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Carrière (juiverie)
Pour les articles homonymes, voir Carrière.Carrière (de l'occitan carriera qui signifie "rue") est un terme qui désignait la rue ou le quartier juif où résidait toute la population juive de certaines villes du Comtat-Venaissin [1]. Si les Juifs ont souvent préféré se rassembler dans une partie d'une ville pour pouvoir former le minyan de 10 hommes nécessaire à la prière et donc pour être proches de la synagogue, ils ont aussi été contraints de se limiter à des quartiers très exigus par l'Église qui voulait éviter le mélange des populations chrétiennes et juives.
Au Moyen Âge, la communauté juive est bien intégrée à la population, mais à partir du IVe concile de Latran, en 1215, des mesures discriminatoires sont établies dont l'obligation de porter des marques distinctives pour empêcher les unions mixtes[2].
Lorsque les Juifs sont chassés du royaume de France en 1394, beaucoup se réfugient au Comtat-Venaissin qui dépend non du roi de France mais du Pape. Celui-ci les tolère moyennant de nombreuses discriminations : interdiction de participer à des corporations donc d'exercer les métiers régis par celles-ci, d’employer des Chrétiens, de posséder des terres ou des immeubles, de prendre des repas en commun avec des chrétiens, etc... Le pouvoir ecclésiastique faisait tout pour les tenir à l’écart de leurs ouailles chrétiennes[1]. On peut noter ainsi l'interdiction faite aux Juifs de coucher hors de la Carrière sous peine de fouet (sauf permission spéciale de trois jours par mois pour affaires)[1].
En 1498, Charles VIII chasse les Juifs de Provence après l'annexion de cette province au royaume de France. Seules subsistent donc comme habitat juif en Provence les carrières du Comtat qui reste sous l'administration papale. Du XIVe au XVIIIe siècle, il en existait quatre à Avignon, à Carpentras, la plus importante, à Cavaillon et à l'Isle-sur-la-Sorgue[1].
Leur utilisation fut moins stricte au XVIIIe siècle et elles ont disparu à la Révolution. Le mot ghetto n’a jamais été utilisé avant leur disparition.
On peut encore en admirer les synagogues de Carpentras et de Cavaillon.
Politique des légats et vice-légats pontificaux
Dans une bulle du 22 février 1559, Pie V ordonne à son vice-légat d'expulser les juifs d'Avignon dans un délai de trois mois. Jean-Marie de Sala porte, de son propre chef, ce délai à deux ans ce qui lui vaut d'être démis et rappelé à Rome[3].
Le cardinal-légat d'Avignon, Francesco Barberini prend une mesure interdisant aux juifs de résider dans la ville de leur choix. Le 4 septembre 1624, il leur assigne comme résidence Avignon, Carpentras, Cavaillon et l'Isle-sur-la-Sorgue. Ce sont les quatre saintes communautés (Arba Kehilot en hébreu) des juifs comtadins[4].
Pour éviter les contacts nocturnes trop fréquents entre juifs et chrétiens d'Avignon, le vice-légat Jean Nicolas Conti, le 1er juillet 1656, ordonne de murer toutes les ouvertures de leur carrière[5].
Bibliographie
Philippe Prévot, Histoire du ghetto d'Avignon, Éd. Aubanel, Avignon, 1975, ISBN 2-7006-0056-8
Références
- ↑ a , b , c et d les Carrières sur judaicultures.info
- ↑ "Les Juifs du Pape protégés et prisonniers" sur www.tribunejuive.fr
- ↑ Philippe Prévot, op. cit., p. 29.
- ↑ Philippe Prévot, op. cit., p. 30.
- ↑ Philippe Prévot, op. cit., p. 22.
Articles connexes
Liens externes
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