- Chasse de nuit
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La chasse de nuit est généralement interdite car il serait facile d'éblouir des animaux et de les tuer, au risque de mettre en péril la ressource cynégétique (la chasse à la lumière est un acte de braconnage).
Il existe quelques exceptions, comme en France, pour la chasse au gibier d'eau de nuit ; pratique légale ou récemment légalisée [1] dans certains départements français, notamment côtiers. Elle se pratique à partir d'installations nommées tonnes, huttes ou gabions selon les régions. Le principe consiste à faire poser des gibiers d'eau (canards et oies) sur l'eau à portée de tir (50 m environ).
Sommaire
L'installation
Depuis 2001, toutes les installations pour la chasse de nuit sont répertoriées et immatriculées. Aucune nouvelle immatriculation n'est délivrée dès lors, et le nombre d'installations par commune en France ne peut donc plus évoluer. Ces installations peuvent être de plusieurs types :
- tonne enterrée : sur les marais côtiers et/ou aménagés du Sud-Ouest (Gironde et Charente-Maritime surtout), les installations, souvent plutôt spacieuses et relativement confortables, sont enterrées au abords d'une mare de façon à avoir les créneaux (fenêtres d'observation et de tir) au niveau de l'eau ;
- tonne flottante / sur pilotis : sur les marais intérieurs non aménagés, soumis aux crues annuelles (Exemple : en Charente-Maritime, vallée de la Charente, de la Boutonne, de la Trézence), les installations sont plus modestes et spartiates. Elles se situent au-dessus du niveau de l'eau et au milieu des eaux. L'accès se fait le plus souvent en barque (propulsée à la piguouille notamment) ;
- hutte, dans le Nord ;
- gabion, en Normandie.
Liste des département ou la chasse de nuit est légale Départements[2] Nombre d'installations[3] Modalités particulières Aisne 101-500 - Ardennes 101-500 - Aube 101-500 - Aude 501-1000 - Bouches-du-Rhône 101-500 - Calvados 501-1000 - Charente-Maritime >1000 - Côtes-d'Armor <100 certains cantons Eure 101-500 - Finistère <100 certains cantons Haute-Garonne <100 certains cantons Gironde >1000 - Hérault 501-1000 - Ille-et-Vilaine <100 certains cantons Landes 501-1000 - Manche 501-1000 - Marne 101-500 - Meuse <100 certains cantons Nord >1000 - Oise 101-500 - Orne <100 - Pas-de-Calais >1000 - Pyrénées-Atlantiques 101-500 - Hautes-Pyrénées <100 certains cantons Seine-Maritime 501-1000 - Seine-et-Marne <100 - Somme >1000 - Faire poser le canard
Tout l'art de la chasse à la hutte ou de la chasse à la tonne au hutteau ou gabions [4] consiste à faire poser un canard sauvage, ou un vol de canards (ou d'oies) sauvages à proximité de l'installation. Pour y parvenir, le tonnayre (chasseur à la tonne) a recours à des artifices ou auxiliaires :
- Appelants (ou « appeaux ») : des canards sélectionnées pour leurs chants sont attachés devant la tonne selon une disposition particulière (selon la force et la direction du vent, la lune, la saison et les qualités spécifique de chaque appelant). Cette disposition particulière doit permettre de faire poser le canard sauvage exactement à l'endroit voulu. Le canard le plus souvent utilisé est le canard colvert (de souche plus ou moins domestique), mais certains utilisent également d'autres espèces à l'attache (canard siffleur, sarcelle d'hiver et canard pilet notamment). Des oies (de souche plus ou moins sauvage également comme les cendrées, rieuses ou encore des moissons) peuvent être utilisées. Le chasseur prend le plus grand soin de ses appelant toute l'année et plus particulièrement lors de l'attache (seul un canard en forme et à l'aise donnera le meilleur).
