Cobra (mouvement)

Cobra (mouvement)
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Cobra (graphie CoBrA) ou l’Internationale des Artistes Expérimentaux (IAE) est un mouvement artistique créé à Paris le 8 novembre 1948 au café de l'hôtel Notre-Dame par le poète Joseph Noiret et les peintres Karel Appel, Constant, Corneille, Christian Dotremont et Asger Jorn, en réaction à la querelle entre l'abstraction et la figuration. Ce mouvement publie la revue Cobra (1948-1951) avant de se dissoudre en 1951[1].

Sommaire

Origine

Son nom est l'acronyme de « Copenhague, Bruxelles, Amsterdam », du nom des villes de résidence de la plupart des membres fondateurs : Christian Dotremont, Jacques Calonne, Joseph Noiret, Asger Jorn, Karel Appel, Constant, Corneille, Pierre Alechinsky, Jan Nieuwenhuys, Pol Bury, Georges Collignon, Henry Heerup, Egill Jacobsen, Carl-Henning Pedersen, Jacques Doucet et Jean-Michel Atlan.

Les membres du mouvement Cobra répudient la culture rationaliste occidentale, dont la décomposition est devenue évidente, selon eux, au cours de la seconde guerre mondiale. Souhaitant s'abreuver aux sources premières de la création, ils vont chercher leur modèles auprès de formes artistiques non encore contaminées par les normes et les conventions de l'occident : les totems et les signes magiques des cultures primitives, la calligraphie orientale, l'art préhistorique et médiéval. Cependant ils découvrent des pans encore intacts de leur propre culture, dont telles formes, encore vigoureuses, de l'art populaire nordique, de l'art primitif, de l'art naïf, et des créations dues aux enfants ou à des handicapés mentaux. Pour eux, l'écriture est par ailleurs l'expression la plus directe du psychisme de l'individu. En fait les membres du mouvement Cobra militent en faveur d'une régression consciente, d'un retour aux images archétypiques qui, semble-t-il, demeurent enfouies au tréfonds du subconscient, ainsi que l'a montré l'enseignement du psychologue suisse Carl Gustav Jung, que beaucoup de lecteurs de leur génération admirent. L'expressionnisme qui apparaît immédiatement après la guerre, se situe dans le droit fil du surréalisme, contre lequel il représente, dans une certaine mesure, une réaction. Le surréalisme, qui prône l'exploration du subconscient, se répand comme une tache d'huile dans le monde entier au cours des années 1930, et contribue à grossir considérablement le répertoire des thèmes mis à disposition des artistes. La génération d'après guerre, en approfondissant le sujet, retrouve des strates mythiques et collectives de ce monde secret. Ses représentants substituent alors à l'automatisme, utilisé par les surréalistes comme moyen de révéler le subconscient, la spontanéité. Venus du surréalisme les artistes de CobrA rompent avec les communistes lorsque ces derniers optent pour le réalisme socialiste. Recherchant l'expérimentation et la vitalité, ils se rapprochent alors de la poétique libertaire. L'architecte néerlandais Aldo van Eyck[2] fut le scénographe des expositions majeures du groupe.

Le mouvement se dissout dès 1951, à cause, d'une part, de dissensions et de rivalités, et, d'autre part, de la maladie des deux promoteurs, Jorn et Dotremont. Cependant Christian Dotremont, animateur, théoricien, commentateur et secrétaire général du mouvement durant ses trois années d'existence, est resté pour les membres du groupe un lien entre eux. Ses idées ont influencé l'Internationale situationniste.

Principes idéologiques

  • Hostilité à l'égard du parisianocentrisme culturel (intransigeance d'André Breton), cf. René Magritte, période « vache »
  • Rejet du Jdanovisme artistique entretenu par le PCF : dispute avec « Les lettres françaises »
  • Reproche au surréalisme : la peinture (Joan Miró excepté) n'a presque jamais pratiqué l'écriture automatique ; la spontanéité immédiate est demeurée souvent intellectuelle, rarement physique (voir équivalent américain à la même époque : Jackson Pollock)
  • Effervescence de l'activité surréaliste en Belgique ; nombreux groupes divergents, dissidences, disputes… (cf. Le Surréalisme révolutionnaire, 1947)
  • Rôles personnels de Christian Dotremont et d'Asger Jorn comme organisateurs et animateurs
  • Intérêt pour les arts primitifs (art viking, calligraphie orientale, expressionnisme, art préhistorique, art médiéval), naïfs et populaires (créations d’enfants ou d’handicapés mentaux) ; et idée anti-élitiste que l’art doit être pratiqué par tout le monde, et non seulement par des « zârtistes ».
  • Influence du philosophe français Gaston Bachelard : psychanalyse de l’imaginaire créatif et des éléments fondamentaux (la terre, l’eau, le feu)

Caractéristiques

  • Liberté et spontanéité (cf. action painting) : rejet des théories préétablies
  • Primitivisme et violence recherchés
  • Anti-spécialisation (« pluridisciplinarité »! ) : le musicien peint, le peintre fait de la poésie, etc.
  • Travaux souvent collectifs : œuvres réalisées par plusieurs artistes associés
  • Volonté d’internationalisation : + Français, Tchèques, Africains, Russes

Principaux artistes

En Belgique

Le musée CoBrA pour l'art moderne à Amstelveen

Au Danemark

En France

Aux Pays-Bas

Grenouille et chat Karel Appel.

En Suède

Œuvres représentatives

« Un tableau n'est pas une construction de couleurs et de lignes, mais un animal, une nuit, un cri, un homme, ou tout cela en même temps. »

— signé CoBrA, in "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 117.

1950
  • Constant « La Guerre », huile sur toile[3]
  • Jacques Doucet « L'Oiseau sur la ville », huile sur toile[4]
  • Anders Osterlin « Rouge imaginaire », huile sur toile[5]
1951
  • Carl-Henning Pedersen « Paysage étoilée », aquarelle sur papier[6]
1952
  • Karel Appel « Gamine », huile sur toile[7]
  • Asger Jorn « La Ville dévastée », huile sur panneau[8]

Bibliographie

  • Cobra, réimpression en fac-similé de la collection complète des dix numéros de la revue, Paris 1980
  • Cobra, 1948-1951, catalogue du Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, Paris 1983
  • Jean-Clarence Lambert : Cobra, un art libre, Paris 1983
  • Willeminj Stokvis : Cobra, la conquête de la spontanéité, Paris 2001
  • Anne Adriaens-Pannier et Michel Draguet : Cobra, Bruxelles-Paris 2009

Notes et références

  1. "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 112
  2. Strauven (Francis), Aldo van Eyck, Amsterdam, Architectura et Natura, 1998, Strauven, p.123-142
  3. 99,5 x 60 cm. Staatliche Museen zu Berlin. Reproduction dans "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 115.
  4. 46 x 54 cm. Collection Sarah Niels, Bruxelles. Reproduction dans "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 116.
  5. 60,7 x 68,2 cm. MalmöArtmuseum. Reproduction dans "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 114.
  6. 31 x 48 cm. Reproduction dans "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 114.
  7. 100 x 50 cm. Ellen en Jan Nieuwenhuizen Segaar. Reproduction dans "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 112.
  8. 160 x 128 cm. Ellen en Jan Nieuwenhuizen Segaar. Reproduction dans "Connaissance des arts" n° 666, décembre 2008, p. 117.

Liens externes


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