Confédération nationale du travail (France)

Confédération nationale du travail (France)
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Confédération nationale du travail
Logo de la CNT
Contexte général
Zone d’influence Drapeau de France France
Fiche d’identité
Fondation 1946
Structure Confédération
Membres 3700 - 4200[réf. nécessaire] (décembre 2008)
Présomption
de représentativité
cf. 2.4 Représentativité
Slogan « CNT : un syndicat de combat, autogestionnaire et sans permanents! »
Site web www.cnt-f.org

La Confédération nationale du travail (CNT) est une confédération syndicale française de type anarchosyndicaliste.

Sommaire

Historique

À l'origine, la Confédération nationale du Travail est une confédération syndicale française créée en décembre 1946 à Paris.

Fondée par des militants de la Confederación nacional del trabajo (CNT espagnole) en exil, des anciens membres de la CGT-SR (SR pour syndicaliste-révolutionnaire), ainsi que des jeunes ayant participé à la Résistance, qui quittent la CGT du fait de la mainmise du PCF sur cette organisation, la CNT prend son nom en référence à son homologue espagnole.

Ayant connu une période de relatif développement après la Seconde Guerre mondiale, la CNT devient un mouvement plus ou moins groupusculaire à partir de l'essor de Force ouvrière, issue de la scission de la CGT. Elle le reste jusque dans les années 1990, où elle connaît un renouveau militant.

Durant ces cinq décennies, où le nombre d'adhérents ne dépasse pas la centaine de personnes, deux scissions ont lieu au sein de la Confédération.

Les scissions

La première scission, qui a lieu en 1977 pour des motifs liés à l'évolution de la situation politique en Espagne (mort de Franco, transition démocratique, etc.), est dite « 2e UR » ou « de la tour d'Auvergne » (du nom de la rue où se situe la librairie), et concerne essentiellement l'union régionale parisienne.
La CNT 2e UR a rejoint la CNT-AIT (issue de la seconde scission) en 2006.

La seconde scission intervient en 1993 ; elle est fondée sur des différences de positions au sein de l'organisation : une tendance est attachée au principe de non-participation aux élections professionnelles et affirme son antipolitisme, c’est-à-dire le refus de collaborer ou même de cosigner des tracts avec des organisations politiques, considérées comme ennemies des travailleurs au même titre que les autres défenseurs du capitalisme que sont l'État ou les Églises; l'autre tendance ne conçoit pas cette position de non-participation aux élections professionnelles comme absolue, notamment dans les entreprises où la lutte est difficile et pourrait être vouée à l'échec sans l'acquisition d'un statut légal protègeant la section syndicale. Par ailleurs, elle s'autorise à affronter les arguments des organisations politiques sur le terrain de la lutte sociale en participant aux intersyndicales.

Le congrès de l'AIT, réuni à Madrid en 1996, va exclure la seconde tendance, la majorité des sections représentées jugeant que sa position constitue un manquement aux principes anarchosyndicalistes qui régissent l'association.
Cependant, la section exclue de l'AIT considère que ce vote est non démocratique (peu de sections ont participé au vote, différence de voix trop faible). Le congrès de Madrid adopte une résolution appelant les anarchosyndicalistes en France à rejoindre le bureau confédéral du Mans (qui deviendra la CNT-AIT). Ceux qui refusent, essentiellement les syndicalistes révolutionnaires et les membres d'organisations politiques anarchistes (Fédération anarchiste, comme le directeur de publication du journal de la CNT-F), restent au sein du bureau confédéral de la rue des Vignoles, qui va devenir la CNT-F.

Aujourd'hui

Finalement, la partie de la CNT restée dans l'AIT garde le sigle CNT-AIT, tandis que celle qui en est exclue, après avoir durant quelque temps maintenu le sigle CNT/AIT devient la « CNT ».

Pour mieux distinguer ces deux CNT, l'une est parfois surnommée « l'AIT », et l'autre, « les Vignoles » (du nom de la rue qui héberge son siège parisien) ou « CNT-F » (du nom de son domaine internet, mais la CNT-AIT est également appelée CNT-F au sein de l'AIT, pour la différencier de la CNT espagnole).
Cette dernière entretient des relations avec d'autres syndicats exclus de l'AIT (comme la CGT espagnole, scission d'avec la CNT-E) ou ayant quitté l'AIT (comme la SAC suédoise), et même avec la FAU, section de l'AIT en Allemagne, même si cette dernière, à son congrès de 2007, a été partagée sur cette question.
Elle entretient également de bons contacts avec des syndicats du tiers monde (tels que le GEFONT au Népal ou la CGT-B au Burkina, etc.).

