- Accident de Beryl
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Accident de Béryl
L'accident de Béryl (du nom de code de l'essai) est un accident nucléaire qui s'est produit le 1er mai 1962 lorsque la France réalisait son second essai nucléaire souterrain dans le Sahara algérien, pour mettre au point sa bombe atomique.
Sommaire
Localisation
Le site choisi pour le test était In Ecker (Sahara algérien), à environ 150 km au nord de Tamanghasset. La montagne Taourirt Tan Afella, l'un des massifs granitiques du Hoggar (sud de l'Algérie), après avoir fait l'objet de sondages géotechniques (faussement présentés comme étant une prospection minière d'or et d'uranium) est retenue comme site de tir. Le site est aménagé à partir du 1961 (aérodrome construit au nord-est d'In Amguel et base vie entre le village targui de In-Amguel et le puits de In-Eker dont le bordj était alors contrôlé et occupé par les gendarmes). Une base dite DAM Oasis 1 puis Oasis 2 est alors construite de manière à ne pas être visible de la route à quelques kilomètres à l'Est du Tan Afella[1].
Description de l'accident
La France ayant dû abandonner les essais aériens et les remplacer par des essais souterrains moins polluants, elle a opté pour des essais souterrains en zone marine (atolls) ou désertique.
Les tirs sahariens étaient ici réalisés « en galeries », celles-ci étant creusées horizontalement dans le Tan Afella sur le site dit d'In-Ecker.Ce type de galeries de tir était creusé de manière à se terminer en colimaçon. Cette forme de tunnel d'une part fragilise fortement le sol à cet endroit, et d'autre part freine en ce point l'expulsion des gaz, des poussières et des laves produits par la vitrification du sol. Selon les calculs des ingénieurs, en raison de ces deux facteurs, la galerie devait en ce point s'effondrer et se colmater. Elle était de plus refermée par un bouchon de béton. Ces mesures étaient réputées permettre le meilleur confinement possible de la radioactivité, ce qui avait justifié qu'on ait invité de nombreux "officiels" à assister au tir.
Mais le 1er mai 1962, lors de ce deuxième essai souterrain, le colimaçon semble ne pas s'être effondré assez tôt et le bouchon a été pulvérisé, laissant s'échapper un nuage radioactif de gaz et de particules hors de la galerie de tir. Une fraction de la radioactivité a été expulsée avec les gaz, laves et scories projetées. Les laves se sont solidifiées sur le carreau de la galerie, mais les aérosols et produits gazeux ont formé un nuage qui a culminé à près de 2600 m d'altitude, à l'origine d'une radioactivité détectable jusqu'à quelques centaines de kilomètres. Selon le témoignage de Pierre Messmer, quelques secondes après le tremblement du sol provoqué par l'explosion, les spectateurs ont vu « une espèce de gigantesque flamme de lampe à souder qui partait exactement à l'horizontale dans notre direction [...] Cette gigantesque flamme s'est éteinte assez rapidement et a été suivie par la sortie d'un nuage, au début de couleur ocre, puis qui est rapidement devenu noir »[2]
Le nuage radioactif était poussé par le vent vers l'est, avec dans cette direction, une contamination atmosphérique significative mesurée jusqu'à environ 150 kilomètres .
Un certain nombre de personnalités, dont deux ministres (Pierre Messmer, ministre des Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique) assistaient aux essais, ainsi que plusieurs militaires (au total une centaine de personnes). G. Palewski mourra d'une leucémie 22 ans plus tard, persuadé selon P. Messmer[3] que ce cancer a été causé par l'accident. P. Messmer est également mort d'un cancer, mais à un âge plus avancé, sans qu'il soit possible de lier ce cancer à cet accident.
Selon les compte-rendus officiels disponibles, la plupart des spectateurs n'ont reçu qu'une irradiation externe, car ils étaient munis de masques qu'ils ont rapidement utilisés[4].Le nombre des Algériens contaminés reste inconnu à ce jour, et la contamination éventuelle de la chaine alimentaire suite à des réenvols et/ou concentration locales de radionucléides ne semble pas avoir fait l'objet d'études.
Localisation du site:
Cinéma
Le documentaire Gerboise bleue, réalisé par Djamel Ouahad et sorti en 2009, évoque largement cet accident, avec en particulier le témoignage poignant d'un rescapé.
Le téléfilm Vive la bombe !, réalisé par Jean-Pierre Sinapi en 2006, relate cet événement vécu par des militaires irradiés lors de cet incident. Il a été diffusé sur Arte le 16 mars 2007 puis sur France 2 le 28 avril 2009.
Voir aussi
Articles connexes
- Essais nucléaires français
- Liste des accidents nucléaires
- Téléfilm Vive la bombe ! de Jean-Pierre Sinapi (+ Daniel Tonachella et Quentin Raspail) (France 2006)
- Rapport de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (rapport officiel)
- Archives radiophoniques: "Les Irradiés de la république", un documentaire diffusé sur la chaîne "France Inter" dans l'émission "Nous Autres" du vendredi 25 janvier 2008 [1]
Liens externes
- Un témoignage (La Gazette nucléaire n° 67-68)
- Essais nucléaires, les irradiés d'In-Ekker de Benoît Hopquin pour Le Monde 2, 19 juin 2009
- Une photo du nuage et photos de la montagne site après l'explosion.
- Rapport du Sénat sur les essais nucléaires français et les accidents
- Une autre photo sur ce site Les effets des explosions nucléaires
Notes et références
- ↑ Témoignage et photos relatifs à la Station météo de In Eker
- ↑ Article citant le témoignage de P.Messmer (extrait du compte rendu d'une réunion du Groupe d'Études français d'Histoire de l'Armement nucléaire) quant à l'accident de Béryl. L'article est intitulé « Quand un essai souterrain tourne mal... Messmer : «Nous avons été fortement irradiés » (1995 08 31). Pour en savoir plus, voir «Expériences nucléaires françaises»; IHRIC-GREPHAN, 1993.
- ↑ la partie de cette page citant l'interview de P. Messmer (du 5 décembre 1995)
- ↑ Compte rendu fait au Sénat, relatant au paragraphe 5.1 "L'accident Béryl (1er mai 1962)"
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