripéties romanesques ne permet pas à l'auteur d'analyser en profondeur les situations et les personnages de son roman, mais l'oblige plutôt à brosser des portraits psychologiques par petites touches, juste suffisantes pour assurer au récit sa cohérence et donner à la description du monde de Tschaï toute son épaisseur.
Le moyen technique littéraire qu'utilise Jack Vance pour légitimer ce procédé est la focalisation interne qui lui permet de décrire le monde de Tschaï à travers les yeux de son héros, Adam Reith. Ainsi, les connaissances du lecteur sur le monde de Tschaï progressent exactement au même rythme que celles du héros - à quelques exceptions près qui se présentent souvent sous forme de notes explicatives en bas de page. Le déroulement de l'histoire est strictement linénaire et ne fait aucune place aux flash back ou aux anticipations narratives. Le héros de Jack Vance agit la plupart du temps en fonction de petites séquences simples et rapides du type « problème - réflexion - résolution », sans imbrications narratives complexes, ce qui confère à l'ensemble une très grande lisibilité.
Jack Vance n'invente pas une écriture nouvelle, comme Norman Spinrad ou John Brunner. Son style est simple, sans fioritures, mais efficace. Les phrases, souvent brèves et lapidaires, soulignent le rythme soutenu du récit. L'humour, omniprésent, tempère la relative rudesse du style.
Le monde de Tschaï
Article détaillé : Univers de Tschaï.Population de Tschaï
La population de Tschaï est divisée en deux : les races aliens d'une part et les humanoïdes d'autre part. Chaque race alien a pris à son service des humanoïdes qui, par mutations et manipulations génétiques, ont fini par plus ou moins lui ressembler. Leur moindre niveau de civilisation fait que les Hommes sont toujours considérés comme des « sous-hommes ». Adam Reith est persuadé que les Hommes ont été amenés de la planète Terre par les Dirdirs et que toutes les races humanoïdes de Tschaï descendent de ces premiers hommes.
Articles détaillés : Races aliens de Tschaï et Population humaine de Tschaï.Mythes et rituels
Les différentes races et populations humaines de Tschaï ont développé des mythes et des rituels étonnants.
Article détaillé : Mythes de Tschaï.Personnages principaux
Les personnages principaux du Cycle de Tschaï sont le héros, Adam Reith, et ses deux compagnons de route, Anacho, l'Homme-Dirdir, et Traz Onmale, l'Homme-Emblème.
Article détaillé : Personnages principaux de Tschaï.Personnages secondaires
Article détaillé : Personnages secondaires de Tschaï.Commentaires thématiques
Anti-roman de formation ?
Adam Reith est un héros sûr de ses opinions, qui reste ferme dans ses décisions et fidèles à ses idéaux humanistes du début à la fin du récit. Il arpente la surface et les souterrains de la planète Tschaï sans jamais déroger à ses principes, ni renoncer à son caractère libre et indépendant.
C'est justement parce qu'ils sont confrontés à cette forme exceptionnelle de constance et de droiture que les compagnons d'Adam Reith vont progressivement prendre du recul vis-à-vis de leurs propres convictions et de leurs propres cultures. Anacho, l'Homme-Dirdir, se met à douter du mythe ancestral de l'Œuf originel[4], Traz Onmale échappe peu à peu à l'emprise de sa cosmogonie Kruthe[5] et Zap 210, la femme-Pnumekin, découvre la vie à la surface de Tschaï et s'ouvre au désir érotique, malgré toutes les inhibitions de son peuple.
Ces prises de conscience progressives ont toutes un point commun : un arrachement violent et douloureux. Traz Onmale quitte sa tribu alors qu'il est condamné à mort par ses congénères, Anacho est en fuite pour avoir manqué de respect à la race des Dirdirs et Zap 210 accompagne Adam Reith sous la contrainte. Cet arrachement initial crée les conditions nécessaires à un renouveau de la conception que chacun des personnages a de son monde et de la planète Tschaï. Seule « Fleur de Cath », la jeune femme Yao, mourra de ne pas avoir su s'émanciper de ses propres traditions culturelles qui l'enferment dans une logique autodestructrice ritualisée.
Si le cycle de Tschaï reprend à son compte quelques traits caractéristiques du roman de formation (Bildungsroman)[6], ce n'est donc pas du point de vue de son héros, Adam Reith, mais plutôt de celui de ses trois compagnons de route qui vont peu à peu se libérer de leurs préjugés et de leurs mythes.