À titre d'exemple, en France, selon le recensement (Observatoire de la chasse de nuit [1]) mis à jour à l'occasion du plan "Grippe aviaire", dans un département tel que l'Oise, environ 4000 chasseurs chassent dans 144 huttes déclarées, avec l'aide de 5790 appelants (mi 2007) également déclarés[5]. Des départements littoraux comme celui du Pas-de-Calais en comptent beaucoup plus. En 2006, suite à plusieurs cas de H5N1 en France et en Europe, les appelants ont été autorisés s'ils n'étaient pas en contact direct avec les animaux sauvages, parqués à proximité de l'eau ou dans des cages maintenues au-dessus de la surface de l'eau. - Formes (ou « plastiques ») : des formes flottantes de canards sauvages permettent de simuler la présence de groupes de canards à proximité de la tonne. Ils attirent ainsi l'attention visuelle du canard sauvage et permettent, sur les grandes étendues d'eau, de délimiter les espaces de pose de ces canards.
Le guet et le tir
Le tonnayre guette toute la nuit la pose éventuelle de canards sauvages. Pour faciliter la vision des détails sur l'eau la nuit, il utilise une paire de jumelle a grande luminosité (7*50, 8*56 ou 9*63). L'eau reflétant la clarté du ciel, il est relativement aisé de voir les formes plus sombre des canards qui se découpent sur l'eau. L'écoute, la forme et le comportement de l'oiseau posé sont autant de critères d'identification utilisés par le chasseur. Une fois l'oiseau formellement identifié comme un gibier, le chasseur peut ajuster un tir à l'aide d'une arme de calibre 12 équipée d'une lunette de tir du même grossissement que les jumelles. Le canard, et plus encore l'oie, étant bien protégé par leur couche de plume, les charges tirées sont le plus souvent assez importantes (plomb n°2 à 4). Ainsi, 50 à 60 grammes de plomb pouvaient être envoyés par tir. Depuis juin 2006, ces munitions toxiques ont été remplacées par l'acier, le bismuth et le tungstène, moins denses et plus chères, avec des charges donc inférieures.
Des heures et des heures
Les heures les plus fastes pour la pose de canards sont celles suivant juste le coucher du soleil ("passée" ou "volée" du soir) et celles précédant son lever ("passée" ou "volée" du matin). Les nombreuses heures de guet infructueuses du chasseur durant les nuits d'hiver sont plus le fait d'une passion sans faille pour ce mode de chasse que l'assurance de prélever du gibier. Heureusement, le tonnayre prend généralement déjà bien du plaisir à entendre chanter ses appelants, à voir voler les oiseaux au petit jour et à goûter l'ambiance nocturne des marais, dont la faune est toujours en activité.
Dérives
Cette chasse traditionnelle et populaire des hommes du marais à qui ne restaient que les nuits pour chasser entre les jours de travail tend désormais en certains endroits vers le business cynégétique. Le prix d'une nuit de chasse dans une installation luxueuse, où sont fournis des appelants déjà mis en place, peut atteindre des sommes indécentes...
Au Québec
La chasse de nuit est interdite au Québec[6]. Elle doit se terminer 30 minutes après le coucher du soleil.
Références
- Rapport de Paul Baron sur l’observatoire de la chasse de nuit, rapport écrit dans le cadre du projet de loi chasse, rendu en juillet 2000 (diffusé à l'ONCFS, aux DDAF et aux DIREN)
- http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006833904&cidTexte=LEGITEXT000006074220&dateTexte=20080829&fastPos=78&fastReqId=658337107&oldAction=rechCodeArticle Article L424-5 du code de l'environnement
- http://www.chasse59.net/synth%C3%A8se%20d%C3%A9taill%C3%A9e%202005-2006%20(d%C3%A9finitive).pdf
- Dénominations retenues par l'article L 224-4-1 du code rural
- Source : Article du Parisien, 27 août 2007
- Ministère des ressources naturelles et de la faune du Québec
Liens externes
- ACGEVD.33
- La hutte virtuelle
- Chasse dans la vallée de la Boutonne
- Enquête ANCGE (appelants)
- Enquête ONCFS (prélèvements)
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