Un temps problématiques, les relations entre la CNT et la CNT-AIT se sont normalisées, chaque organisation ayant choisi de développer sa propre voie selon ses propres conceptions.

La CNT

Présentation

La CNT intègre dans ses statuts la charte d'Amiens (1906, CGT), la charte de Lyon (1926, CGT-SR) et la charte de Paris (1946, CNT).

Elle se revendique de la CGT des origines, de la CGT-SR et de l'expérience anarchosyndicaliste de la révolution espagnole.

La CNT est ouverte à tous les travailleurs sur un mode d'organisation qui correspond au fédéralisme libertaire (autogestion, démocratie directe, autonomie et souveraineté des syndicats). Son mode de fonctionnement la rapproche des libertaires et par certains aspects de son projet du communisme libertaire. Toutefois, la CNT rappelle qu'elle n'est pas une organisation « anarchiste », mais un syndicat désireux de réunir l'ensemble des travailleurs, ouvert à tous. Sa position est de refuser toute étiquette idéologique spécifique, sinon celle de l'anarchosyndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire[1],[2],[3].

Organisation

Comme la plupart des autres confédérations syndicales, la CNT s'organise sur 2 plans, un plan professionnel et un plan géographique.

Niveau professionnel

La CNT essaie de développer des syndicats de branche d'industrie et des sections syndicales d'entreprise, qu'elle considère plus proches des réalités des travailleurs dans les entreprises. Les syndicats sont organisés par départements ou régions. Ils ne peuvent pas couvrir une zone géographique plus importante pour éviter de couper les relations interprofessionnelles locales entre travailleurs, base de la solidarité entre syndiqués. L'ensemble des syndicats d'une même branche d'industrie s'organisent en fédération d'industrie (cf. chapitre sur les fédérations CNT).

Niveau géographique

Cette action interprofessionnelle se fait au sein des unions locales, départementales ou régionales, qui regroupent l'ensemble des syndicats CNT d'une même zone géographique. Cela se traduit par des actions de solidarité, de soutien à des mouvements de grève, ou sur des thèmes transversaux tels que l'antisexisme ou l'environnement, à l'image des anciennes bourses du travail de la fin du XIXe siècle.

Adhérents et militants

Contrairement à toutes les autres organisations syndicales, la CNT, selon les principes de l'autogestion, refuse les permanents syndicaux, c'est-à-dire des salariés détachés par leur entreprise et rémunérés par cette dernière pour faire du syndicalisme. Trop souvent, ces syndicalistes sont coupés de la réalité du travail de ceux qu'ils sont censés défendre. À la CNT, tout le travail syndical, effectué par les militants, se fait en dehors des horaires de travail, sauf pour les délégués du personnel qui bénéficient d'heures de délégation.

Concernant le nombre d'adhérents, la CNT a connu depuis la scission de 1993 un certain développement ; toutefois, au regard des effectifs des autres organisations syndicales, elle reste une petite organisation.

Représentativité

Depuis l'adoption de la loi n° 2008-789 du 20 août 2008[4], consacrée en partie à la représentativité syndicale dans le secteur privé, tous les syndicats du secteur privé (y compris ceux qui ne sont pas représentatifs sur le plan national ou dans la branche d'industrie concernée) peuvent déclarer une section syndicale et désigner un représentant de cette section. Cela devrait avoir des conséquences non négligeables pour la CNT[5].
La loi du 20 août 2008 exige, parmi les règles de représentativité d'un syndicat, qu'il respecte les « valeurs républicaines ». Par un arrêt du 13 octobre 2010[6], la Cour de cassation, saisie d'une contestation quant à la représentativité de la CNT à cause de ses statuts qui prônent l'abolition de l'État, a répondu que cette déclaration dans les statuts ne suffisait pas à prouver que la CNT ne respectait pas les valeurs républicaines. Il n'est donc pas possible de contester sur ce point la représentativité de la CNT.

Luttes

Drapeau cnt le Havre manifestation.jpg

Le projet avorté du gouvernement d'Édouard Balladur d'instaurer un contrat d'insertion professionnelle (CIP), en 1994, la lutte antifasciste initiée par les SCALP (c'est-à-dire sections carrément anti-Le Pen, dont historiquement la première a été fondée à Toulouse en 1984 dans les locaux de la CNT-AIT) dans les universités ou le combat en faveur des sans-papiers, auquel s'est jointe la CNT, sont à l'origine de l'adhésion de nombreux jeunes.

De même, la CNT a connu un accroissement du nombre de ses militants lors du mouvement social de décembre 1995 contre le plan Juppé et pendant le combat contre le CPE.

