- Canivet
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Dans le domaine de l'art religieux, Canivet est le nom donné à une « image pieuse » ou image sainte (« Santini » en italien) en vogue du XVIIe à la fin du XIXe siècle, illustrant un thème religieux. Les bords et parfois l'ensemble de l'image étaient souvent traités (ajourés) pour imiter la dentelle.
Le plus souvent, les motifs ciselés entourent une miniature peinte à l'huile, à la gouache ou aquarellée. Il s'agit d'un saint, d'une sainte, d'une scène de la bible ou des évangiles.
On trouve aussi des phrase de voeux ornementées de figues de fleurs, angelots peints à la main.
Dans les cas plus tardif, il peut s'agir d'une image gravée ou imprimée ou une lithographie.
Ces images précieuses, support de dévotion, étaient conservées dans les missels ou collectionnées dans des albums.Sommaire
Vocabulaire
Le canivet désigne également l'outil (lame ou point fine) qui permet le découpage. Ce mot est à l'origine de « canivetie » (l'activité consistant à collectionner des images pieuses) et de canivetiste (le collectionneur spécialisé dans ce domaine).
Iconographie
Les motifs sont[1]
- des arabesques,
- des rinceaux,
- des motifs floraux
- des imitations de points de dentelle,
- rangées de perforation faites par une aiguille ou d'un petit clou
- des motifs religieux (croix, ciboire, cœur du christ...)
- très rarement motifs profanes tels que coupes fleuries, vues de chasse, scènes galantes, portraits.
Histoire
Le découpage et la broderie sont deux tradition ancienne dans de nombreux pays, et notamment en Europe.
Le canivet qui est un découpage produisant un effet de broderie.Il serait est devenu populaire auXVIIe siècle, mais ses racines semblent bien plus anciennes, à rechercher dans le travail de nones françaises du XIIIe siècle.
Les canivets les plus anciens seraient plutôt grands (jusqu'à 40x30 cm). Ils n'étaient pas destinés à être transportés. Alors que ceux des XVIIIe et XIXe siècles plus petits pour atteindre au début du XXe siècle une taille d'environ 10x8cm.À l'origine le canivet est une image pieuse peinte sur du parchemin finement ajouré au moyen d'un canif très aiguisé (d'où le nom de canivet, mot dérivant du canipulum médiéval, petit couteau utilisé par les enlumineurs et copistes pour tailler leur plume d'oie et parfois utilisé pour décorer certaines pages de motifs incisés dans le parchemin). Plus tard, les artistes ont probablement aussi utilisé des emportes-pièce faits sur mesure ou peut-être des outils d'estampage empruntés aux artisans relieurs, travaillant le cuir, voire à des graveurs travaillant le cuivre ou à des orfèvres travaillant d'autres métaux.
Le matériau découpé était semble-t-il d'abord du parchemin (pergamano) parfaitement aplani (avant de devenir du papier, vélin ou un carton fin).Des éditeurs auraient déjà testé (des années 1500 à 1600) l'application de techniques de gravure d'imprimerie à des feuilles de papier ou de parchemin.
Des images religieuses ont ensuite été produites en séries sur papier, ainsi que des canivets, notamment et surtout dans les monastères de femmes, avant qu'au XIXe siècle il ne fasse l'objet d'une mode plus répandue. Des motifs abstraits, des arabesques et motifs baroques se mélangent aux motifs religieux traditionnels trouvés sur les autels, tabernacles, vêtements sacerdotaux et autres édicules et leurs broderies. Les motifs de broderie semblent souvent avoir inspiré les canivets. Au XVIIIe siècle la technique de gravure sur papier plié se développe, au détriment du parchemin plus cher et plus difficile à travailler. D'autres outils à estamper sont utilisés.
Bien qu'il existe des exemplaires signés, la plupart des religieuses expertes en gravure sur papier sont restées anonymes contribuant à conserver un halo de “mystère mystique” autour de leur œuvre. Le nomde Susanna Mayer de Augusta (1600-1674) est resté, fille de peintre et mère d'un autre peintre. Elle serait l'une de premières et plus expertes graveuses de parchemin de son temps.
Par la suite les découpages en dentelles se firent mécaniquement, notamment grâce à une technique de gaufrage avec perforation développée par l'éditeur français Bouasse-Lebel[2] au XIXe siècle, héritier de la maison Basset. D'autres éditeurs étaient Ch.Letaillé auquel ont succédé les Boumard et fils. Des canivets ont aussi été faits manuellement ou à la machine sur du papier calque.
Aujourd'hui des cartons perforés sont également utilisés pour produire des canivets manuellement[3].
L'imagerie religieuse est passée de mode à la fin du XXe siècle mais des papiers estampés/découpés sont encore utilisés pour des cartes de Noël ou en patisserie, comme élément décoratif de présentation, sous le gâteau. On les utilise aussi pour créer des motifs sur les gâteaux en les saupoudrant de cacao ou de sucre glace.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr)
Bibliographie
Expositions
IL y a eu une exposition de canivets organisée par le “Museo dei Beni Culturali Cappuccini” en 2004.
Références
- Objets d'hier, les vanivets, site dédié aux objets d'art populaire
- Maison Bouasse Lebel e Cie (9 rue du Pt Bourbon St Sulpice)
- Exemple de résultats obtenus avec le carton perforé
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