- Compagnie dramatique Harmines
-
La Compagnie dramatique Harmines est une association loi de 1901 basée sur Harnes dans le Pas-de-Calais. Elle est la seule compagnie amateur du "Pays noir", le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, à avoir passé le siècle. De par sa longévité, elle tient une place importante dans le paysage culturel de la région où elle se représente plusieurs fois par an. Elle a d'ailleurs inspiré bien des vocations à plusieurs professionnels du spectacle du Nord-Pas-de-Calais. Elle reflète également l'énergie et la passion de la pratique théâtrale amateur en France. À ce titre, elle fut plusieurs fois récompensée sur le plan régional, national et international. Son engagement dans la sauvegarde et la diffusion du picard a contribué au renouveau culturel de cette langue.
La Compagnie dramatique Harmines est adhérente de la Fédération nationale des compagnies de théâtre et d’animation (FNCTA).
Sommaire
Historique
La genèse
En 1930, un noyau de jeunes gens expose l'idée de créer une association de théâtre amateur. Ils sont loin de se douter de l'ampleur que va prendre le petit groupe. En effet, Ils sont à l'époque davantage animés par un idéal commun philanthropique que par des intentions culturelles. L'indignation face aux injustices faites aux enfants dans le monde va être le moteur de leur engagement associatif. Ensemble, ils plaignent plus particulièrement le sort réservé aux petites filles chinoises, jugées bouches inutiles.
Aussi, en 1931, l'association paroissiale "Troupe Saint-Michel" voit le jour à Fouquières-lez-Lens grâce à l'Abbé Marlière aidé d'Alfred Tincq. La mixité étant étrangère aux mœurs, la troupe est, à l'époque, exclusivement masculine. Sous l'impulsion de Mademoiselle Desruelles, une troupe féminine voit le jour de son côté.
Seconde Guerre mondiale et après-guerre
Puis, la Seconde guerre mondiale éclate et Le Nord-Pas-de-Calais devient tour à tour terre de combats, d'occupation et de résistances. C'est alors que la troupe repart avec un nouvel objectif philanthropique : contribuer à la caisse d'entraide aux prisonniers de guerre. En 1944, elle rassemble alors un public conquis à la cause venant encourager "ceux qui ont bien du mérite". Cette même année, la troupe connaît une évolution physique puisqu'elle devient mixte. Les deux troupes existantes fusionnent et la distribution devient plus naturelle. Les hommes n'auront plus à s'essayer dans des rôles destinés aux femmes. Fernand Deloffre devient le nouvel inspirateur de la Troupe. Celle-ci change de nom en 1946 et devient le "Groupe Théâtral Alfred Tincq" en l'hommage à son créateur disparu en 1942. Ce changement s'explique par la personnalité et l'humanisme d'Alfred Tincq. Ses grandes qualités d'homme affable, serviable, travaillant avec méthode et donnant l'exemple du plus pur désintéressement avaient profondément marqué le groupe. Il était devenu l'âme et la cheville ouvrière de la troupe. Sa mort dans la fleur de l'âge avait été cruellement ressentie par tous ses amis qui pensèrent tout naturellement à lui rendre cet hommage.
La G.T.A.T. connaît dès lors une évolution décisive. En 1948, après-guerre oblige, les yeux s'ouvrent vers de nouveaux horizons. L'art apparaît comme une "source inépuisable et attachante d'éducation populaire" : le refus du théâtre flatteur déployant les gorges ou tirant les mouchoirs l'emporte. Il faut que le spectateur devienne un praticien à part entière de ce qui se joue devant lui, pendant et après le spectacle. En tâtonnant, le groupe cherche sa voie. Le choix des pièces évolue ; rejetant la médiocrité. Les acteurs s'attaquent à des œuvres plus exigeantes. Très vite, le succès récompense l'équipe qui aborde non sans efforts un répertoire très audacieux et pas toujours en adéquation avec la philosophie bien pensante de la structure paroissiale censée l'accueillir.
