- Élection présidentielle de janvier 1920
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L'élection présidentielle française du 17 janvier 1920 voit la victoire de Paul Deschanel. Le président du Conseil, Georges Clemenceau, s'étant retiré après le vote préparatoire des républicains du 16 janvier, Paul Deschanel est élu sans adversaire le lendemain, obtenant la plus large majorité au Parlement lors d'une élection présidentielle sous la IIIe République.
Sommaire
Contexte
En janvier 1920, le président du Conseil, Georges Clemenceau, qui aspire à une retraite paisible, accepte que des amis soumettent sa candidature à la présidence de la République, alors que le président sortant, Raymond Poincaré, refuse de se représenter. C'est par orgueil que Clemenceau ne se propose pas lui-même, et n'est pas formellement candidat.
L'élection du 17 janvier 1920 semble gagnée d'avance par le radical Georges Clemenceau, auréolé de la victoire de 1918. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévues pour « le Tigre ». Il commet la faute de narguer Aristide Briand, dont il n'avait guère apprécié la conduite de la Première Guerre mondiale, en assurant que ce dernier « va battre la semelle pendant sept ans devant l'Élysée ». Ses nombreux ennemis, à gauche comme à droite, s'accordent alors pour soutenir la candidature de son adversaire, le centriste Paul Deschanel.
Socialiste indépendant, le député Briand s'attache à convaincre la droite catholique du danger que poserait le « père la Victoire », anticlérical notoire, à la présidence de la France : un président si vieux, ce serait selon lui la perspective de « superbes obsèques civiles »[1]. Par ailleurs, Clemenceau est hostile au rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican, ce qui fait craindre à la droite catholique la remise en cause du Concordat en Alsace-Lorraine[1]. Briand va jusqu'à rencontrer Monseigneur Ceretti, représentant officieux du Vatican à Paris, pour qu'il soutienne la candidature de Paul Deschanel[1].
La SFIO, elle, n'apprécie guère le « premier flic de France », dont le nom reste attaché à la répression énergique des grèves, notamment celle de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges, en 1908.
Le vote préparatoire du 16 janvier
Selon la tradition républicaine, le 16 janvier 1920 a lieu un vote préparatoire, au sein du groupe républicain, à l'Assemblée nationale. À la surprise générale, Paul Deschanel, candidat pour la quatrième fois en 20 ans, devance de neuf voix son adversaire de toujours — ils s'étaient affrontés en duel à l'épée lors de l'affaire de Panama — : 408 voix se portent sur Paul Deschanel contre 389 pour Clemenceau[1]. Si la droite catholique n'est pas invitée à ce vote préparatoire, puisqu'elle n'appartient pas au camp républicain, elle est néanmoins représentée par une partie des républicains de centre-droit. De l'autre côté, les socialistes de la SFIO sont bien présents, en tant que représentants de gauche du camp républicain.
Amer, Georges Clemenceau, 78 ans, retire alors à ses amis (Georges Wormser, etc.) l'autorisation de poser sa candidature, et prévient le président de l'Assemblée nationale, Léon Bourgeois, que s'il était élu sans son accord, il refuserait le poste.
L'élection du 17
Candidats Appartenance politique Unique tour Paul Deschanel ARD 734 voix (84,56 %) Charles Jonnart ARD 64 voix (7,37 %) Georges Clemenceau Radical 53 voix (6,11 %) Divers - 17 voix (1,96 %) Le 17 janvier 1920, le président modéré de la Chambre des députés, Paul Deschanel, remporte l'élection présidentielle à une très large majorité (734 voix sur 868 suffrages exprimés). 53 parlementaires ont tout de même voté pour Georges Clemenceau, malgré son absence de candidature. Le lendemain, le président du Conseil présente la démission de son second gouvernement[1].
Georges Clemenceau décide alors de quitter la vie politique. Aux États-Unis, le New York World écrit : « La défaite de Clemenceau ne fait pas honneur à la France », tandis que le Premier ministre britannique, David Lloyd George, déclare en privé : « Cette fois, ce sont les Français qui ont brûlé Jeanne d'Arc ! »[1].
Paul Deschanel prend officiellement ses fonctions le 18 février 1920, mais démissionne sept mois plus tard, et une nouvelle élection se tient en septembre 1920.
Notes et références
- Michel Winock, Clemenceau, éd. Perrin, 2007, pp. 494-496
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