Comte de Persigny

Comte de Persigny

Victor de Persigny

Le duc de Persigny

Jean-Gilbert Victor Fialin, duc de Persigny, est un homme d'État du Second Empire, né à Saint-Germain-Lespinasse (Loire) le 11 janvier 1808, mort à Nice le 12 janvier 1872 et enterré à Saint-Germain-Lespinasse.

Victor Fialin prit le nom de vicomte de Persigny vers 1832, titre que, selon lui, ses ancêtres avaient autrefois porté. Il fut fait comte en 1852 et duc en 1863.

Sommaire

Biographie

Jean Gilbert Victor Fialin de Persigny est né le 11 janvier 1808 à Saint-Germain-Lespinasse (Loire). Fils d’un soldat, officier des armées impériales, tué en 1812 à la bataille des Arapiles, Fialin est élevé par un oncle, monarchiste convaincu, et entre plus tard au Collège de Limoges en tant que boursier. Il fait le choix d'une carrière militaire, est admis à l’école royale de cavalerie de Saumur, le 25 juillet 1826, et au bout de deux années sort major de promotion. Intégré au second régiment de Hussard avec le grade de maréchal des logis, il évolue du légitimisme vers le républicanisme, ce qui le pousse à quitter l’armée : il obtient son congé de réforme en 1833. Fialin décide de monter à Paris et de se lancer dans le journalisme ; il écrit pour plusieurs journaux comme Le Temps, le Courrier français, le Spectateur français. À cette même époque il se convertit au bonapartisme, notamment après la lecture du Mémorial de Sainte-Hélène. En 1834 il rencontre le roi de Westphalie, frère de Napoléon Ier. L’année suivante il fait la rencontre décisive de Louis-Napoléon Bonaparte, alors en exil à Arenenberg en Suisse. Il va dès lors être son compagnon d’exil et son aide de camp. Le 30 octobre 1836, il tente de gagner à la cause bonapartiste Strasbourg et récidive en 1840 à Boulogne. À la suite de cette dernière tentative qui se solde par un échec, Persigny est condamné à vingt ans de détention à la citadelle de Doullens. En 1843, atteint d’ophtalmie, il est transféré à l’hôpital militaire de Versailles. Il n'est libéré que par la Révolution de 1848. En décembre 1848, il dirige la campagne qui amène l’élection à la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte. Il devient député le 13 mai 1849 et commence à organiser, à l’Assemblée législative, un parti bonapartiste (« parti du président »). Membre du comité de la rue de Poitiers, il est élu dans le Nord et la Loire. Il participe au Coup d’État du 2 décembre 1851 : à la tête du 42ème régiment de ligne, il est chargé avec le colonel Espinasse de la prise du Palais Bourbon par la troupe, ce qui ouvre les portes du pouvoir à Louis-Napoléon. Alors que s'installe le nouveau régime dans lequel il s’apprête à jouer un rôle éminent, il épouse en mai 1852 la fille unique du prince de la Moskowa et, à cette occasion, reçoit 500 000 francs ainsi que le titre de comte. Auparavant, le 22 janvier 1852, il a été nommé ministre de l’Intérieur, poste qu'il conserve jusqu’en avril 1854 avant de l'occuper à nouveau de 1860 à 1863. Après 1853, l’évolution vers « l’Empire libéral » marque l'effacement de son rôle national. Mais l’Empereur, voulant le récompenser, fait de Persigny un sénateur, membre du Conseil privé et grand officier de la Légion d’honneur. Ambassadeur à Londres de 1855 à 1858, puis de 1859 à 1860, il est rappelé comme ministre de l’Intérieur. En 1863, il est disgracié sur l'insistance de l’impératrice Eugénie, et quitte le gouvernement. Dès 1862, cet érudit attaché à sa région natale, le Forez, avait été à l’origine de la Diana, société historique et archéologique du Forez. En 1870, la guerre et la reddition de Bazaine provoquent la chute de l’Empire. Abandonnant la politique, il se consacre à la rédaction de ses « Mémoires » qui ne seront publiés, posthumes, qu'en 1896. Il décède à Nice le 14 janvier 1872.

Homme courageux, assumant et revendiquant même tout l’héritage de l’Empire, y compris celui du Coup d’état du 2 décembre 1851. Après cette vie « politiquement correcte » et malgré sa disgrâce auprès de l’impératrice, il ne renia jamais son prince, et eut l’amertume d'assister à la fin du rêve pour lequel il avait vécu et combattu.

