- Canaux de Mars
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Canaux martiens
La croyance en l’existence des canaux martiens dura de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle et marqua l’imagination populaire, contribuant au mythe de l’existence d’une vie intelligente sur la quatrième planète du système solaire. Leur observation, qui n’a jamais fait l’unanimité, relevait d’une illusion d'optique aidée par la qualité médiocre (selon les standards actuels) des optiques de l'époque. Il ne s'agissait en fait que d'une interprétation de très grandes traces rectilignes dont l'existence fut confirmée par l'observation, mais dont l'origine est considérée aujourd'hui comme géologique.
Sommaire
Naissance du mythe
Le terme italien de canale était utilisé dès 1858 par Angelo Secchi pour désigner ce qu’il pensait être de larges étendues d’eau comme Syrtis Major. En italien, le mot canale désigne aussi bien un canal artificiel qu’un chenal naturel[1]. Giovanni Schiaparelli fut le premier à observer à l’occasion de l’opposition de 1877 une formation rectiligne qu'il appela « canaux » (canali), sans s’avancer dans un premier temps quant à leur interprétation ; ils furent par la suite aperçus par d’autres. L’astronome irlandais Charles E. Burton en fit l’un des premiers croquis, puis ils apparurent sur des cartes martiennes, entre 60° N. et 60° S (région équatoriale).
Durant l’opposition de 1892, William Pickering observa depuis Arequipa des groupes de taches ou cercles noirs à leur jonction, évoquant des lacs. À l'occasion des oppositions de 1892 et 1894, la fonte des calottes polaires semblait s’accompagner d’un virage au verdâtre d'une partie importante de la surface. C’est Percival Lowell qui fut le promoteur principal de l’hypothèse des canaux d’irrigation. Il était convaincu de l'existence sur Mars d'habitants qui luttaient contre la sécheresse et la désertification en irriguant les terres jusque dans les régions équatoriales à partir de la fonte des calottes polaires, grâce à un système de pompes et d'écluses. Journaux et magazines relayèrent l’hypothèse. Il réalisa des cartes montrant les canaux et établit également en 1896 une carte de Mercure avec des canaux similaires à ceux de Mars. L'équipement de son observatoire en nouveaux instruments, notamment photographiques, permit à partir de 1905 d'obtenir des clichés relativement nets. Lowell distingua une quarantaine de canaux, puis par la suite jusqu'à 400, dont certains semblaient se dédoubler. Selon lui, il s'agissait de prévention en cas de trop haut débit. Il publia ses travaux sur Mars dans trois ouvrages : Mars (1895), Mars and Its Canals (1906) et Mars As the Abode of Life (1908).
Le mythe démonté
Néanmoins, dès 1894, certains émettaient des doutes sur la nature des « mers » martiennes et la présence d’eau sur la planète. Des astronomes comme Edward Barnard n'avaient d'ailleurs jamais observé les dits canaux. Le télescope Hubble montre juste quelques rares segments d'allure rectiligne[2] qui ont pu contribuer, par effet d'identification, à voir des canaux entiers.
En 1903, Joseph Evans et Edward Maunder entreprirent une expérience avec comme sujets de jeunes écoliers et montrèrent que ces canaux pouvaient être le résultat d’une illusion d'optique [3].
En 1907, le naturaliste et biologiste Alfred Russel Wallace publie Is Mars habitable?. En se basant sur les analyses spectroscopiques qui ne montrent pas de vapeur d’eau et les estimations de température et de pression, il conclut que Mars n’est ni habitée, ni habitable [4].
Eugène Antoniadi, à l’origine partisan de l’hypothèse des canaux, procéda à une observation depuis l’Observatoire de Meudon et vit bien des taches mais aucun réseau géométrique. Le 27 décembre 1909, il écrit que l’aspect de la planète Mars est naturel, comparable à celui de la Lune. [5]. La crédibilité de leur existence était sérieusement entamée et le monde astronomique n’en parla bientôt plus, bien qu’ils restent populaires auprès du grand public et que Lowell n’ait jamais renoncé à prouver la présence d’eau sur Mars. Cette existence ne sera établie qu'en 2008 par des sondes[6],[7].
Les photos de la surface martienne prises par la sonde spatiale Mariner 4 en 1965 avaient conduit entretemps à confirmer la sécheresse générale de la surface. Cette observation avait été complétée par les résultats de la sonde Viking faisant état d'une érosion d’écoulement attestée par un lit à sec[8], sans pouvoir à ce stade établir si le liquide impliqué avait ou non été l'eau.
Références
- ↑ (fr) (it) Définition de canale sur le dictionnaire Français-Italien Larousse.
- ↑ Lien vers une photo de Mars prise par le télescope Hubble
- ↑ (en)Joseph Evans et Edward Maunder (1903) "Experiments as to the Actuality of the 'Canals' observed on Mars", MNRAS, 63 (1903) 488.
- ↑ Is Mars habitable? A Critical Examination of Professor Lowell's Book "Mars and Its Canals," With an Alternative Explanation.
- ↑ Sur le nature des « canaux » martiens dans Astronomische Nachrichten, volume 183, p.221 (1910AN....183R.221A Page 221/222).
- ↑ http://www.levif.be/actualite/sciences-et-decouvertes/72-64-20846/la-nasa-confirme-la-presence-d-eau-sur-mars.html
- ↑ http://www.lefigaro.fr/sciences/2008/08/01/01008-20080801ARTFIG00238-il-y-a-bien-de-l-eau-sur-mars-.php
- ↑ http://www.astro.virginia.edu/class/oconnell/astr121/im/channels-color-smex.jpg
Sources
(en) Martian canal et Percival Lowell (13-02-2007)
Voir aussi
Liens externes
- (fr) Conclusions d'Eugène Antoniadi (1910)
- (fr) Les canaux sur le site Culture martienne : La planète Mars dans la culture populaire
- (fr) Les canaux de Mars, sur le site nirgal.net de Philippe Labrot.
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