- Bruxella 1238
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Pour les articles homonymes, voir Couvent des Récollets.
Bruxella 1238, est un site archéologique situé en plein centre de Bruxelles et mis au jour en 1988 à l’occasion de travaux de voirie.
Sommaire
Le couvent des frères mineurs
Les vestiges découverts sont ceux d’un couvent franciscains dits « frères mineurs » qui sera appelé plus tard couvent des frères Récollets, et qui a joué un rôle important dans l’histoire de la ville durant plus de cinq siècles. L’histoire de ce couvent disparu était en partie connue au travers d’archives et de représentations d'époque, mais on ignorait son emplacement exact. Les travaux de rénovation des alentours de la Bourse de Bruxelles à quelques dizaines de mètres de la Grand place furent donc l’objet d’attentions particulières. C’est sous la rue de la Bourse qui longe le bâtiment que les premiers murs sont découverts.
Quelques années seulement après la mort de François d’Assise (1226), les premiers franciscains arrivent à Bruxelles, alors ville marchande en pleine expansion. On trouve mention de leur présence en dehors des murs de la ville dès 1230. En 1238, ils s’installent au cœur de la ville en bord de Senne et entreprennent la construction d’une première chapelle. Ils prennent rapidement de l’importance dans la cité grâce à leur activité sociale envers la population. Ils obtiennent également les faveurs des ducs de Brabant puisqu’ils sont autorisés à bâtir un couvent et que dès la fin du siècle (1294), le duc Jean Ier sera inhumé sous le chœur de leur église.
Les Guerres de Religion provoquent la fermeture du couvent en 1579. Le chœur de l’église gothique ainsi que le tombeau de Jean Ier sont démolis, le chœur est reconstruit au moment de la Restauration catholique espagnole dans un style baroque. Le couvent est plusieurs fois agrandi au XVIIe siècle. Il bénéficie de l’intérêt des archiducs Albert et Isabelle, lesquels font exécuter à la gloire de Jean Ier, un monument funéraire surmonté de gisants représentant le duc et sa femme inhumée à ses côtés.
En 1695, le couvent est touché lors du terrible bombardement français ordonné par le maréchal de Villeroy. Une bonne partie des archives est perdue et les bâtiments gravement touchés, ils seront une fois encore reconstruits.
Un siècle plus tard, en 1796 c’est à nouveau des Français que viendra la destruction. Sous la domination du régime révolutionnaire, les couvents sont fermés et leurs biens vendus. Les franciscains quittent la ville et le couvent est détruit.
L’endroit devient le siège du marché au beurre, nom conservé par la rue qui le relie à la Grand Place et le souvenir des récollets s’estompe.
À la fin des années 1860 le centre-ville est le cadre de grand bouleversement, la senne est voutée, les boulevards du centre sont dessinés. Entre 1868 et 1873 est construite la monumentale Bourse de Bruxelles, symbole de la finance à l’emplacement occupé jadis par le couvent des frères mendiants.
L’emplacement choisi est l’un des derniers terrains non bâtis du centre, celui occupé par le marché au beurre que les autorités ne sont d’ailleurs pas mécontentes de voir quitter le quartier, le considérant comme insalubre. Le premier plan dessiné par l’architecte Léon-Pierre Suys comporte un bâtiment construit en largeur le long du boulevard, ce qui aurait eu pour conséquence de détruire entièrement les vestiges de l’ancien couvent. Le projet finalement retenu change l’orientation de l’édifice qui sera donc perpendiculaire au boulevard et encadré de deux nouvelles rues, les rues Maus et de la Bourse.
Les fouilles
Les fouilles, sous la direction du professeur Pierre Bonenfant de l’université libre de Bruxelles sont effectuées en urgence durant l’été 1988 par la Société royale d’archéologie de Bruxelles, en collaboration avec le service des fouilles de l’ULB.
Les investigations faites rue Maus, du côté sud de la Bourse ne donnent rien, La façade latérale sud de la Bourse coïncide probablement avec l’emplacement de l’ancienne façade de l’église de récollets. Par contre au nord, rue de la Bourse on découvre tout d’abord les fondations d’un mur d’enceinte du couvent puis de nombreux ossements humains à l’emplacement de l’ancien cimetière. Plus loin dans la rue, on identifiera l’emplacement du chœur de l’église orientée nord-sud et de l’autre côté, les traces de bâtiments conventuels.
Le niveau du sol de l’époque de la construction de l’église est identifié à 1 mètre 40 sous le niveau actuel. Le site présente un enchevêtrement de murs d’époques différentes, les matériaux, des pierres blanches des fondations aux briques et les styles des différentes pierres sculptées retrouvées du gothique au baroque, témoignent de l’histoire mouvementée des lieux. Le chœur est occupé par une succession de caveaux funéraires qui ont abrité les sépultures de personnages illustres de différentes époques, au centre celui de Jean Ier, duc de Brabant et de Basse-Lotharingie. Un puits probablement creusé par les marchands du XIXe siècle est toujours connecté à la nappe phréatique. Près du boulevard, sous l’ancien cloître ont été découvertes les tombes des moines contenant encore plusieurs squelettes complets en connexion anatomique. De nombreux tessons de poteries permettent de retracer toute l’histoire de la céramique de la simple terre cuite à l’évolution des vernis et l’apparition des grès.
Le musée de site, Bruxella 1238
L’exploration du site ne se fait pas sans difficultés. Les historiens et archéologues ont tout d’abord bien du mal à convaincre les autorités de l’importance historique des lieux et du potentiel de découvertes qu’ils représentent. Les recherches débutent dans une cohabitation difficile avec les pelleteuses du chantier. Le hasard du calendrier fait opportunément stopper les travaux de voiries pour les « congés du bâtiment » de juillet. Cette période de répit sera bien sûr mise à profit par les chercheurs. Les premières découvertes et l’intérêt croissant de la population qui ne cesse de se presser aux abords du site incite le bourgmestre de Bruxelles-ville à apporter son soutien aux fouilles.
Il sera ensuite décidé par le conseil communal de créer un musée de site accessible au public. Les moyens budgétaires se faisant attendre il faudra plusieurs années pour concrétiser le projet, période durant laquelle les découvertes seront protégées par de simples bâches offertes par un commerçant. Le musée sera finalement inauguré en 1993 grâce entre autres au mécénat d’une compagnie d’assurance. La partie centrale au-dessus du chœur est recouverte d’une verrière qui rend les vestiges visibles des passants. Les visites guidées se font en empruntant des passerelles métalliques et un système de climatisation maintient une température et un degré d’humidité constants évitant toute dégradation.
Actuellement, malgré son intérêt historique, sa visibilité dans un endroit de passage et les moyens importants mis en œuvre pour son aménagement et sa préservation, le site reste méconnu tant des Bruxellois que des nombreux touristes qui s’interrogent en le longeant. En l’absence de panneaux explicatifs et en raison des conditions restrictives de visites (en dehors des réservations, un seul jour de visite mensuel), Bruxella 1238 reste largement sous-exploité.
Voir aussi
Liens externes
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