- Contact de Hertz
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En génie mécanique et en tribologie, le contact de Hertz, est une description, due à Heinrich Rudolf Hertz (dont le nom est également associé aux unités SI Hertz), de la contrainte au sein de deux objets en contact. La description du contact de Hertz, obtenue en 1880[1] et publiée en 1881[2], s'applique au contact de deux sphères de rayons différents.
Sommaire
Généralités
Le contact de Hertz se réfère aux contraintes localisées qui se développent lorsque deux surfaces courbes viennent en contact et se déforment légèrement sous l'action des forces appliquées. Le degré de déformation dépend de l'élasticité du matériau en contact, autrement dit, de son module élastique. La théorie du contact de Hertz fournit la contrainte dans la zone de contact en fonction de la force normale appliquée, des rayons de courbure des deux corps et de leur module élastique.
Dans les engrenages et les roulements en mouvement, ces forces de contact sont cycliques. À la longue, elles entraînent une fatigue du matériau et l'apparition de fissures sous la surface.
La théorie du contact de Hertz constitue le fondement des équations pour le calcul du chargement admissible pour les roulements, les engrenages et autres pièces dont deux surfaces sont en contact.
Résultats essentiels
Prenons la situation simple d'une sphère et d'un plan (limite où l'une des sphères est de dimension infinie). L'enfoncement de la sphère dans le matériau élastique augmente avec la force compressive appliquée, comme dans toute situation d'élasticité.
Surface de contact
Dans le cas du contact de Hertz, le premier résultat important est que la surface de contact augmente avec l'enfoncement. Cela est dû essentiellement à la géométrie : le contact est initialement ponctuel, et il s'élargit au fur et à mesure de l'enfoncement. En fait, à un facteur numérique près, on peut déduire la dimension du contact d'une simple construction géométrique. Ainsi, lorsque la sphère s'enfonce, son intersection avec le plan initial est un disque dont le rayon a vérifie :
,
où δ est l'enfoncement, et R le rayon de la sphère.
Réponse non linéaire
Le second résultat non trivial est que la relation entre la force apliquée F et l'enfoncement δ n'est pas linéaire :
La raison essentielle en est justement que la surface de contact entre la sphère et la plan augmente au cours de l'enfoncement. Tout calcul fait (voir plus bas), le rayon de la zone de contact varie comme :
Estimation de l'énergie élastique
Tous les calculs sont menés sous forme d'ordre de grandeur, sans tenir compte des facteurs numériques.
Déformation du matériau
Lors d'un enfoncement de δ avec une aire de contact de rayon a (avec ) la déformation est de l'ordre de :
δ / a
Volume déformé
La région dans laquelle la déformation du matériau est de l'ordre de δ / a a un volume de l'ordre de
a3
Énergie élastique
L'énergie élastique par unité de volume pour une déformation s'écrit , qui est ici de l'ordre de .
L'énergie élastique totale s'obtient par intégration. Ici, son ordre de grandeur est donné par le produit de la densité maximale d'énergie élastique de l'ordre de E(δ / a)2 par le volume fortement déformé a3 :
En combinant avec la relation géométrique , on obtient :
Estimation de la force, de l'enfoncement et de la taille de la zone de contact
Ici encore, tous les calculs sont menés sous forme d'ordre de grandeur, sans tenir compte des facteurs numériques.
La force s'obtient à partir de l'énergie Eel en dérivant par rapport au déplacement δ :
Inversement, l'enfoncement s'écrit :
En utilisant la relation géométrique , on obtient la taille de la zone de contact :
Résultat complet
Le calcul complet fournit :
où est le module d'Young E renormalisé par le coefficient de Poisson ν :
Esquisse du calcul complet pour une sphère et un plan
Le profil de pression exercé entre les deux objets au sein de leur disque de contact est schématisé sur la figure : il est maximal au centre du contact et décroît lorsqu'on s'éloigne du centre, jusqu'à s'annuler au bord du contact. Dans ce paragraphe, nous indiquons les grandes lignes du calcul permettant d'obtenir le profil de pression exact ainsi que la déflexion exacte de la surface initialement plane.
Lien entre un profil de pression et un profil de déflexion
Une force ponctuelle exercée à la surface du plan (supposé horizontal pour fixer les idées) donne lieu à une déflexion verticale très profonde (infinie, en principe) au point d'application de la force. Cette déflexion décroît à mesure que l'on s'écarte (distance horizontale r) du point d'application. Cette déflexion verticale u(r) est due à Boussinesq et s'écrit :
En réalité, la force totale F est répartie sur une certaine surface, sous la forme d'une pression qui dépend de la position dans la surface de contact. Par conséquent, chaque élément de pression contribue à la déflexion u. Ainsi, en un point quelconque du plan (pas nécessairement à l'intérieur du contact), la déflexion est la somme des contributions de tous les éléments de pression situés dans la surface de contact, via la relation de Boussinesq citée plus haut :
où est la distance entre le point d'application de l'élément de pression et le point où l'on observe la déflexion.
Remarque : en termes mathématiques, l'intégration effectuée pour obtenir le profil de déflexion constitue ce qu'on appelle la convolution du profil de pression et de la réponse de Boussinesq u(r) à une force ponctuelle.
Profil de Hertz
La réponse de Boussinesq étant connue, le travail de Hertz a consisté à découvrir le bon profil de pression pour obtenir un profil de déflexion u(r) qui coïncide, dans la zone de contact, circulaire et de rayon a, avec le profil de la sphère de rayon R enfoncée d'une distance δ, c'est-à-dire :
, pour r < a.
Puisque l'ensemble du système est symétrique autour de l'axe vertical passant par le centre de la sphère, le profil de pression est axisymétrique, et nous le notons donc désormais p(r). Hertz a monrté que ce profil de pression s'écrit :
, avec et .
Remarque. Le profil de déflexion en dehors de la zone de contact se raccorde au plan horizontal non déformé u = 0 lorsque la distance au centre, r, tend vers l'infini :
, pour r > a.
Force exercée
La force ainsi exercée n'est autre que l'intégrale du profil de pression :
.
Notes et références
- Joseph Boussinesq avait, deux ans auparavant, publié la solution de plusieurs cas particuliers de ce problème, solutions reprises dans sa Théorie des potentiels. K. L. Johnson, Contact mechanics (1985), Cambridge University Press, p. 90. Afin de contextualiser ce travail remarquable pour un étudiant de seulement 23 ans, signalons cependant que
- (de) Heinrich Hertz, « Über die Berührung fester elastischer Körper (Sur le contact entre corps élastiques) », dans J. für reine und angewandte Mathematik, vol. 92, 1881, p. 156-171 [texte intégral (page consultée le 24 mai 2008)]
Voir aussi
Articles connexes
- même situation, mais avec en outre l'énergie d'adhésion : Johnson, Kendall et Roberts (1971)
- Tribologie - Contacts localisés
- Roulement mécanique
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