Commission Indépendante d'Experts Suisse

Commission Indépendante d'Experts Suisse

Commission Bergier

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La Commission Indépendante d'Experts (CIE, communément appelée Commission Bergier en Suisse) a été instituée par le Conseil fédéral le 19 décembre 1996, pour un mandat de cinq ans. Elle avait pour mission de « faire toute la lumière sur l'étendue et le sort de ce qu'on a appelé les fonds en déshérence. »[1]. Son rôle a été étendu à l'étude de la politique d'asile de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale et à l'examen des relations économiques et financières entre la Suisse et le Troisième Reich.

Cette commission a publié une série de monographies sur les rapports de la Suisse avec les protagonistes de la Seconde Guerre mondiale, en particulier avec l'Allemagne nazie. Cette enquête faisait suite à l'affaire dites des "fonds en déshérence" dans laquelle les banques suisses furent accusées d'avoir conservé par devers elles des biens confiés par des victimes du nazisme, voire spoliés par les nazis. Ayant scrupuleusement respecté les délais fixés par le mandat, elle a été officiellement dissoute le 19 décembre 2001, sa mission accomplie.

Sommaire

Composition de la CIE

Dès la fondation :

  • Jean-François Bergier, historien, Suisse, président de la Commission
  • Wladyslaw Bartoszewski, historien, Polonais
  • Saul Friedländer, historien, Israélien
  • Harold James, historien, Britannique
  • Georg Kreis, historien, Suisse
  • Sybil Milton, historienne, Américaine (jusqu'en octobre 2000)
  • Jacques Picard, historien, Suisse
  • Jakob Tanner , historien, Suisse
  • Joseph Voyame, juriste, Suisse (jusqu'en avril 2000)

Dès avril 2000 :

  • Daniel Thürer, juriste, Suisse

Dès février 2001 :

  • Helen B. Junz, économiste, Américaine

Méthode, champs d'étude et résultats

Par décision exceptionnelle du Conseil Fédéral, les membres de la commission ont bénéficié, durant toute la durée de leurs travaux, du libre accès à toutes les archives publiques ou privées en relation avec la période de la Seconde Guerre mondiale. Une fois le travail achevé, cette autorisation n'a pas été reconduite pour d'éventuels travaux futurs.

Les champs d'étude de la commission Bergier ont été les suivants :

  • Le contexte national et international avant et pendant la Seconde Guerre mondiale
  • Les réfugiés et la politique d'asile de la Suisse à leur égard
  • Les relations économiques et financières de la Suisse et du Troisième Reich
  • Le sort des biens des victimes du régime nazi

A l'issue de cinq années de travail, la commission rend un total de 25 études réparties en autant de volumes, pour un total d'environ 11'000 pages. Un rapport final sous forme de synthèse est produit à l'issue des travaux.

Etapes importantes

  • 19 décembre 1996 : Fondation de la commission
  • 25 mai 1998 : Présentation du rapport partiel relatif à la Suisse et les transactions sur l'or
  • 10 décembre 1999 : Présentation du rapport partiel relatif à la Suisse et les réfugiés
  • 1er décembre 2000 : Présentation d'un rapport annexe relatif à la politique de la Suisse à l'encontre des Tziganes
  • 3 juillet 2001 : Le Conseil Fédéral décide qu'à l'issue des travaux, les archives privées (entreprises, associations) devront être restituées à qui en fera la demande
  • 30 août 2001 : Présentation des 8 premières études de la commission
  • 29 novembre 2001 : Présentation de 10 études supplémentaires
  • 19 décembre 2001  : Remise du rapport final au Conseil Fédéral et dissolution de la commission
  • 22 mars 2002 : Présentation et publication du rapport final ; présentation des 7 études restantes

Critiques et oppositions

Marc-André Charguéraud dans son ouvrage La Suisse lynchée par l'Amérique s'est attaqué au climat de menace contre la Suisse qui ont favorisé l'établissement du rapport. Dans son essai, Pour en finir avec le rapport Bergier et son étude, Non, nous n'étions pas des lâches. Vivre en Suisse, 1933-1945, Frank Bridel réfute le rapport Bergier et souligne qu'il doit davantage à des a priori idéologiques qu’à un travail scientifique, argumentant que la conclusion du rapport a précédé les travaux qu'ils viennent confirmer[2]. Jean-Jacques Langendorf dans l'ouvrage collectif sous sa direction La Suisse face à l'empire américain. L'Or, le Reich et l'argent des victimes, a également critiqué le rapport Bergier, tout comme Jean-Christian Lambelet dans Le mobbing d'un petit pays. Herbert Reginbogin, dans Hitler, der Westen und die Schweiz. 1936-1945. a défendu la position de la Suisse à l'époque, face au rapport Bergier, dans une perspective comparatiste. Stephen P. Halbrook dans son livre The Swiss an the Nazis, établit une plaidoyer en faveur de la politique des autorités suisses face à la menace nazie[3].

Bibliographie

  • Commission Indépendante d'Experts Suisse – Seconde Guerre Mondiale, La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale. Rapport final., Editions Pendo, Zurich, 2002, 569 pages p. (ISBN 3-85842-602-4) 

Notes et références

  1. Pietro Boschetti, Les Suisses et les nazis, p.13
  2. Pour en finir avec le Rapport Bergier, 29 avril 2009, par PHILIPPE BARRAUD
  3. Horizons et débats, 1er décembre 2008, N°48, Les neutres face au IIIème Reich: la Suisse non coupable, par Jean-Philippe Chenaux, p.7


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