Le renouveau
En 1956, avec le 25e anniversaire de la troupe, le tournant décisif est pris. Turcaret de Lesage surprend les spectateurs et encore plus les initiés qui ne comprennent pas l'audace d'avoir tiré de l'oubli une pièce ingrate à mettre en scène et à interpréter. Et pourtant en 1957, Turcaret mène la troupe à Saint-Nazaire en demi-finale du concours national et universitaire : ce fut une consécration du choix hardi qu'avait fait le groupe.
Mais de 1958 à 1960, les difficultés et embûches deviennent plus fréquentes : manque de locaux, de compréhension. En 1958, d'abord, Zoé meurt. Chaque répétition (3 par semaines) les réunissait chez elle. Le local que Zoé mettait à leur disposition était aussi le "chez soi" de la troupe qui répétait avec un minimum d'aise et de tranquillité. Le fils de Zoé, qui est un membre de la troupe remet le local à sa disposition pour un moment. La maison est vendue et voilà nos comédiens désemparés. La situation est très délicate et l'association frise la disparition. La troupe se tourne alors vers les élus fouquiérois : maire et conseillers municipaux afin de trouver un local pour répéter. La troupe demande et n'obtient rien. Les arguments et raisons invoqués pour justifier ce refus sont discutables. Suspecte par ses origines aux yeux des uns, soupçonnée de trahison par les autres, malgré la qualité des spectacles donnés, la petite troupe est menacée de mort par privation de biens matériels. Le manque de sympathie agissante oblige l'association à chercher un ciel plus clément.
Des démarches auprès de municipalités voisines ont lieu. Harnes fait la meilleure proposition.
Le faste harnésien
En 1960, la troupe prend alors son appellation définitive : Compagnie dramatique Harmines. Harmines : conjonction phonétique de Harnes, Art et Mines. Il y a volonté pour les membres de l'époque de souligner l'encrage de la compagnie au sein du territoire où elle se réalise culturellement. Mines pour évoquer la profession inhumaine, pénible et dure de mineur associée à ce qui sublime l'homme : l'Art sous toutes ses formes. En novembre 1960, elle présente sa première locale à la Salle des Fêtes qui devient sa nouvelle salle de répétitions. Elle rentre tout juste de la Finale des Concours Régionaux qui s'est déroulée à Paris. Au fil des saisons théâtrales, de nouveaux comédiens se joignent aux anciens, d'autres partent contraints par des raisons personnelles ou professionnelles.
En 1971, la Compagnie organise à Harnes le festival culturel et théâtral pour fêter son dixième anniversaire. Harnes devient pendant deux semaines le centre des préoccupations des comédiens amateurs de la Région voire de France. Ainsi, toutes les troupes de l'Union du Nord de la F.N.C.T.A. se donnent rendez-vous au festival. Certaines s'y produiront. C'est le cas du Cercle Pierre Bayle de Sedan, des Traiteaux d'Artois d'Arras, de la Baraque Foraine de Lille.
Puis pendant vingt ans, un noyau dur subsiste. Il est constitué en particulier de Fernand Deloffre, Yvonne Dekelinski puis Christian Doué. La troupe s'essaie alors au théâtre patoisant. Cette époque retentit encore dans la mémoire collective et pour cause, Que Dallache ! crée en 1990 sera jouée plus de 40 fois dans la Région. C'est également à cette époque que la compagnie aborde tous les genres théâtraux : du vaudeville au classique, de la comédie policière au drame mythologique.
En 1992, après de longues cogitations, le conseil d'administration de la compagnie entérine l'idée de la création sur Harnes d'une école de théâtre qui prend le nom d’Atelier Théâtre Harmines. Elle accueille des jeunes et des adolescents. Son objectif : donner les rudiments de l'art dramatique, faire aimer le théâtre et permettre aux jeunes de s'exprimer, d'aller chercher au fond d'eux-mêmes des ressources inexplorées. C'est pourquoi dès 1993, cet énorme travail est confié à des intervenants professionnels engagés grâce à l'aide de la municipalité. En 2006/2007, plus de trente jeunes suivent les ateliers. L'effectif de ces ateliers ne cessent de croître depuis trois ans.