Emancipation et démystification
Adam Reith sème le trouble et instille le doute, car il remet brutalement en question les traditions, les mythes et les pratiques sociales et politiques des peuples et des races qu'il rencontre sur la planète Tschaï. Guidé par des idéaux humanistes qui prennent philosophiquement racine au siècle des Lumières, il lutte avec acharnement contre l'asservissement des Hommes par des races dites supérieures. Tout au long de son périple, il apporte aux humanoïdes qui croisent son chemin les moyens d'accéder à la liberté, parfois même contre leur gré :
- il délivre les Hommes-Chaschs du joug des Chaschs, aussi bien en livrant physiquement bataille aux Aliens qu'en dénonçant l'imposture du mythe de la naissance des Chaschs[7] ;
- il incite les habitants de la ville marchande de Pera à prendre en main leur propre destinée après les avoir débarrassés de la tyrannie de voleurs scélérats ;
- il rompt le pacte tacite qui unit la race des Wankhs aux Hommes-Wankhs en protégeant la race alien des abus de pouvoir des humanoïdes qu'ils s'étaient associés ;
- il sauve tous les Pnumekins de leur ténébreux esclavage en passant un accord avec les Pnumes.
Adam Reith joue donc un rôle de révélateur dans un monde aux nombreuses mystifications, ancrées sous forme de mythes fondateurs dans l'esprit de la population humaine. Jack Vance dénonce ainsi, par l'intermédiaire de son héros, l'emprise néfaste que peuvent avoir les superstitions et autres croyances religieuses sur les esprits des Hommes.
Rencontres du troisième type
Si Adam Reith croise sur Tschaï quatre races non humaines et de nombreuses communautés humanoïdes, ses relations avec les autres habitants de la planète sont souvent brutales et distantes. Toutes ses rencontres avec les races de Tschaï sont immanquablement placées sous le signe de la méfiance, du rapport de force, de l'adversité, du défi, de l'agressivité ou de la franche animosité. Adam Reith ne met jamais en place de relations positives et constructives avec les races aliens du monde de Tschaï ce qui suscite l'étrange impression que toute communication inter-races est fondamentalement impossible.
La démarche émancipatrice du héros vis-à-vis de ses congénères le met continuellement en situation de devoir livrer un combat sans merci aux races qui asservissent, c'est pourquoi Adam Reith ne négocie jamais : il menace ou pose des ultimatums. Adam Reith semble parfois s'intéresser aux traditions et coutumes des races aliens de Tschaï, mais c'est par simple curiosité ou bien pour les utiliser à son avantage quand l'occasion se présente, ce n'est jamais dans l'idée de faire un pas vers l'Autre, tant il est persuadé de la supériorité des valeurs de sa propre race.
Images de la femme
Jack Vance propose à son lecteur des portraits de femmes hauts en couleurs :
- la belle « Fleur de Cath » (ou « Ylin-Ylan »), d'humeur changeante, totalement soumise aux traditions inquiétantes de son peuple, nostalgique d'une civilisation à la fois superficielle et décadente, devient finalement hystérique, sombre dans une sorte de folie meurtrière et poignarde tout un équipage ;
- les prêtresses du Mystère Féminin exècrent la beauté, haïssent les hommes et enlèvent des jeunes filles pour les offrir en sacrifice à la libido barbare d'un monstre poilu. Elles nient leur propre féminité en se coupant les seins, martyrisent les hommes en leur brûlant les fesses et entrent dans une transe lascive lors de la profanation de la victime par le monstre ;
- Zap 210, la femme-Pnumekin qu'Adam Reith rencontre dans les galeries souterraines des Pnumes - et qui deviendra par la suite sa compagne - n'échappe pas à une description pour le moins sévère de la part du héros lui-même : « Sa physionomie était morne et son teint pâle, ses traits si réguliers qu'ils n'avaient aucune personnalité. Ses cheveux noirs, courts et emmêlés, collaient à son crâne comme une calotte. Elle paraissait anémique et neurasthénique, à la fois humaine et inhumaine, féminine et en même temps asexuée. » ou bien « Il se rappelait le jour où il l'avait rencontrée pour la première fois. C'était alors une épave neurasthénique engoncée dans une houppelande noire qui l'enveloppait comme un linceul, une malheureuse créature blême et fragile. » [8]
Le lecteur peut également se faire une idée claire de l'opinion du héros Adam Reith à propos des femmes en lisant cette sentence catégorique : « Elle était femme et fondamentalement irrationnelle, mais cette réalité élémentaire n'expliquait pas toute sa conduite. »[9]
Contexte historique
Écrit entre 1968 et 1970, le Cycle de Tschaï subit nettement l'influence des trois thèmes majeurs qui caractérisent cette période de l'Histoire :
- l'émancipation de la jeune génération ;
- la libération des mœurs ;
- la guerre froide.
