- Comte de Richmond
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Le titre de comte de Richmond a été créé de nombreuses fois dans la pairie d'Angleterre. Le titre ne doit pas être confondu avec l'« honneur de Richmond », qui consiste en la possession effective des terres du comté de Richmond.
La ville de Richmond se trouve dans le Nord du Yorkshire.
Histoire du titre
Les Penthièvre : Alain le Roux et ses frères (1070/71-1135/36)
Vers 1071, Guillaume le Conquérant donna à Alain le Roux, fils du comte de Penthièvre, issu d'une branche cadette des ducs de Bretagne, de nombreuses terres formant l'un des trois plus grands ensembles féodaux créés par le Conquérant. Dans le Nord-Ouest du Yorkshire, ces terres avaient appartenu à Edwin († 1071), comte de Mercie, jusqu'à sa révolte en 1069-1070. Elles formaient un très important ensemble compact (environ 200 seigneuries), ce qui est inhabituel pour l'époque. Cet ensemble, constitue le centre de l'« honneur de Richmond ». Il permet à Alain le Roux d'établir une force militaire puissante dans le Nord-Ouest du Yorkshire, à la jonction des principales routes venant d'Écosse et entrant dans la vallée d'York. Dans le Domesday Book (1086) il est désigné comme « châtellenie de Richmond »[1]. Outre d'autres terres dispersées dans le Yorkshire, l'honneur inclue des ensembles importants de terres dans les comtés de Cambridge, Norfolk et Suffolk. D'autres possessions sont dispersées dans le Hampshire, le Nottinghamshire, le Hertford et le Northamptonshire[2].
Alain commence la construction du château de Richmond aux alentours de 1077: il s'agit sans doute d'un des premiers châteaux normands en pierre construit en Angleterre. Il devient le centre administratif du comté[3]. La ville de Richmond va se développer autour de la forteresse. Alain, bien que n'ayant jamais reçu le titre de comte de Richmond du Conquérant, est parfois considéré comme le premier comte de Richmond. Il meurt en 1093 sans descendance. Son frère Alain II le Noir († 1098) lui succède. Leur dernier frère Étienne Ier († 1135/36), comte de Penthièvre, hérite de cet honneur, et réunit les possessions anglaises et bretonnes de la famille. Il vit en Bretagne et est le premier titulaire à ne pas résider dans le comté. En dépit des nombreuses vicissitudes, cette situation perdure jusqu'au début du XIVe siècle. Par ailleurs, dés 1136, le comté de Richmond est considéré comme un comitatus, c'est-à-dire un comté regroupant des terres contiguës sous l'autorité d'un comte[4].
Dans le domaine des ducs de Bretagne
Le fils d'Étienne Alain III le Noir, comte de Cornouailles (1137-1146) est le premier à utiliser le style comte de Richmond. Sa création semble alors implicite. Il épouse Berthe de Bretagne, fille et héritière de Conan III, duc de Bretagne. Il est un partisan du roi Étienne. Il meurt en Bretagne et est inhumé à l'abbaye de Bégard[5]. Son héritier, Conan, est alors mineur. Berthe de Bretagne se remarie avec Eudon de Porhoët qui devient ainsi l'administrateur de fait de l'honneur de Richmond. La mort du duc Conan III de Bretagne, en 1148, fait de Berthe l'héritière du duché. L'honneur de Richmond entre ainsi dans la sphère de l'administration du domaine ducal, assurée alors par Eudon de Porhoët.
À sa majorité Conan IV de Bretagne doit affronter son beau-père qui, soutenu par la plupart des barons de Bretagne, refuse de lui laisser le pouvoir. Réfugié en Angleterre, Conan reçoit l'honneur de Richmond des mains d'Henri II Plantagenêt (1154). Ceci lui permet de disposer de revenus aussi importants que ceux assurés par le domaine ducal de Bretagne[6]. De retour en Bretagne l'année suivante avec l'aide d'Henri II, il ne parvient pas à se dégager de la tutelle de son protecteur. Il conserve l'honneur de Richmond après avoir renoncé en 1166; Henri II profite de sa mort en 1171 pour s'en saisir[7]. Il le remet en 1183 à son fils Geoffroy, devenu duc de Bretagne deux ans plus tôt[8].
En 1341, Édouard III d'Angleterre donne L'honneur à son fils Jean de Gand et l'administration en est confiée à la reine pendant que son marie est engagé en France dans les premiers combats de la guerre de Cent Ans. Le comté échappe à la maison des ducs de Bretagne jusqu'en 1372[9].
