- Brûlis
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L’agriculture sur brûlis (ou brulis[1] ou encore agriculture sur abattis-brûlis) est un système agraire dans lequel les champs sont défrichés par le feu qui permet un transfert de fertilité puis sont cultivés pendant une période brève pour être ensuite mis en jachère, le plus souvent forestière, à longue révolution (friche forestière)[2]. Existant depuis la préhistoire, cette agriculture extensive itinérante peut conduire à une dégradation durable des sols.
Sommaire
Chiffres dans le monde
Au début du XXIe siècle, selon les sources, elle serait encore pratiquée par 300 à 500 millions de personnes, essentiellement en zone tropicale humide, sur environ 1/3 de la planète (1 500 million d'hectares de terres arables, faisant de ce système agraire le mode d’exploitation le plus répandu de la zone intertropicale[3],[4]).
Principes
Le terroir, initialement forestier, est défriché en partie : les arbres sont coupés sommairement et laissés sur la parcelle (abattage) ou cette parcelle est débroussaillée (débroussaillage) ; les débris végétaux de la parcelle sont ensuite brûlés. Sur la parcelle ainsi libérée, l'agriculteur sème ses cultures sans labour. Au bout de 3 à 5 ans, la fertilité est épuisée et la parcelle est abandonnée à la friche : la mise en jachère, permettant la régénération forestière, dure de 5 à 15 ans. Une autre portion du finage est alors défrichée, et le cycle continue.
Cette technique ne nécessite qu'un outillage rudimentaire (hache), mais contrairement aux apparences, seule une faible part du carbone qui existait dans les arbres et la strate herbacée est transférée au sol, sous forme de charbon de bois (1,7 % de la biomasse forestière antérieurement présente, en zone tropicale). Le sol perd également rapidement une partie de son activité microbienne et de sa matière organique[5].
Évolution
Dans un système à l'équilibre, pour une année N, il y a trois parcelles cultivées :
- une défrichée en année N et semée
- deux autres défrichées en N-1 et N-2, dont les rendements sont plus faibles
Le reste de l'écosystème est en friche ou en forêt. Pour maintenir ce système, il faut environ 20 hectares de friche et forêt pour 3 hectares cultivés. Autrement dit, on laisse la forêt se régénérer sur 20 ans, puis on la brûle de nouveau pour l'exploiter 3 ans.
En cas d'accroissement de la population, ces systèmes peuvent entrer rapidement dans un cercle vicieux :
- Augmentation de la surface défrichée chaque année.
- ⇒donc diminution de la part de friche et forêt
- ⇒donc retour sur une parcelle cultivée auparavant plus rapidement
- ⇒donc diminution des rendements car la fertilité n'a pas été assez renouvelée
- ⇒donc augmentation de la surface cultivée pour compenser la baisse de rendement
etc.
À terme, en cas de pression trop importante, le brûlis peut aboutir à la disparition de la forêt. C'est notamment ainsi qu'a disparu une grande partie de la forêt méditerranéenne au Néolithique, laissant la place aux formations dégradées (garrigue, maquis).
Restauration de sols dégradés par l'agriculture sur brûlis
Article détaillé : Biochar.Article détaillé : Akira Miyawaki.Exemples
- Plateaux brésiliens
- Forêt équatoriale africaine. La forêt est défrichée pour les cultures de cacao notamment
- Méditerranée néolithique
- Au Moyen Âge, le brûlis était utilisé marginalement en Europe occidentale dans les parties les moins productives de l'écosystème (toponymes comme Essarts).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
Notes et références
- Orthographes recommandées par le Conseil supérieur de la langue française ». Consulté le 17.8.2009 Académie française, «
- (en), Rome : FAO, 209 p. (FAO Forestry Developement Paper n°12), 1957 Définiton de H.C. CONKLIN, dans Hanunóo agriculture : a report on an integral system of shifting cultivation in the Philippines
- (en) Giardina CP, Sanford RL, Dockersmith IC, Jaramillo VJ (2000) The eVects of slash burning on ecosystem nutrients during the land preparation phase of shifting cultivation. Plant Soil 220:247–260
- (en) Goldammer JG (1993) Historical biogeography of Wre: tropical and subtropical. In: Crutzen PJ, Goldammer JG (eds) Fire in the environment: the ecological atmospheric, and climatic importance of vegetation Wres. Wiley, New York, pp 297–314
- Fearnside PM, Lima PM, Graça A, Rodrigues FJA (2001) Burning of Amazonian rainforest: burning eYciency and charcoal formation in forest cleared for cattle pasture near Manaus, Brazil. For Ecol Manage 146:115– 128
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