- Controle social
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Contrôle social
Le contrôle social désigne l'ensemble des mécanismes sociaux de régulation des comportements d'individus et des groupes d'individus les rendant conformes aux normes et valeurs établies. Le terme vient de la sociologie américaine, et n'a pas de caractère péjoratif en anglais.
Les mécanismes sociaux par lesquels le contrôle social s'effectue, sont qualifiés d'informels lorsqu'ils relèvent de normes et conventions sociales, et de formels lorsqu'ils relèvent de règles et de normes juridiques. Ils sont définis comme externes quand ils désignent les différents types de contraintes ou d'incitations que la société exerce sur les individus et d'internes quand ils sont intériorisés voire incorporés par les individus eux-mêmes.
Le contrôle social formel procède de l'activité d'agents et d'institutions spécifiques (justice, police, église, armée, ordres professionnels, entreprises). Il se manifeste par l'application de sanctions négatives ou positives allant, dans le premier cas, de la sanction morale à la sanction juridique ou de l'attribution de médailles à la canonisation dans le second.
Le contrôle social informel procède du contact continue entre individus et groupes d'individus. Il s'exerce au quotidien sous la forme de normes sociales. Il se manifeste par l'application de sanctions positives exprimant l'approbation (sourire, récompenses) ou négatives exprimant la réprobation (mise à l'écart, punitions).
La conformité aux normes et valeurs sociales favorise l'ordre social, c'est à dire la disposition des individus et des groupes les uns par rapport aux autres, leur rang et la place qui leur convient. La conformité renforce la cohésion sociale.
Sommaire
Typologie
Le contrôle formel est obtenu par des lois et des règlements, édictés par des gouvernements ou des organismes, qui utilisent les mécanismes de la justice pour infliger des sanctions pénales: des amendes ou des peines de prisons.
Le contrôle informel est exercé par la société, sans explicitement décrire ces règles. Elles sont mises en pratique par les normes sociales, comme le regard des autres, la critique, les sentiments de culpabilité ou de honte. Le contrôle social informel a plus d'influence sur les comportements, car il est assimilé profondément dans la personnalité de chaque individu.
Les sociétés traditionnelles utilisent surtout le contrôle social informel, à travers leur culture propre, et les habitudes sociales de leurs membres qui établissent un ordre social. Les sociétés plus rigidement structurées ont mis en place un système où le contrôle formel a une place importante. La religion a souvent un rôle dans ce contrôle social, dont l'exemple le plus connu est l'Inquisition catholique.
Dans les sociétés démocratiques, les buts et les mécanismes du contrôle social sont déterminés par la législation, votés par des gouvernements élus, et cette législation bénéficie ainsi d'une acceptation et d'un large soutien de la population.
Selon le modèle de propagande[1], les dirigeants des sociétés dirigées par les entreprises emploient l'endoctrinement comme un moyen de contrôle social. Le marketing, la publicité et les entreprises de relations publiques utilisent de la communication de masse pour soutenir les intérêts des élites. Selon cette thèse, les leaders économiques et religieux utilisent le systéme éducatif et la centralisation des communications électroniques pour ouvrir l'opinion publique à leurs idées. La démocratie est ainsi imparfaite, puisque la majorité de la population n'a pas l'information nécessaire pour prendre des décisions rationnelles sur les questions sociales, ou concernant l'économie ou l'éthique.
Afin de maintenir un contrôle social sur les individus, les organisations et les gouvernements dictatoriaux promulguent lois et décrets. Cependant, puisque la population ne soutient pas ces pratiques, ces organisations ou ces gouvernements ont besoin d'avoir un recours actif à la force et aux sanctions sévères comme la censure ou l'expulsion. Dans les cas extrêmes, les gouvernements totalitaires comme l'ancienne Union soviétique ou l'actuelle Corée du Nord recourent à une police d'État.
Les sociologues considèrent comme cruciaux les moyens de contrôle social pour maintenir l'ordre public, et reconnaissent aussi la nécessité des moyens formels, notamment dans des sociétés de plus en plus complexes, et également pour répondre aux crises ponctuelles. L'étude du contrôle social est une discipline académique qui se rattache à l'anthropologie, l'économie, l'histoire, au droit, aux sciences politiques, à la psychologie, à la philosophie et à la sociologie.
Le rôle des interactions
Selon H. Becker, la déviance résulte d'interactions sociales. La déviance est analysée ici comme un processus interactif et séquentiel : un premier acte déviant est commis (déviance primaire), il fait l'objet d'un étiquetage (stigmatisation) d'abord par les proches et ensuite par les instances institutionnalisées du contrôle social. Cette stigmatisation produit deux effets. D'une part, elle amène l'intéressé à intérioriser l'image de soi que lui renvoie la société et ainsi à se définir lui même comme déviant. D'autre part, elle limite ses possibilités de continuer à agir dans le cadre légal. Cette stigmatisation fait donc entrer l'individu dans un processus de déviance secondaire qui induit une nouvelle réaction de la société. On rentre ainsi dans une spirale dans laquelle chaque délit appelle une réaction sociale qui contribue elle même à favoriser à commettre de nouveaux délits, et ainsi de suite. Ce processus a pour effet d'amplifier la déviance et d'enfermer un comportement déviant occasionnel dans une véritabculture délinquante.
Voir aussi
Références
- ↑ Le modèle de propagande est une théorie élaborée par Edward S. Herman et Noam Chomsky, qui soutient que des biais systémiques existent dans les médias, et s'explique par des causes structurelles de l'économie.
Bibliographie
- Dictionnaire critique de la sociologie, par Raymond Boudon et François Bourricaud,7e édition, p119-126, éditions PUF.
- Surveiller et punir, par Michel Foucault, Paris, Gallimard, 1993, (ISBN 2070729680)
- Police et politique. Une approche sociologique, par Jean-Louis Loubet del Bayle, Paris, L'Harmattan, 2006.
- "Vers une monopolisation policière du contrôle social?", par Jean-Louis Loubet del Bayle, Les Cahiers de la sécurité intérieure, 2001, 2e tr. - disponible sur le site Internet du Centre international de criminologie comparée (CICC) de l'Université de Montréal [1]
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