L'avenir en marche
Parallèlement à ce travail de formation d'acteurs, la Compagnie continue de se représenter dans toute la Région. Depuis 1999 et malgré des conditions de création de plus en plus difficile, la compagnie ne cesse de se renouveler tant en termes d'effectif que de projets. Ainsi, L'emprunt russe de Dominique Ghesquière et Pascal Chivet marque les 70 ans de la compagnie devant plusieurs salles combles à Harnes, Evin-Malmaison, Courrières, Loos-en-Gohelle,...
Il en est de même pour Après la pluie de Sergi Belbel qui connut un parcours similaire à Harnes, Isberghes, Annay-sous-Lens, Courrières,...
Plusieurs représentations d"'Une aspirine pour deux adaptée par Francis Perrin d'après la pièce originale de Woody Allen sont d'ores et déjà prévues cette année.
Ses créations
- 2006-2007 : Une aspirine pour 2, comédie en 3 actes de Woody Allen, adaptation de Francis Perrin
- 2005-2006 : C'était mieux avant !, fable satirique d'Emmanuel Darley
- 2004-2005 : Ma table a trois pieds !, soirée cabaret imaginée par Valérie Deloffre
- 2002-2003 : Après la pluie, comédie de société en un acte de Sergi Belbel
- 2000-2001 : L'Emprunt russe, faux vaudeville de Dominique Ghesquierre et Pascal Chivet
- 1999-2000 : La Perruche et le poulet, comédie policière de Robert Thomas
- 1997-1998 : Le Buveur émerveillé, de Nino Franck
- 1995-1996 : Le Rond et Ouvrage de dames, textes dramatiques de Jean-Claude Danaud
- 1993-1994 : Soudain l'été dernier, de Tenessie Williams en coproduction avec Droit de Cité
- 1991-1992 : Lustucru, théâtre patoisant de Christian Doue
- 1989-1990 : Que Dallache !, théâtre en picard de Christian Doue
- 1980-1981 : Ch'Père, théâtre en picard de Christian Doue
- 1978-1979 : Mégarée, drame mythologique en 3 actes de Maurice Druon
- 1977-1978 : Chat en poche, vaudeville de Georges Feydeau
- 1976-1977 : Les Sacqueux d'cordiaux théâtre en picard de Christian Doue
- 1975-1976 : Mon Isménie, vaudeville d'Eugène Labiche
- 1971 : Plainte contre inconnu, de Georges Neveux
- 1963 : L'Avare, comédie en 5 actes de Molière
- 1953-1954 : Montserrat, d'Emmanuel Robblès
- 1952-1953 : La Maison du printemps, comédie en 3 actes de Fernand Millaud
- 1951-1952 : Les Gens reveux, de Victorien Sardou
- 1949-1950 : La Farce du cuvier, farce anonyme du Moyen Âge
- 1948-1949 : Gringalet, pièce en 4 actes de Paul Vandenberghe
- 1946-1947 : La Peur de vivre, d'Henry Bordeaux
- Le Testament du Père Leleu, farce paysanne de Roger-Marie du Gard
- Le Tombeau d'Achille, comédie en un acte d'André Roussin
- La Demande en mariage, pièce en un acte d'Anton Tchekhov
- Les Mal-Aimés, pièce en 3 actes de François Mauriac
- Le Jubilé, pièce en un acte de Tchekhov
- La Cantatrice chauve, anti-pièce en un acte et 11 scènes d'Eugène Ionesco
- Les Rustres, comédie vénitienne en 3 actes de Carlo Goldoni
- Malbroucq s'en va-t-en guerre, comédie en 3 actes de Marcel Achard
Distinctions
- 1960 : Nomination à la Finale Nationale des concours Régionaux à Paris
- 1953 : Nomination au Concours National Universitaire de Saint-Nazaire - Demi-finaliste avec Turcaret de Lesage
- Prix d'interprétation féminine au festival international du Picard pour Yvonne Dekelinski
- Prix d'interprétation masculine au festival international du Picard pour Didier Deloffre
- Prix de la mise en scène au festival international du Picard pour Christian Doue
Catégories :- Troupe de théâtre française
- Littérature de langues régionales
Wikimedia Foundation. 2010.