Catholicisme social

Catholicisme social

Le catholicisme social est une doctrine apparue après la Révolution française et au début de la Révolution industrielle, qui vise à promouvoir une politique sociale conformément aux enseignements de l'Église, ou même à bâtir une nouvelle société humaniste à base chrétienne, en opposition au libéralisme économique.

L'expression « catholicisme social » apparaît pour la première fois en 1890 mais ce courant de pensée est bien antérieur[1].

Sommaire

Première génération (1820-1825)

Le catholicisme social est né dans deux milieux : les milieux réactionnaires opposés aux libéralismes politique et économique et des milieux progressistes, attachés à la démocratie, mais rejetant le libéralisme économique.

Dans les milieux réactionnaires

Une partie des membres des milieux réactionnaires (monarchiste et catholique), opposé aux libéralismes politique et économique issus de la Révolution française estiment que l'exploitation des ouvriers est le résultat de l'abolition des corporations intervenue en 1791 (Loi Le Chapelier).

Cette première génération catholique sociale, touchée par le malheur des ouvriers et la pauvreté, veut apporter son aide et préconise la charité, et les Sept oeuvres de miséricorde, comme solution immédiate. On l'a accusé, plus tard, de paternalisme. A plus long terme, elle rêve du retour à un nouveau Moyen Âge idéalisé, monde de solidarité rurale, de solidarité au sein des corporations, de simplicité de vie, de proximité des classes sociales, etc. On peut citer à Lyon des personnalités intéressantes comme Blanc de Saint-Bonnet et Frédéric Ozanam.

Dans les milieux progressistes

Un milieu ouvert aux idées nouvelles, qui reprend les idées des libéraux et des socialistes pré-marxistes (ou utopistes) a développé une autre forme de catholicisme social qui, schématiquement, conserve les acquis du libéralisme politique, mais rejette le libéralisme économique. Il va développer un socialisme chrétien, pour sa part franchement républicain.

Les personnalités catholiques qui mettent l'accent en premier sur la pauvreté ouvrière sont :

Leur pensée inspire des auteurs multiples ; certains comme Alexis de Tocqueville n'hésitent pas à reprendre les développements liés à la charité pour en souligner la pertinence dans une société démocratique[2]

En 1848, Ozanam, Lacordaire et Buchez militent dans leur journal l'Ère nouvelle pour une prise en compte de la misère sociale.

Les années 1860-1880

Cette génération du catholicisme-social souligne désormais le manque de justice sociale, concept qui prime désormais sur la charité.

Ces idées se retrouvent dans les milieux conservateurs. Les grands penseurs de cette génération sont des nobles ou grand propriétaires, étrangers au monde industriel, qui préconisent une christianisation des masses. La résolution de problèmes sociaux est au service de cette christianisation. Leur solution est le retour aux corporations

Citons notamment :

Ce sont les œuvres de Mgr Ketteler qui permirent à Albert de Mun de découvrir sa pensée sociale, lors de sa captivité en Allemagne. Il fonda les cercles catholiques ouvriers (1871), fut l'inspirateur de la plupart des textes de loi sociaux de la IIIe République, et participa à l'élaboration de l'encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII (1891).

La troisième génération du catholicisme social, typiquement représentée par Léon Harmel paraît beaucoup plus réalistes car elle comprend et accepte mieux le monde industriel. Elle a trois principales revendications : un juste salaire, l'intervention nécessaire de l'État afin de contrecarrer la libre concurrence et l'utilité des associations professionnelles pour défendre les intérêts des ouvriers (syndicats chrétiens).

L'encyclique Rerum novarum de Léon XIII (1891)

Les idées de ces trois générations, parfois en contradiction, font monter la tension dans le monde catholique. L'intervention du pape Léon XIII, avec son encyclique Rerum novarum (qui entérine les propositions de la troisième génération) en 1891 marque la reconnaissance du catholicisme social par le Saint-Siège et la constitution d'une doctrine sociale officielle de l'Église catholique romaine.

Pour l'élaboration de son encyclique, Léon XIII s'est notamment appuyé sur les travaux de l'Union de Fribourg, un cercle catholique d'études sociales et économiques réuni de 1884 à 1891 autour de Mgr Mermillod, évêque de Lausanne et Genève, à l'inspiration notamment de René de La Tour du Pin.

Principaux mouvements catholiques-sociaux au XXe siècle

Les œuvres catholiques sociales, partis politiques ou syndicats, vont dès lors se multiplier, parfois en lien étroit avec l'Église :

En France

En France, on distingue :

Sur le plan politique :

Sur le plan religieux et social :

Sur le plan syndical avec la CFTC créée en 1919 par la fédération de plusieurs petits syndicats chrétiens antérieurs.

Voir aussi

Articles connexes

Idées et mouvements

Personnalités

Références

  1. Jean-Baptiste Duroselle, les débuts du catholicisme social en France 1822-1870
  2. Tocqueville, Mémoire sur le paupérisme, 1835; pour un commentaire Arnaud Coutant, Tocqueville et la Constitution démocratique, Mare et Martin, 2008

Sources

  • Comte de Montalembert, Du Devoir des catholiques, Bureau de L'Univers, Paris, 1843.
  • Henri Rollet, L'Action sociale des catholiques en France, 1871-1914, Desclée de Brouwer, Paris, 1958. 2 vol.
  • Jean Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, Editions ouvrières, Paris, 1964-1992. 41 vol.
  • Jean-Marie Mayeur, Catholicisme social et démocratie chrétienne. Principes romains, expériences françaises, Cerf, Paris, 1986. 289 p.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Catholicisme social de Wikipédia en français (auteurs)

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