- Cybèle
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Cybèle (en grec ancien Κυβέλη / Kybélê signifiant "gardienne des savoirs") est une divinité d'origine phrygienne (connue également sous le nom d’Agdistis en Phrygie), importée en Grèce et à Rome, personnifiant la nature sauvage. Elle est présentée comme « Magna Mater », Grande Déesse, Déesse Mère ou encore Mère des dieux. Cybèle est sans doute l'une des plus grandes déesses de l'Antiquité au Proche-Orient.
Elle est aussi vénérée sous le nom d’Idæa mater (« mère de l'Ida ») à Rome.
Dans la mythologie grecque, on la surnomme également Damia.
Sommaire
Mythe
Cybèle
On retrouve Cybèle dans des mythes contradictoires.
Déesse phrygienne et dans la tradition lydienne, Cybèle est issue du père des Dieux, mais est abandonnée à la naissance et recueillie par un léopard ou un lion. Celui-ci éveillera la déesse aux mystères qui lui permettront de rédiger ses récits sibyllins. Elle dispose des clés de la terre donnant accès à toutes les richesses et son trône est gardé par deux fauves du nom d'Atalante et d'Hippomène, héros grecs punis pour avoir copulé dans son temple.
Selon la mythologie grecque, elle initie Dionysos à ses mystères. Les Romains l'adoptèrent à leur tour, en l'assimilant notamment à Cérès; ils organisaient en son honneur, au printemps, des jeux qui furent très populaires sous l'Empire.Cèrés est sa fille.
Cybèle était honorée dans l'ensemble du monde antique. Le centre de son culte se trouvait sur le mont Dindymon, à Pessinonte, où le bétyle (la pierre) qui la représentait serait tombé du ciel. Principalement associée à la fertilité, elle incarnait aussi la nature sauvage, symbolisée par les lions qui l'accompagnent. On disait qu'elle pouvait guérir des maladies (et les envoyer) et qu'elle protégeait son peuple pendant la guerre. Elle était connue en Grèce dès le Ve siècle av. J.‑C. et se confondit bientôt avec la mère des dieux (Rhéa) et Déméter.
En 204 av. J.-C., au plus fort de la seconde Guerre punique, les Romains, obéissant à une prophétie des Livres Sibyllins, et à un oracle de Delphes, envoyèrent des ambassadeurs à Pessinonte: ils étaient chargés d'une mission délicate, rapporter à Rome la pierre sacrée. Elle fut escortée pendant le voyage de retour par cinq quinquérèmes et miraculeusement accueillie par la vestale Claudia Quinta[1]. Dans un premier temps, elle est placée dans le temple de la Victoire situé au sud-ouest de la colline du Palatin à l'intérieur du Pomœrium, en attendant l'achèvement de son propre temple dédié le 9 avril 191 av. J.-C.[2] Le culte fit l'objet d'une surveillance étroite jusqu'à la fin de l'époque républicaine, et les citoyens romains n'avaient pas le droit de participer au sacerdoce et aux rites (encore qu'ils puissent participer à la fête de la déesse, les Megalesia); la statue demeurait dans le temple et ses services étaient assurés par des prêtres orientaux (les Galles), bien que les processions des prêtres fussent autorisées, les restrictions furent levées par l'empereur Claude.
On a établi un rapport étroit entre l’Artémis vénérée à Éphèse et les grandes déesses d’autres peuples : on pense d’ailleurs qu’elles ont une origine commune. Un dictionnaire biblique déclare ce qui suit : “ Artémis présente de si étroites analogies avec Cybèle la déesse phrygienne, et avec d’autres représentations féminines de la puissance divine dans les pays d’Asie, telles que Ma de Cappadoce, Astarté ou Ashtaroth de Phénicie, Atargatis et Mylitta de Syrie, qu’on peut penser que toutes ces divinités ne sont que les variantes d’un seul et même concept religieux, qui présente quelques différences selon les pays, différences qui s’expliquent du fait que ce concept a évolué en fonction des circonstances locales et de la mentalité du pays. ” — A Dictionary of the Bible, par J. Hastings, 1904, vol. I, p. 605.
Cybèle et Attis
Dans la mythologie grecque, Attis fut le jeune époux de la déesse phrygienne Cybèle. La version phrygienne de la légende raconte qu'Attis était le fils de Nana, fille du dieu fleuve Sangarios (un fleuve d'Asie Mineure). Elle le conçut après avoir cueilli la fleur d'amandier jaillie des organes mâles coupés d'Agdistis/Cybèle, qui, née à la fois mâle et femelle, avait été castrée par les dieux. Quand Attis souhaita se marier, Cybèle, qui l'aimait et en était jalouse, le rendit fou si bien qu'il se castra lui-même et se tua. Cette légende offre de nombreuses variantes qui visent à expliquer notamment que les prêtres de Cybèle, les Galles, sont des eunuques (ils pratiquaient des rituels d'auto-castration, tous les 24 mars, à l'occasion des sanguinaria). Attis n'apparaît que rarement en Grèce mais, associé à Cybèle, il est une divinité acceptée à Rome sous l'empereur Claude et constitua l'un des plus importants cultes à mystères de l'Empire romain.
Une version phrygienne rapporte que Cybèle enfant sera abandonnée sur une montagne et élevée par des lions ou des léopards. Elle créera des danses et livrera des cymbales à ses serviteurs, les Corybantes, pour célébrer ses rites. Disposant du don de guérison universel, Cybèle protège les enfants et les animaux sauvages. La déesse tombera amoureuse d'Attis qui finira par la tromper avec la nymphe Sagaritis. Cybèle le rendra fou au point qu'Attis s'émasculera.
Bibliographie
Citation
Dans "Astérix chez Rahazade", le barde Assurancetourix entonne un air dont les paroles sont "Ah, je ris de revoir Cybèle en ce miroir", parodie du grand air des bijoux de Faust, rendu célèbre par un autre personnage de bande dessinée : la Castafiore.
Textes
- M. J. Vermaseren, Corpus Cultus Cybelae Attidique, Leyde, coll. "Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire romain", t. III 1977, t. VII 1977, t. IV 1978, t. II 1982, t. V 1986.
- Hérodien, Histoire romaine. Depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avènement de Gordien III, I [1]
Études
- Ph. Borgeaud, La Mère des dieux. De Cybèle à la Vierge Marie, Le Seuil, 1996.
- H. Graillot, Le culte de Cybèle, Mère des dieux, Paris, 1912.
- (en) Lynn E. Roller, In Search of God the Mother: the cult of Anatolian Cybele, University of California Press, 1999 (ISBN 0520210247).
- (en) R. Turcan, Cybele and Attis. The Myth and the Cult, Londres, 1977.
Notes
- Aurelius Victor, De viris illustribus, 46.
- http://www.unicaen.fr/services/cireve/rome/pdr_maquette.php?fichier=visite_temple_magna_mater
Voir aussi
Articles connexes
- Culte à mystères
- Taurobole
- Musée Eugène Camoreyt de Lectoure (Gers)
- Autel taurobolique de Lugdunum, de 160 ap. J.-C.
- Sanctuaire d’Isis et de Mater Magna
Liens externes
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