- Chasse-galerie
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La chasse-galerie est une légende qu'on retrouve dans différents pays avec plusieurs noms et des variantes locales. Il s'agit d'une des versions les plus répandues des « chasses fantastiques » ou « chasses aériennes ».
Sommaire
Autres noms
Article détaillé : Chasse fantastique.- Cache-hellequin, patois normand (terme employé dans le dictionnaire de Magène).
- Chasse volante (terme employé sur la Banque de dépannage linguistique panfrancophone et dans le Littré.
- Menée Hellequin ou mesnie Hellequin (Imago mundi).
Historique
Le texte suivant est tiré du Trésor de la langue française au Québec
- « Le mot chasse-galerie est un apport des parlers de l'Anjou, du Poitou et de la Saintonge où il est connu sous cette forme ou des variantes voisines comme chasse Gallery, chasse-galerit, chasse-galerite (v. FEW *captiare 2-1, 320a ; CormMauges ; RézOuest-1-2; TravPoit 136-138; FavrPoit, s.v. chasgalerie ; MussSaint, s.v. chasse galeri ; DoussTrav 457-458 ; relevé en outre dans TLF et Robert 2001). Le mot n'est attesté en France que depuis 1829 (peut-être depuis 1791, v. RézOuest-1), mais il est certainement arrivé au Canada dès le XVIIe siècle puisqu'il est bien implanté au Québec et en Acadie. Chasse-galerie est formé de deux éléments dont le premier, chasse, paraît employé avec sa valeur collective, « désignant les chasseurs, chiens et équipage de la chasse » (sens attesté depuis 1690 en français, v. FEW *captiare 2-1, 320a). Le second élément pose problème et a été interprété de diverses façons. On a notamment cru y voir dans le Poitou le nom d'un certain Gallery, seigneur impie qui aurait été condamné à chasser pour l'éternité dans le ciel parce qu'il avait chassé le dimanche pendant la messe. Cette hypothèse était confortée par le fait que, parmi les divers noms donnés aux chasses volantes, certains comportent comme second élément le nom d'un personnage historique (par ex. chasse Arthur, chasse Saint-Hubert, chasse Saint-Eustache) ; il s'agit de toute évidence ici d'une étymologie populaire. Galerie se rattacherait plutôt aux mots galier et gaille, connus autrefois en français ou dans des patois et qui signifient « cheval ». Cette explication est d'autant plus plausible que l'on retrouve dans les régions de France des appellations comme chasse-galière et chasse-gallère, où l'on reconnaît le même mot, ou chasse-galopine qui évoque le cheval (v. L. Sainéan, « La Mesnie hellequin », dans Revue des traditions populaires, t. 20, no 5, 1905, p. 177-186; RézOuest-1; Robert 2001).
- Depuis 1833, dans une énumération sous la plume d'un Français citant un informateur canadien : Nos souvenirs populaires, nos contes de vieilles, nos chansons, nos proverbes, nos superstitions, tout en nous est normand ou breton, m'écrit un homme politique du Bas-Canada. Les contes […] les chansons […] les histoires des Fifollets, de la Chasse Galerie, du Lutin qui fait trotter les chevaux, etc. ; ces contes, ces fadaises-là me font plaisir à entendre. (I. Lebrun, Tableau statistique et politique des deux Canadas, p. 267). Le sens donné au mot dans les exemples relevés au Québec correspond à ceux qu'on relève dans les parlers angevins, poitevins et saintongeais, soit « troupe infernale (damnés, diables, sorciers, etc.) supposée parcourir les airs durant la nuit » (RézOuest-2), « grand vacarme nocturne dans les airs, fait de hurlements, d'aboiements, de sifflements et de battements d'ailes » (DoussTrav 457), ou encore « chasse fantastique menée de nuit par des cavaliers galopant dans les airs » (MinVienne-2). Ce sens du mot est le seul à être noté au XXe siècle dans Dionne, GPFC et Bélisle-1-3 (« ronde nocturne des sorciers ou des loups-garous ») ; pourtant, Clapin relevait déjà le sens 03. en 1894. Cet état de fait peut révéler que la version européenne de la légende était la mieux implantée dans la région de Québec, où ont été réalisés ces dictionnaires, ce qui confirmerait ce qu'écrit Fréchette en 1894. »
Dans le monde
Chez les anglo-saxons
Les anglo-saxons appellent notamment cette légende The Wild Hunt ou The Bewitched Canoe. La seconde appellation sert à traduire bien précisément la chasse-galerie telle qu'on la connaît dans sa variété canadienne-française, l'autre terme étant beaucoup plus général.
En Acadie
Les Acadiens ont une histoire qui implique un manche de hache qui s'agrandit pour s'ajuster au nombre de passagers.
Au Québec
Il s'agit de l'histoire de bûcherons de la Gatineau qui font un pacte avec le diable afin de faire voler un canot pour qu'ils puissent rendre visite à leurs femmes. Il devront cependant éviter de blasphémer durant la traversée, ne point heurter le canot aux clochers d'une église et être de retour avant six heures le lendemain matin. Dans le cas contraire ceux-ci perdraient leurs âmes. La version la plus connue est celle écrite en 1900 par Honoré Beaugrand. Cette histoire remonte à la légende française d'un homme noble et riche qui aimait chasser. Il aimait tellement chasser, qu'un jour, il décida de ne pas aller à la messe du dimanche. Sa punition fut d'être condamné à errer dans le ciel, pourchassé par des chevaux galopants et des loups hurlants.
Au parc d'attractions La Ronde à Montréal, on retrouve La Pitoune, un manège basé sur cette légende, une statue du bateau avec les bûcherons et le diable y a également été érigée. La brasserie québécoise Unibroue s'est également servie de cette légende pour sa bière rousse[1] où l'étiquette illustre les bûcherons à bord de leur canot. Des colons français venus s'installer au Canada ont mélangé cette légende à l'un des mythes amérindiens à propos d'un canoë volant.
Dans la littérature
Le roman de Fred Vargas paru en 2011 a pour titre "L'armée furieuse". L'intrigue tourne autour de la Mesnie Hellequin.
Notes et références
Annexes
Liens externes
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