L'aventure bonapartiste

Fialin est le fils d'un collecteur de taxe, soldat de la Grande Armée tué pendant la Guerre d’Espagne, il est élevé dans le culte de Napoléon et éduqué à Limoges. Il entre à l'école de cavalerie[réf. nécessaire] de Saumur en 1826 devenant maréchal des logis dans le quatrième corps des hussards[réf. nécessaire] deux ans plus tard. Le rôle joué par son régiment en supportant la révolution de 1830 - Persigny étant républicain à l'époque - fut regardé comme de l'insubordination et l'année suivante Fialin est renvoyé de l'armée. Il devient journaliste et, en 1833, bonapartiste ardent sous le titre, dit dormant dans sa famille, de comte de Persigny.

Comme beaucoup de jeunes gens de son âge, Fialin est un romantique, vaguement opposant à la Restauration monarchique et tout aussi vaguement révolutionnaire. Sa rencontre en 1835 avec le jeune Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III, est une véritable révélation pour lui. Ses sentiments politiques confus trouvent enfin un cadre, le bonapartisme; son incroyable énergie, un but, la restauration de l’Empire; et sa soif de fidélité, un homme, Louis-Napoléon.

A l’époque, le bonapartisme est cependant loin de constituer une force politique crédible. Apanage de quelques rescapés de la Grande Armée, rêve de quelques jeunes romantiques engourdis dans la bonne société bourgeoise de la Monarchie de Juillet, l’Empire appartient davantage à l’histoire qu’à l’avenir...

Mais Fialin a de l’audace à revendre. Secondé par un ancien officier de Napoléon, il convainc Louis-Napoléon de tenter un coup de force à Strasbourg en 1836. Objectif: Soulever les garnisons de l’Est et marcher sur Paris. Si les soldats du régiment d’artillerie de Strasbourg acclament les “ putschistes ”, les autres régiments ne se rallient pas et désarment les apprentis comploteurs. Tandis que le roi Louis-Philippe fait preuve de clémence en envoyant Louis-Napoléon en exil en Amérique, Fialin, qui a réussi à s'échapper, ne baisse pas les bras. Il inonde la presse d’articles et de communiqués, recrute de nouveau partisans, récolte des fonds, jette les bases d’un embryon de parti. En 1840, la conjoncture lui semble favorable à une nouvelle tentative de complot. Louis-Napoléon et Fialin affrètent un navire dont ils confient le commandement à un ancien corsaire, compagnon de Surcouf. Avec une cinquantaine de leurs partisans ils débarquent à Boulogne-sur-Mer dont ils tentent en vain de rallier la garnison. Mais la confrontation tourne mal. Des coups de feu sont échangés, deux personnes sont tuées et la petite bande bonapartiste est arrêtée. Louis-Napoléon est condamné à purger une peine de prison à perpétuité à la forteresse de Ham d’où il s’évadera en 1846, tandis que Fialin est incarcéré à Doullens, condamné à vingt ans de réclusion dans une forteresse, peine rapidement atténuée, Persigny étant malade. Pendant son emprisonnement, il écrit un ouvrage De la destination et de l'utilité permanente des Pyramides, publié en 1845, dans lequel il affirme sérieusement (semble-t-il) que la fonction des pyramides d'Égypte est de prévenir l'ensablement du Nil..

Libéré par la Révolution française de 1848, il dirige la campagne électorale présidentielle de Louis-Napoléon au début contre la volonté de celui-ci. Infatigable, il reconstitue ses réseaux, finance des journaux et sillonne la France, n’ayant de cesse que la nouvelle de la candidature de celui à qui il a voué sa vie soit connue dans le plus reculé des hameaux. Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon est ainsi élu premier Président de la République française avec près de 75% des voix. L’année suivante, Fialin, qui se fait déjà appeler comte de Persigny, du nom d'une propriété de ses ancêtres, est élu député de la Loire. Ce personnage de premier plan du nouveau régime épouse la petite-fille du Maréchal Ney beaucoup plus jeune que lui.

L'exercice du pouvoir

Au cours de cette période où les élections sont sous étroite surveillance, Persigny n’a aucun mal à devenir Président du Conseil général de la Loire (1858 - 1870). Il y déploie d’ailleurs une extraordinaire énergie. Le percement du canal du Forez, la création de la société historique et archéologique du Forez, la Diana, la mise en place d’un fonds de secours pour les victimes des débordements de la Loire, la poursuite de l’essor industriel du département, le transfert de la Préfecture de Montbrison à Saint-Étienne sont autant d’actes à mettre à son crédit.

