- Wahid Gordji
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Wahid Gordji est un diplomate iranien, impliqué dans la « guerre des ambassades » entre la France et l'Iran à la fin de l'année 1987.
À cette époque, la tension est forte entre les deux pays : une série d'attentats se produit en France, et des prises d'otage se multiplient au Liban de la part du Hezbollah envers des ressortissants français, un des enjeux étant la libération d'Anis Naccache. L'escalade se poursuit avec la mise en cause de diplomates de part et d'autre. Cette crise provoque la rupture des relations diplomatique entre l'Iran et la France en juillet 1987.
Wahid Gordji est à ce moment officiellement simple traducteur à l'ambassade d'Iran à Paris, officieusement numéro deux de cette ambassade, chargé de monter des réseaux islamistes en France tout en négociant la normalisation des relations entre les deux pays. Il ne dispose pas de l'immunité diplomatique.
Dans le cadre de son enquête sur les attentats de 1986 (dont l'attentat de la rue de Rennes), le juge d'instruction Gilles Boulouque met en cause Wahid Gordji, qui a fréquenté Mohamed Mouhadjer et Fouad Ali Saleh.
Le juge demande son arrestation le 2 juin 1987. Le lendemain, les policiers ne le trouvent pas à son domicile : Wahid Gordji s'est réfugié à l'ambassade d'Iran, qui est mise sous surveillance. Le 2 juillet, l'affaire est rendue publique par les iraniens au cours d'une conférence de presse, qui affirment qu'un diplomate français Didier Destremeau l'a prévenu à temps[1]. Le 13 juillet, Jacques Chirac prévient les Iraniens que Wahid Gordji ne pourra rentrer en Iran qu'après avoir été entendu par la justice. Le 14 juillet, les diplomates français à Téhéran sont pris en otage, ce qui provoque le 17 la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
Charles Pasqua, qui négocie avec les Iraniens le sort des otages français au Liban, propose Wahid Gordji comme monnaie d'échange. Le 28 novembre, deux otages, Roger Auque et Jean-Louis Normandin, sont libérés par le Hezbollah. Le lendemain, Wahid Gordji est entendu par le juge Gilles Boulouque qui ne retient aucune charge contre lui, puis est immédiatement expulsé vers l'Iran, ce qui déclenche une série de protestations internationales.
Cet échange est le sujet d'une vive controverse entre Jacques Chirac et François Mitterrand durant le débat télévisé du second tour de l'élection présidentielle de 1988, François Mitterrand affirmant « dans les yeux » que Jacques Chirac lui aurait dit avoir des preuves de la culpabilité de Wahid Gorji, ce que ce dernier nie. Une seconde conséquence de cet échange est le suicide en décembre 1990 de Gilles Boulouque, dont l'indépendance est mise en cause.
Sources
- France : Les démons de l'islamisme », Aujourd'hui le Maroc, 25 janvier 2005 «
- Serge Raffy et Charles Villeneuve « L'histoire secrète d'une escalade », Le Nouvel Observateur, 24 juillet 1987, p. 25–27
Voir aussi
Catégories :- Relations entre la France et l'Iran
- Diplomate iranien
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