Ces trois thèmes apparaissent dans le roman, soit comme des thèmes principaux, soit simplement en filigrane. Ainsi, le thème de l'émancipation politique et de l'autonomie de la raison - qui rejette de manière critique le lourd fardeau des croyances et traditions ancestrales - est l'un des thèmes majeurs de l'œuvre, incarné par le héros, Adam Reith.
La sexualité et la découverte du corps sont également abordées, mais de manière plus diffuse, à l'occasion de rencontres avec divers personnages ou tribus du roman : par exemple, le rite sexuel des Khors, le rituel sado-masochiste des prêtresses du Mystère féminin ou la découverte du corps et de ses désirs érotiques par la jeune femme Pnumekin, Zap 210.
Quant au thème de la guerre froide, il est simplement suggéré dans l'équilibre de la terreur qui s'est peu à peu établi entre les trois races aliens de Tschaï. A l'instar des États-Unis d'Amérique et de l'Union soviétique, les Chaschs, les Wankhs et les Dirdirs ont les moyens de s'anéantir mutuellement.
Classique de la science-fiction
Ce cycle est considéré comme un grand classique de la science-fiction dans les ouvrages de références suivants[10] :
- Annick Beguin, Les 100 principaux titres de la science-fiction, Cosmos 2000, 1981 ;
- Jacques Sadoul, Anthologie de la littérature de science-fiction, Ramsay, 1981 ;
- Enquête du Fanzine Carnage mondain auprès de ses lecteurs, 1989 ;
- Lorris Murail, Les Maîtres de la science-fiction, Bordas, coll. « Compacts », 1993 ;
- Stan Barets, Le science-fictionnaire, Denoël, coll. « Présence du futur », 1994.
Éditions françaises
Volumes séparés
- Jack Vance, Le Chasch, traduit par Michel Deutsch, Éditions Opta, coll. CLA (1971) et J'ai lu S-F, (1977) ;
- Jack Vance, Le Wankh, traduit par Michel Deutsch, Éditions Opta, coll. CLA (1971) et J'ai lu S-F, (1977) ;
- Jack Vance, Le Dirdir, traduit par Michel Deutsch, Éditions Opta, coll. CLA (1971) et J'ai lu S-F, (1977) ;
- Jack Vance, Le Pnume, traduit par Michel Deutsch, Éditions Opta, coll. CLA (1971) et J'ai lu S-F, (1977).
Édition en un volume
- Jack Vance, Le Cycle de Tschaï, traduit par Michel Deutsch, Éditions Opta, coll. J'ai lu S-F, paru en 2001.
[Traduction française inégale]
Adaptations
Le Cycle de Tschaï a été adapté en bande dessinée par Jean-David Morvan et Li-An.
Article détaillé : Le Cycle de Tschaï (bande dessinée).Liens externes
- Une présentation rapide de l'auteur et du cycle sur : Le Cafard Cosmique
- Un bref résumé de chaque volume et une critique de deux lecteurs sur : Site perso
- Un bref résumé de chaque volume et une critique de lectrice sur : Club des Rats de biblio-net
- (en) Site officiel anglophone de la « Vance Integral Edition » : Vance Integral
- (en) Page très complète à propos de Jack Vance disponible sur Wikipedia anglais : Jack Vance
Notes et références
- ↑ Voir la page « Jack Vance » sur wikipedia-en
- ↑ Voir à ce sujet le site du projet vanceintegral.
- ↑ Voir l'article Science-fiction de Wikipédia.
- ↑ Mythe qui fait naître les Dirdirs et les Hommes-Dirdirs à partir du même œuf originel.
- ↑ Voir la page dédiée aux Mythes de Tschaï.
- ↑ Le roman de formation expose, classiquement, le cheminement intérieur et l'évolution personnelle du personnage principal.
- ↑ Voir la page Mythes de Tschaï.
- ↑ Voir Le Pnume.
- ↑ Voir Le Pnume.
- ↑ Pour consulter les listes complètes, voir le site Top des Tops.
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