- Cheikh Saïd (Yémen)
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Cheikh Saïd
Image satellite du détroit de Bab-el-Mandeb avec la péninsule de Cheikh Saïd et l'île de Perim au centre appartenant au Yémen (en haut à droite) et faisant face à Djibouti (en bas à gauche).Localisation Pays Yémen Gouvernorat Ta'izz Coordonnées Géolocalisation sur la carte : Yémen
Détroit Bab-el-Mandeb entre la mer Rouge et le golfe d'Aden dans l'océan Indien modifier Cheikh Saïd est une péninsule du Yémen située dans le sud-ouest du pays, face à l'île de Perim, dans le détroit de Bab-el-Mandeb.
Sommaire
Histoire
Le territoire de Cheikh Saïd (ou Cheikh-Saïd) fut épisodiquement considéré comme colonie française entre 1868 et 1939, bien qu'il n'ait jamais été durablement occupé[1]. Selon le Larousse du XXe siècle (tome 2, 1929), sa population était estimée à un millier d'habitants pour une superficie de 1 620 kilomètres carrés.
Dès 1858, lorsque le projet d'ouverture du canal de Suez la France mais aussi des commerçants avisés, cherchent à se ménager quelque part dans la mer Rouge un port où des navires pourraient se ravitailler sur la route des Indes et de l'Afrique orientale. C'est dans ce contexte que des négociants marseillais, Bazin et Rabaud, achètent ces terres pour en faire un comptoir commerciel en décembre 1868 à un chef arabe local, le cheikh Ali Tabatt. La validité de cet achat fut confirmée le 7 juillet 1870 par le traité de Constantinople.
En 1869, un rapport au ministre de la Marine, soulignant la très bonne valeur du mouillage de Cheikh Saïd, précisait cependant que des travaux assez considérables et nécessitant de gros capitaux devraient être entrepris si la France voulait donner suite à la proposition de Messieurs Rabaud et Bazin d'occuper la concession pour le compte du gouvernement français. Il précise aussi, que la France pourrait difficilement s'établir dans une baie dont le principal abri naturel était l'île britannique de Périm qui n'était qu'à 5 ou 6 km de l'entrée de la lagune. Les établissements seraient complètement ouverts, sans défense possible. La France ne donna aussi aucun gage de protection au nom de la France aux négociants.
Le 24 avril 1870, un navire de Marseille, l'Union, sous le commandement du Capitaine Souchon appareilla pour la concession qui fut occupée le 30 mai. Le ministre de la Marine dépêcha sur les lieux le croiseur Bruat pour surveiller l'affaire sans trop s'y mêler directement. Mais il semble que ces fusiliers marins y construisirent quelques défenses, qui furent probablement abandonnées à la suite de la guerre franco-allemande quelque mois plus tard.
En août 1883, les négociants marseillais proposèrent surement à l'Espagne d'acquérir Cheikh Saïd. Tentant de faire pression sur Paris pour faire déclarer Cheikh Saïd terre française. Après de nombreuses discussions, le ministère de la Marine se demanda s'il ne serait pas avantageux pour le gouvernement français de se substituer aux droits de MM. Bazin et Rabaud afin de prévenir une acquisition par Madrid. Il ne sera pas donné suite à ce projet et les négociants marseillais seront donc libres de disposer de leur propriété.
En 1886, la compagnie Rabaud-Bazin finit par céder ses droits de propriété au gouvernement français. Par la suite, le territoire fut considéré comme une dépendance de la Côte française des Somalis, alors qu'il était occupé en réalité par les Turcs, puis par les Yéménites à partir de 1918.
La France avait acquis depuis 1862 le territoire d'Obock, dont les avantages étaient bien supérieurs à ceux de Cheikh Saïd. L'essor prodigieux de cette ville, avec la construction du chemin de fer franco-éthiopien et celle d'un port moderne, éclipsa complètement Cheikh Saïd qui, n'ayant jamais été occupé officiellement par la France, ne resta qu'une entreprise commerciale sans lendemain.
La souveraineté du Yémen sur Cheikh Saïd fut formellement reconnue par la France en 1939.
Anecdote
En janvier 1914, l'aventurier français Henry de Monfreid est chargé par le gouverneur de Djibouti de se rendre à Cheikh Saïd, afin d'y photographier un fortin qui serait occupé par une garnison turque : il y parvient, mais ses clichés ne montrent aucun soldat turc. Le 4 mai 1915, Monfreid écrit au ministre français des affaires étrangères : « La région de Cheikh Saïd semble logiquement être destinée à se rattacher à notre domaine colonial... à la fin du conflit avec la Turquie. »
Certains atlas[2] indiquaient toujours Cheikh Saïd comme territoire français dans les années 1950 et différents dictionnaires français firent mention de cette colonie jusque dans les années 1970[3].
Références
- (fr) M. Fallex, A. Mairey, La France et ses colonies (classe de première), Delagrave, 1926.
- Atlas Hachette, 1957, p. 73
- Petit Larousse éd. 1970, mentionné par André Nied.
Bibliographie
- Claudine Veillon, « L'affaire de Cheikh Saïd (1868-1914). Une tentative d'implantation française au Yémen », Cahiers du Gremamo (Groupe de recherches et d'études sur le Maghreb et le Moyen-Orient), X, 1991, p. 39-51.
Liens externes
- Ces colonies sur les bords de la Mer rouge dont la France n'a pas voulu (André Nied, ISC - CFHM - IHCC)
- Les négociants marseillais à Cheikh Saïd à la fin du XIXe siècle (ISC - CFHM - IHCC)
Catégories :- Géographie du Yémen
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