- Club de l'hôtel de Massiac
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Le club Massiac est un lobby qui rassemble au XVIIIe siècle les grands planteurs blancs de Saint-Domingue et des petites Antilles, et qui tenait son nom de l'hôtel de Massiac où il se réunissait.
Le club Massiac a réussi à suspendre dans les colonies l'application de la Déclaration des droits de l'homme dont les principes abolissaient l'esclavage, et à différer de plusieurs mois la création à l'Assemblée d'un comité des colonies.
Sommaire
L'hôtel de Massiac
Louis-Claude-René de Mordant (1746 - 1806), qui se faisait appeler le Marquis de Massiac depuis qu'il avait hérité en 1770 de la fortune son grand-oncle le ministre de la Marine Claude-Louis d'Espinchal, marquis de Massiac[1], possédait cet hôtel, situé Place des Victoires à Paris où se réunit à partir de 1789 la société correspondante des colons, qui comprenait à l'origine 70 membres, tous propriétaires à Saint-Domingue ou aux Petites Antilles, et qui en comportera jusqu'à plus de 400 en 1791 lors du débat à l'Assemblée sur les colonies.
L'opposition à la Société des Amis des Noirs
Dès le 15 juillet 1789, une première assemblée des « colons résidant à Paris » s'était réunie à l'initiative de Louis-Marthe de Gouy d'Arsy afin d'obtenir la représentation des colonies à l'Assemblée et la création dans les colonies d'assemblées coloniales exerçant le contrôle politique local. Le club crée des sociétés de correspondance dans les ports. Il s'agit d'empêcher l'Assemblée de prendre des mesures entravant les intérêts des colons. Le club Massiac a été dominé par des personnalités comme celles de ce Gouy d'Arsy, issu de la noblesse et détenteur d'une immense fortune à Saint-Domingue, ainsi que par le Martiniquais créole Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry, théoricien du club.
Brissot rapporte dans ses mémoires la réponse de Louis XVI à Gouy d'Arsy, élu député de la noblesse Saint-Domingue aux États généraux, venu solliciter l’interdiction des séances de la Société des Amis des Noirs : "Ces pauvres noirs ont-ils donc des amis en France ? Tant mieux, je ne veux pas interrompre leurs travaux".
Le groupe s'appuie à l'Assemblée sur Malouet, Barnave, ainsi que sur Alexandre de Lameth.
Dans sa séance du lundi 8 mars 1790, le Sieur Barnave, rapporteur du Comité colonial, lit un rapport sur le travail de ce comité, puis soumet à l'Assemblée un projet de décret dont le préambule : "déclare que, considérant les colonies comme une partie de l'empire français et désirant les faire jouir de l'heureuse régénération qui s'y est opérée, elle n'a cependant jamais entendu les comprendre dans la Constitution qu'elle a décrétée pour le royaume, et les assujettir à des lois qui pourraient être incompatibles avec leurs convenances locales ou particulières." Suivent six articles qui indiquent le moyen pour chaque colonie de se doter de l'administration qui convient le mieux à sa prospérité et à celle de ses habitants en se conformant aux principes qui lient les colonies à la métropole en "assurant la conservation de leurs intérêts respectifs".
La réclamation de vingt sièges aux États-Généraux
En se fondant sur le poids démographique de Saint-Domingue, esclaves compris, la délégation prétend obtenir vingt sièges aux États Généraux. La représentation de Saint-Domingue est finalement ramenée à six, mais la question du statut des hommes a été posée, ouvrant une brèche dans l’édifice esclavagiste.
Après la révolte des esclaves de 1793, de nombreux planteurs fuient l'île et forment les communautés des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, où se déplace le centre de gravité du lobby des colons, avec des revendications de plus en plus axées aussi sur la culture. Louis-Marthe de Gouy d'Arsy a été guillotiné, mais d'autres orateurs et élus de Saint-Domingue, s'installent dans la capitale américaine de l'époque, Philadelphie, tels que Denis Nicolas Cottineau de Kerloguen.
Notes et références
- Par lettres patentes de décembre 1754
Voir aussi
Articles connexes
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