Assez paradoxalement, la CNT est capable de fédérer dans les manifestations les différentes composantes du mouvement libertaire, bien qu'elle rappelle régulièrement ne pas être une organisation anarchiste. C'est le cas notamment lors des grands défilés unitaires, comme le traditionnel défilé du 1er mai auquel elle participe depuis 1995, où elle conduit le cortège rouge et noir de la place des Fêtes jusqu'à la place de la République, puis s'insère dans la manifestation unitaire, en tant que confédération syndicale, derrière les grandes centrales (CGT, SUD, etc.).

Elle attire des syndicalistes déçus par les pratiques des syndicats institutionnels ou le « suivisme du syndicalisme contestataire », mais aussi des personnes qui commencent leur engagement syndical via des pratiques syndicales autogestionnaires.

Questions politiques

Par sa structure de « syndicat révolutionnaire », la CNT se préoccupe aussi bien des problèmes liés au travail et au salariat, que des questions politiques. Elle est présente concrètement dans nombre de « combats » qui ont lieu un peu partout en Europe et dans le monde (contre-sommets du G8, FSL, lesquels lui donnent l'occasion de montrer son influence).

Au niveau international, la CNT travaille avec d'autres sections démissionnaires ou exclues de l'AIT, comme la SAC suédoise ou la CGT espagnole.

Aujourd'hui, la CNT participe à de nombreux rassemblements et manifestations: contre les lois Fillon,le CPE,la LRU ou la réforme des retraites; au sein du mouvement social débuté le 29 janvier 2009, etc.

Pour mieux connaître les positions et les réflexions des syndicats ou des militants de la CNT, il faut se reporter aux différentes publications comme le Combat Syndicaliste (mensuel des syndicats CNT), Les Temps maudits (revue théorique de la CNT) ou encore les éditions[7] de la CNT qui publient régulièrement des livres. De plus, la Fédération des travailleurs de l'Éducation publie N'autre École (revue[8] trimestrielle syndicale et pédagogique).

En plus du travail purement syndical, la CNT développe dans ses locaux différentes activités culturelles (concerts, débat, salon du livre, etc.). Elle agit également en vue de maintenir l'histoire du mouvement ouvrier (plaque commémorative en 2003 à Vigneux en souvenir de la grève de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges de 1908, etc.).

Les fédérations de la CNT

Cnt-image noir blanc et rouge.PNG
  • La Fédération des travailleurs de l’éducation[9] syndique l'ensemble du personnel de l'éducation au sein des Syndicats CNT-FTE : enseignants, personnels technique et administratif ainsi que les étudiants, les chercheurs et les salariés de l'université dans la section supérieur-recherche. La fédération publie la revue trimestrielle N'autre École ainsi qu'un bulletin d'actualité Classes en Lutte.
  • La Fédération de la communication, de la culture et du spectacle (CNT-CCS)[10], dont les syndicats CNT-CCS sont aussi bien présents, au travers de leurs sections, dans certains groupes de presse, dans des établissements publics (Cinémathèque, BNF, INRAP...) ou chez les intermittents du spectacle.
  • La Fédération des travailleuses/eurs de la terre et de l’environnement, qui regroupe, entre autres, de petits paysans dont certains sont à l'origine de coopératives de production/distribution (par ex. Coopéquita à Bordeaux). La fédération publie le bulletin Le Vent se lève[11].
  • La fédération CNT-PTT[12], dont les militants sont surtout présents à La Poste mais également à Exapaq.
  • La Fédération santé-social et fonction publique territoriale[13], qui publie le bulletin La Sociale.
  • La Fédération du bâtiment et des travaux publics (SUB-CNT, Syndicat unifié du bâtiment), qui publie le bulletin Le Réveil du bâtiment. Des sections sont présentes dans l'équipement.

Notes et références

  1. Fondation Pierre Besnard, Fondation animée par des militants de la CNT ayant pour but de présenter les théories et pratiques de l'anarchosyndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire en France et à l'étranger
  2. Anarchosyndicalisme et syndicalisme révolutionnaire, Article du site web de la CNT présentant l'histoire et les références de la CNT
  3. La CNT, c'est quoi ?, Tract de présentation de la CNT (format pdf - 4 pages - 1,33 Mo)
  4. Loi n° 2008-789 du 20 août 2008 sur legifrance.fr.
  5. « Les conséquences des règles de représentativité pour la CNT » sur le site de la CNT.
  6. Cass. soc. 13 oct. 2010, pourvoi n° 10-60.130, arrêt 1955 sur legifrance.fr.
  7. Site des éditions de la CNT.
  8. Site de la revue.
  9. Site de la CNT-FTE.
  10. ]Site de la CNT-CCS.
  11. Site de la FTTE
  12. Site de la CNT-PTT.
  13. Site de la fédération.

Voir aussi

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