- Curé d’Uruffe
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Affaire du Curé d'Uruffe
L'Affaire du Curé d'Uruffe est un fait divers français qui défraya la chronique dans les années 1950. Il concerne le crime commis par le prêtre catholique Guy Desnoyers.
Sommaire
Guy Desnoyers
Il est né le 24 février 1920 à Haplemont, un hameau du Saintois en Meurthe-et-Moselle. Issu d'une famille paysanne assez aisée et très pieuse, il est promis très jeune à la prêtrise par sa grand-mère maternelle qui était une personnalité dominante dans la famille. Il part au petit puis au grand séminaire à Bosserville et Villers-lès-Nancy. On le décrit comme un "bon gosse" mais ses pairs émettent des doutes sur sa vocation.
Pendant la deuxième guerre mondiale il est réquisitionné pour travailler dans une usine de Neuves-Maisons sous la direction des allemands, mais il aide également des prisonniers évadés chez son oncle à Harol dans les Vosges. A la libération il prétendra même avoir tué un factionnaire allemand sans pouvoir en apporter la preuve.
La guerre terminée il est ordonné prêtre en 1946 et est affecté à Blâmont comme vicaire. Son supérieur, l'abbé Klein, constate que sa nouvelle recrue préfère jouer au basket que la lecture théologique. Dès cette première nomination, il a une première liaison avec une femme qui sera la cause d'une mutation autoritaire de ses supérieurs à Réhon, dans le nord de la Meurthe-et-Moselle. On lui prêtera alors d'autres aventures féminines, notamment avec une veuve fortunée.
En juillet 1950, il est nommé curé de la paroisse d'Uruffe (392 âmes). Prêtre actif et plutôt apprécié de ses paroissiens, il s'illustre notamment en montant avec les jeunes garçons du coin une équipe de football. Les anciens du village trouvent ce prêtre assez singulier, mais les jeunes aiment cette personnalité "moderne" pour l'époque qu'ils trouvent accessible. Mais parallèlement, Guy Desnoyers a des relations avec plusieurs femmes de la région. En décembre 1953, Guy Desnoyers conçoit un enfant avec une adolescente âgée de quinze ans, Michèle L. . Suite aux rumeurs qui courent dans le village, il persuade Michèle d'accoucher clandestinement dans l'Ain et d'abandonner son enfant du pêché. L'évêque de Nancy, Marc-Armand Lallier, qui prend connaissance de ces faits, décide de rendre visite à son curé. Celui-ci se jette à ses genoux et demande à son évêque de croire en son innocence. L'entrevue a ébranlé Monseigneur Lallier mais il renouvelle néanmoins sa confiance au prêtre. Les mois se succèdent alors avec des absences répétés du curé qui inquiètent ses paroissiens. Guy Desnoyers évoquera plus tard des périodes "de tourments et d'angoisse".
Le drame
En 1956, il a une relation avec Régine Fays, jeune fille d'Uruffe, âgée de 19 ans, qui travaille comme ouvrière à la verrerie de Vannes-le-Châtel. Elle est séduite au cours d'une activité théâtrale qu'il avait créée, et tombe enceinte comme Michèle en 1953. Desnoyers persuade le père de Régine que l'amant de Régine est un jeune homme du cru, parti pour la Guerre d'Algérie. Peu de monde croit en son histoire et il est contraint de protester publiquement devant ses paroissiens en dénonçant une calomnie. Régine promet de garder le secret de la paternité de l'enfant mais refuse d'accoucher clandestinement, d'abandonner son enfant ou d'avorter.
Le 3 décembre 1956, peu avant la date prévue pour l'accouchement, Guy Desnoyers prend peur et entraîne Régine sur la petite route déserte de Pagny-la-Blanche-Côte. A deux reprises il lui propose de lui donner l'absolution, mais étonnée elle refuse et s'éloigne à pied. Guy Desnoyers reste derrière elle avec un revolver 6,35 à la main. Il tire alors à trois reprises sur sa maîtresse dans la nuit noire. Après l'avoir tué, il l'éventre pour pratiquer une césarienne et sortir l'enfant, de sexe féminin, qu’elle portait. Après avoir baptisé, puis tué le bébé, le curé lui taillade le visage afin de se prémunir contre une éventuelle ressemblance. Il pousse ensuite la mère et son enfant dans un fossé.
Il organise dès le lendemain les recherches pour retrouver Régine mais, le 5 décembre, il finit par avouer son crime.
Le procès et la condamnation
A l'époque, toute la France est horrifiée par ce crime odieux. Deux ans après les faits, Guy Desnoyers a quitté le sacerdoce et est jugé par la Cour d'assises de Nancy. La foule massée au palais de justice réclame la peine de mort. Le 26 janvier 1958, il y échappe et est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il obtient une liberté conditionnelle en août 1978, après vingt-deux ans de détention.
Il se retire ensuite dans un monastère en Bretagne. Guy Desnoyers qui s'était remarié est aujourd'hui décédé[1].
Bibliographie
- Marcel Jouhandeau, Trois crimes rituels, Gallimard, 1962
- Jean-François Colosimo, Le Jour de la colère de Dieu, Jean-Claude Lattès, 2000
- Jean-Pierre Bigeault, Le double crime de l'abbé Desnoyers, curé d'Uruffe", L'Harmattan, 2008
Filmographie
- Le Prince de ce monde, de Manuel Gomez avec Laurent Lucas, Lio, Charlotte Vandriessche
- Marie et le Curé, de Diourka Medveczky (dit le Christ)
Lien externe
- Article en ligne consacré à l'affaire
- Le Curé d'Uruffe et la Raison d'Eglise par Claude Lanzmann (l'article initial de Claude Lanzmann se trouve, en format pdf, à cette adresse)
Notes et références
Catégorie : Affaire criminelle française
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