Récompensé après sa participation au coup d'État du 2 décembre 1851, il est ministre de l'intérieur de 1852 à 1854, ministre du commerce de 1852 à 1853, ambassadeur à Londres de 1855 à 1858 et de 1859 à 1860 puis à nouveau ministre de l'intérieur de 1860 à 1863. Il y contrôle la presse et décide de la ligne des journaux officieux du régime comme le Constitutionnel ou le Pays. Ses idées, comme celles du prince Napoléon, cousin de l'empereur, sont favorables aux révolutionnaires italiens bien qu'en 1859 il se soit prononcé contre la guerre d'Italie; il presse l'empereur de leur abandonner Rome. C'est Persigny qui trouvera les moyens pour financer les Grands Travaux à Paris.

Son caractère autoritaire lui dresse en rival Charles de Morny auquel il a succédé en 1852. L'impératrice Eugénie le déteste pour son anticléricalisme et pour l'avoir critiquée de nombreuses fois auprès de l'Empereur.

Il prépare les élections de mai 1863 avec despotisme en s'employant à obtenir une chambre docile. Seuls les candidats qu'il avalise peuvent se déclarer "indépendants"! En même temps, il éloigne les candidats catholiques et ne représente pas plusieurs députés. Il ne prévoit ni ne prévient le succès électoral de l'opposition. Il conseille alors à Napoléon III de gouverner sans chambre mais tenu responsable de la défaite, il est écarté. On médit alors de lui ainsi: "il finira sur la paille car il a déjà sa litière (sali Thiers)". Il est élevé duc cette même année.

Les défaites militaires de la Guerre de 1870 et l’effondrement de l’Empire qui s’ensuit viennent mettre un terme à sa carrière de notable. Prématurément vieilli, le Duc de Persigny s’éteint en 1872. Il est inhumé au cimetière de Saint-Germain-L'Espinasse. Son épouse ne vient même pas lui rendre un dernier hommage. Le jour après ses funérailles arrive finalement un télégramme de Napoléon III: "Mon Cher Persigny, J'apprends avec peine l'état de votre santé. J'espère que vous pourrez triompher de la maladie; mais en attendant votre guérison, je tiens à vous dire que j'oublie ce qui a pu nous diviser pour ne me souvenir que des preuves de dévouement que vous m'avez données pendant de longues années. Croyez à ma sincère amitié." (cité d'après Pascal Clément, Persigny, L'homme qui a inventé Napoléon III). Le tombeau du duc, gravement endommagé par la tempête de 1999, a été reconstruit à l'identique grâce une subvention exceptionnelle émanant du Conseil général de la Loire (présidé alors par P. Clément) et du ministre de l'Intérieur (à l'époque, J.-P. Chevènement).

Citation

« L’Impératrice est légitimiste, Morny est orléaniste, le Prince Napoléon est républicain et je suis moi-même socialiste. Il n’y a qu’un seul bonapartiste, c’est Persigny, et il est fou. » Napoléon III

Voir aussi

Bibliographie

  • Persigny (Victor Jean Fialin de), Mémoires, édités par M.H. de Laire comte d'Espagny, P., Plon-Nourrit, 1896.
  • Anonyme, Catalogue des objets d'art, de curiosité et d'ameublement dépendant de la succession de M. le duc de Persigny, provenant du château de Chamarande... P., 1872, 35pp 4°.
  • Wahl (Caroline) e.a., Fonds Persigny, AP44, Centre historique des Archives nationales, 2002, 75pp.
  • Hadol (p, La ménagerie impériale composée des ruminants, amphibes, carnivores et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant vingt ans, S.l.n.d. (1870-1871). Dans ce recueil de caricatures, Persigny est représenté sous la forme d'un singe.
  • Goyau (Georges), Un roman d'amitié entre deux adversaires politiques, Falloux et Persigny, P., Flammarion, 1928, 245pp.
  • Chrétien (Paul), Le duc de Persigny (1808-1872), thèse, Toulouse, impr. Boisseau, 1943, 258pp, portrait.
  • Farat (Honoré), Persigny, un ministre de Napoléon III, P., Hachette, 1957, 320pp, portrait.
  • Clément (Pascal), Persigny, l'homme qui a inventé Napoléon III, P., Perrin, 2006.

Liens externes

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