Il est ensuite donné à Jean IV de Bretagne, duc de Bretagne, qui en dote son fils cadet Arthur dès sa naissance. En 1399, suite au renversement d'alliance du duc de Bretagne en faveur du roi de France, ennemi de l'Angleterre, le roi Henri IV retira l'honneur de Richmond aux ducs de Bretagne[10]. L'honneur et son titre sont ainsi séparés définitivement du duché de Bretagne, avec lequel ils avaient été liés depuis la conquête normande. Néanmoins, les membres de la Maison de Bretagne continuèrent pendant longtemps de revendiquer l'héritage de Richmond, tel Arthur III de Bretagne dénommé durant toute sa vie comte de Richemont ou connétable de Richemont.
Première création (?)
- Alain le Noir († 1146), comte de Cornouailles (en anglais : Cornwall) ;
- Conan IV de Bretagne († 1171), duc de Bretagne. Fils du précédent ;
- Constance de Bretagne (1162-1201), duchesse de Bretagne. Fille du précédent ;
- Geoffroy Plantagenêt (1158-1187), duc de Bretagne et comte de Richmond en droit de sa femme ;
- Arthur Ier de Bretagne (1187-1203), duc de Bretagne. Fils de la précédente.
Sa sœur Éléanor est parfois considérée comme lui ayant succédé. Elle meurt vers 1236.
Deuxième création (1219)
- 1219-1235 : Pierre Mauclerc (1190-1250), duc de Bretagne en droit de sa femme, puis régent pour son fils.
Titre confisqué en 1235.
Troisième création (1241)
- 1241-1268 : Pierre II de Savoie (1203-1268), comte de Savoie. Oncle de la reine consort Éléonore de Provence.
Quatrième création (1268)
- 1268 : Jean Ier le Roux (1217-1286), duc de Bretagne. Transmet le titre à son fils en 1268 ;
- 1268-1305 : Jean II de Bretagne (1239-1305), duc de Bretagne. Fils du précédent.
Cinquième création (1306)
- 1306-1334 : Jean de Bretagne (1266-1334), fils du précédent ;
- 1334-1341 : Jean III de Bretagne (1286-1341), duc de Bretagne. Neveu du précédent.
Sixième création (1341)
- 1341-1342 : Jean de Montfort († 1345), comte de Montfort-l'Amaury. Demi-frère du précédent.
Titre confisqué.
Septième création (1342)
- 1342-1372 : Jean de Gand (1340-1399), comte de Lancastre, Lincoln, Derby et Leicester, duc de Lancastre (1362) et duc d'Aquitaine.
Rend le titre en 1372.
Huitième création (1372)
- 1372-1393 : Jean IV de Bretagne (1339-1399), duc de Bretagne
- 1393-1399 : Arthur III de Bretagne (1393-1458), comte de Richemont, connétable de France puis duc de Bretagne.
confisqué par Henri IV d'Angleterre en 1399[10]
Neuvième création (1414)
- 1414-1435 : Jean de Lancastre (1389-1435), duc de Bedford, comte du Maine et duc d'Anjou.
Dixième création (1453)
- 1453-1456 : Edmond Tudor (1430-1456), demi-frère d'Henri VI d'Angleterre ;
- 1457-1461 : Henry Tudor (1457-1509), devint Henri VII en 1485. Fils du précédent.
Titre confisqué en 1461.
Onzième création (1613)
- 1613-1624 : Ludovic Stuart (1574-1624), duc de Lennox, créé duc de Richmond en 1623.
Voir aussi
Références
- Paul Jeulin, « Un grand « Honneur » anglais, Aperçus sur le « comté » de Richmond en Angleterre, possession des ducs de Bretagne (1069/71-1398) », Annales de Bretagne, vol. 42, no 3-4 (1935), p. 265-302.
- Paul Jeulin, op. cit., p. 271.
- Michael Prestwich, Liberties and identities in the medieval British Isles, 2008, p. 100
- ibid.
- Jeulin, art. cit., p. 274.
- A. Chédeviilz, N. Y. Tonnerre, La Bretagne féodale XIe-XIIIe siècle, 1987, p. 85.
- A. Chédeville, N.-Y. Tonnerre, La Bretagne féodale…, op. cit., p. 91.
- ibid., p. 93.
- M. Prestwitch, op. cit., p. 100-101.
- Skol Vreizh, 2003 J-J Monnier et J-C Cassard, Toute l'histoire de la Bretagne p. 277, éditions
Catégories :- Titre de comte britannique
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