- Voile à corne
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La voile à corne, est une voile aurique qui tient son nom de la vergue qui s'appelle corne ou pic. L'extrémité inférieure de cette corne, appuyée au mât, pivote selon l'axe du mât. Généralement bordée d'une bôme, la voile à corne peut donc être établie tribord amure ou bâbord amure sans présenter un côté moins performant, car déformé par le mât, et donc sans devoir gambeyer après un virement de bord comme pour la voile au tiers.
Sommaire
Description
La corne est articulée sur le mât par un sabot appelé encornat (ou mâchoire de corne). En sécurité, et pour faciliter les manœuvres, il est parfois fermé sur l'arrière du mât par un lien constitué de petites billes en bois appelés "pommes de racage", souvent en buis, et enfilées sur un bout (visible sur la photo).
Pour hisser la voile à corne, deux drisses sont nécessaires : la drisse de grand-voile et la drisse de pic.
La voile aurique à corne était très en faveur sur les voiliers de travail européens comme les cotres, les sloops et les dundees, car elle permettait de disposer d'une force propulsive importante avec une système simple, tant à hisser qu'à régler et peu coûteux à fabriquer et réparer. De plus, si elle était bômée, la voile étant retenue sur trois côtés, il était possible de compenser la déformation des tissus qui la composaient (coton traité, majoritairement) et qui n'avaient pas la tenue des matériaux modernes.
Elle était également utilisée aux États-Unis, sur des bateaux comparables aux bâtiments de travail européens où elle était concurrencée par la voile triangulaire, tendue par un tangon nommé leg-of-mutton (jambe de mouton) équipant les sharpies pour l'ostréiculture.
Les voiles à corne sont typiques des goélettes où la misaine et la grand-voile portaient également parfois le nom de « goélette avant » et « goélette arrière ».
Les propriétaires de voiliers de course, qu'ils soient européens ou américains, ont cherché à améliorer la performances de leur voilure. Le passage du gréement aurique à corne à la voilure marconi d'origine bermudienne s'est fait avec des difficultés similaires en Europe et aux États-Unis. Le gréement intermédiaire adopté est celui du type houari[réf. souhaitée], à corne plus apiquée.
Voile à corne de type houari
Article détaillé : Voile houari.Les régatiers français furent parmi les premiers à adopter le gréement houari, à la corne très apiquée, ou pratiquement hissée dans le prolongement du mât. Les clippers d'Argenteuil, avant 1870[1] et les houaris marseillais à la grand-voile presque triangulaire en sont des exemples. Les essais infructueux effectués en Europe et aux États-Unis pour obtenir des mâts d'un seul tenant assez résistants, prolongèrent l'utilisation de la voile houari sur les petits voiliers de course et de la voile à corne sur les grands. Le géement marconi, ou bermudien, ne devient courant qu'après la Seconde Guerre mondiale[2].
Si l'on se réfère à Bonnefoux et Pâris dans leur Dictionnaire de la marine à voile, la voile houari n'est pas à strictement parler une voile à corne : les voiles d'un Houari, (en anglais wherry) sont des voiles triangulaires, portées par des voiliers anglais du même nom, dont la partie supérieure est enverguée sur un bâton accolé au mât et se relevant dans la même direction[3].
Dans l'usage courant, bien qu'une voile houari soit presque toujours enverguée sur une corne, on distingue le gréement houari d'un gréement aurique, l'habitude ayant rendu synonymes « voile aurique à corne » et « voile aurique ».
Voile à corne sans corne
Cette coupe de grand-voile possédant une têtière maintenue par des lattes forcées et dont le profil est quadrangulaire et non plus triangulaire est qualifiée de voile à corne[4],[5],[6]. Il n'y a pas d'espar de type corne, mais un jeu de lattes permettant théoriquement de procurer un meilleur rendement à la voile. Particulièrement utilisée sur les voiliers de la classe IMOCA, les Classe Mini et autres bateaux de jauges à restrictions, cette forme de grand-voile « à corne » se rencontre aussi sur des monotypes comme le catamaran Tornado, ou le Vaurien depuis 2008.
Notes et références
- Daniel Charles, Les chasseurs de futurs, page 61
- Daniel Charles, Les chasseurs de futurs, page 62
- Edmond Pâris et Pierre de Bonnefoux, Dictionnaire de la marine à voile [détail des éditions], à l'entrée Houari
- Article de Voiles et Voiliers mentionnant une voile à corne
- Expression voile à corne employée par le cabinet d'architectes Finot-Conq
- Tornado pour les Jeux olympiques de 2004) : « La classe règle les questions techniques à l'aide d'un foc autovireur [..] et d'une grand-voile à corne plus puissante pour compenser l'augmentation du couple de redressement [..] », p. 69 Jean-Yves Poirier, Le Tornado, un catamaran d'exception, « Le catamaran polyvalent cède aux sirènes de la compétition », Chasse-Marée No 215, (au sujet des modifications de la jauge de la classe
Bibliographie
- Daniel Charles, Corine Renié, Conservatoire international de la plaisance, Yachts et Yachtsmen : les chasseurs de futurs : 1870-1914, Ed. Maritimes et d'Outre-mer, Vitoria, 1991 (ISBN 2-7373-0577-2)
- Le Chasse-Marée, Guide des gréements - Petite encyclopédie des voiliers anciens, Le Chasse-marée/ArMen, 1996 (ISBN 978-2-903708-64-1)
- Edmond Pâris et Pierre de Bonnefoux, Dictionnaire de la marine à voile [détail des éditions]
- Dominique Buisson, Encyclopédie des voiliers, Edita, Lausanne, 1994 (ISBN 2-88001-295-3)
- Georges Devillers, Matelotage et voilerie, Le Chasse-Marée/ArMen, Danona, 1997 (ISBN 9782903 708757)
- Yves Gaubert, Bateaux traditionnels français - Reconstitutions et répliques, Le Chasse-Marée/ArMen, Tours, 1998 (ISBN 2-903708-82-7)
- Jean Le Bot, Les bateaux des côtes de la Bretagne aux derniers jours de la voile, Glénat, 1990 (ISBN 2-7234-1185-0)
Voir aussi
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