- Critère de Nagumo
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Dans le cadre des équations différentielles, le critère de Nagumo est un critère plus faible que le théorème de Cauchy-Lipschitz donnant, tout comme le théorème de Cauchy-Lipschitz, une condition suffisante pour garantir l'existence et l'unicité d'une solution à un problème de Cauchy.
Sommaire
Enoncé
Soient un ouvert et un champ de vecteurs continu . Si f vérifie la condition
dans un cylindre centré en (t0,u0), alors le problème de Cauchy
possède une solution unique.
Remarque : on appelle cylindre (fermé) de centre (t0,u0) de demi-axe et de rayon , l'ensemble
où désigne la norme euclidienne.
Existence d'une solution
Le résultat suivant ne tient pas uniquement pour le critère de Nagumo mais, de manière générale, il s'agit d'un critère d'existence sans condition de Lipschitz.
Existence sans condition de Lipschitz — Soient un ouvert et un champ de vecteurs continu . Pour toute donnée de Cauchy (t0,u0), il existe un intervalle fermé I centré en t0 et une solution du problème de Cauchy .
DémonstrationOn considère le cylindre centré en (t0,u0) de demi-axe et de rayon r tels que :
- où
et on montre qu'une solution existe dans l'intervalle .
Soit pour chaque entier l'application définie par :
La suite (uk)k est bornée et équicontinue. Pour montrer qu'elle est bornée, il suffit de voir que le graphe de chaque uk est contenu dans S si bien que la suite est bornée. Pour vérifier l'équicontinuité, on observe que si , on a :
par définition du cylindre.
Comme (uk)k est une partie bornée et équicontinue dans l'espace normé des fonctions continues[Note 1], on peut appliquer le théorème d'Ascoli-Arzèla pour en extraire une sous-suite uniformément convergente sur I. Notons (um)m cette sous-suite et u sa limite. Pour et m suffisamment grand, on a :
avec
en passant à la limite, on a donc :
et
donc
par conséquent, u est une fonction de classe solution du problème de Cauchy.
Démonstration de l'unicité de la solution
Supposons que le problème de Cauchy possède deux solutions u(t) et v(t) passant par (t0,u0). Par définition d'une solution au problème de Cauchy, on a :
- ainsi que .
En soustrayant les deux expressions et en passant à la norme, on a :
la deuxième inégalité est issue de la condition du critère de Nagumo qui est satisfaite tant que les graphes de u et de v sont dans S. Remarquons que, dans le dernier terme, l'intégrande est singulier en s = t0. Cependant, en appliquant la règle de l'Hôpital sur chaque composante du vecteur u(s) − v(s), on obtient :
où l'on a utilisé le fait que u et v sont des solutions du problème de Cauchy ; l'intégrande est donc bornée sur le domaine d'intégration.
Supposons que dans le cylindre S, il existe alors t1 > t0 tel que sur [t0,t1], les graphes de u et de v soient dans S et la fonction u(t) − v(t) ne soit pas identiquement nulle. Par continuité, il existe tel que :
en utilisant l'inégalité , on a donc :
la dernière inégalité se déduit du fait que l'intégrande est nulle en t0 et donc strictement inférieure à M dans un voisinage de t0. L'intégrale est donc strictement inférieure à M(t2 − t0) d'où le résultat.
On aboutit donc à une contradiction ce qui achève la démonstration.
Exemple
Soit le champ de vecteurs défini par
et soit le problème de Cauchy
le champ de vecteur n'est pas Lipschitzien en u au voisinage de l'origine, en effet, on observe que n'est pas Lipschitzien à l'origine puisque
Cependant, pour tout , nous déduisons du théorème des accroissements finis qu'il existe c entre t2 + | u | et t2 + | v | tel que
par conséquent, f satisfait le critère de Nagumo dans tout cylindre centré à l'origine puisque
pour tout et pour tout . On conclut donc que le problème de Cauchy possède une et une seule solution.
Notes
- I dans muni de la norme infinie soit :
Références
- Denis BONHEURE, Equations Différentielles Ordinaires, notes de cours de l'Université Catholique de Louvain.
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