- Tous les matins du monde (film, 1991)
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Tous les matins du monde est un film français réalisé par Alain Corneau et sorti sur les écrans en 1991. Il est tiré d'un roman éponyme écrit par Pascal Quignard, qui retrace la vie du compositeur français du XVIIe siècle, Marin Marais, et ses relations avec un autre compositeur contemporain, Monsieur de Sainte-Colombe.
Sommaire
Synopsis
Sur la fin de sa vie, Marin Marais, violiste du XVIIe - XVIIIe siècle, se remémore ses souvenirs de jeunesse et en particulier son apprentissage de la viole de gambe auprès de son maître monsieur de Sainte Colombe et de ses deux filles, Madeleine et Toinette.
1672, dans la campagne près de Paris. Marin Marais, un adolescent gauche de 17 ans, se présente à Monsieur de Sainte-Colombe, un maître gambiste connu pour son austérité (il est janséniste) et sa sévérité : il voudrait devenir son disciple. Sainte-Colombe, bien que vivant retiré du monde, est connu pour sa virtuosité et pour ses innovations techniques (tenue de la viole et de l'archet, addition d'une septième corde pour obtenir les notes plus basses).
Le jeune Marais raconte son histoire d'une voix sourde : « il était membre d'une chorale paroissiale mais lorsque sa voix a mué, il en a été chassé alors que son ami Michel-Richard de Lalande, qui n'a pas mué, est resté dans la formation... Il ne veut pas devenir cordonnier comme son père. Il est doué pour la viole de gambe... ». Le maître, après avoir écouté le jeune homme jouer une improvisation sur une Folia de l'époque lui annonce froidement : "Je ne pense pas que je vais vous admettre parmi mes élèves." Devant l'étonnement de Marin, il ajoute brutalement : "Vous faites de la musique, Monsieur, vous n'êtes pas musicien." Marin jouera alors un aria de sa composition, qui émouvra le vieux maitre. Finalement, Monsieur de Sainte-Colombe l'acceptera un mois plus tard, moins pour son art que pour son histoire tragique..
Les deux filles du maître (en particulier Madeleine, l'aînée) sont émues par l'arrivée du jeune homme dans la gentilhommière désolée par la mort subite, quelques années auparavant, de Mme de Sainte-Colombe. D'ailleurs, depuis, le maître (qui a refusé d'aller jouer de la viole devant le roi Louis XIV), passe ses journées seul dans une cabane au fond du jardin, travaillant inlassablement son art et recevant parfois la visite de sa défunte épouse : il a fait peindre par Lubin Baugin la table (portant un verre de vin, une bouteille clissée et une assiette d'oublies) derrière laquelle l'apparition s'assied pour l'écouter jouer.
Pendant que le maître s'absente de ce monde, son élève et Madeleine, sa fille aînée, s'aiment. Quand Monsieur de Sainte-Colombe annonce à Marais qu'il ne peut (veut ?) plus rien lui apprendre, le jeune homme va offrir ses services à Jean-Baptiste Lully, directeur de l'Académie royale de musique, qui l'engage. Marais revient chez les Sainte-Colombe habillé en blondin de cour : rhingrave, rouge aux lèvres, perruque blonde; quand il conte comment il est fêté à Versailles, Sainte-Colombe en fureur fracasse la viole du virtuose mondain contre la cheminée et le chasse hors de sa vue. Marais revient cependant, à l'insu du maître, prendre des leçons particulières de Madeleine; elle l'introduit même sous la cabane de Sainte-Colombe pour qu'il puisse continuer à s'inspirer des thèmes, des ornements inédits et du jeu inégalable du vieux musicien.
L'ascension de Marin Marais dans le milieu musical de la cour continue et il s'éloigne de plus en plus de l'austère maison campagnarde. Il annonce finalement à Madeleine qu'il ne reviendra plus car "il a vu d'autres visages". Elle s'alite alors, accouche d'un enfant mort-né et tombe en cachexie.
Au fil des années, le mutisme de monsieur de Sainte-Colombe s'accentue. Il refuse à Madeleine, confinée au lit, de lui jouer « La Rêveuse », un morceau que Marais avait composé pour elle autrefois. Sainte-Colombe sentant néanmoins sa fille approcher de mort, envoie un billet à Marais lui mandant de venir à son chevet. Celui qui est devenu un musicien bien en cour dirige à Versailles l'orchestre de chambre du roi, en battant impérieusement la mesure de sa canne (comme le faisait Lully) quand on lui apporte le billet; il refuse tout net de se déplacer mais son battu se dérègle... Il finit par monter en carrosse pour aller chez les Sainte-Colombe. Madeleine, devenue grabataire, réalise en le revoyant qu'elle a aimé passionnément et tout donné à un cynique égoïste, qui ne sait que s'étonner de la décrépitude où est elle est tombée. Marais s'en va après avoir joué pour Madeleine. Elle se pend au baldaquin de son lit après son départ (avec des lacets de chaussures offertes par Marin Marais).
Dans les années suivant la mort de Madeleine, Marais, pourtant devenu chef d'orchestre de la musique du roi, continue à espionner Sainte-Colombe mais une nuit, le vieux maître se lamente, seul, et Marais se découvre. Ému par l'approche de la mort et le repentir du jeune virtuose, Sainte-Colombe lui pardonne et accepte de lui donner "sa première leçon". Il donne à Marais son recueil de compositions et, en jouant avec lui, lui dévoile ses secrets. On apprend à la fin du film que le titre provient de l'aphorisme : « Tous les matins du monde sont sans retour ».
Contexte de l'époque
Jean de Sainte-Colombe (qui a pour élève Marin Marais), est un partisan du très austère jansénisme, plus exactement, il était en faveur de Port-Royal-des-Champs.
Fiche technique
- Date de sortie : 18 décembre 1991 (France)
- Film français
- Réalisation : Alain Corneau
- d'après le roman de Pascal Quignard aux Editions Gallimard
adaptation Alain Corneau et Pascal Quignard
dialogue Pascal Quignard - Musique : Jordi Savall (Marin Marais, Sainte-Colombe, Jean-Baptiste Lully, François Couperin...)
- Directeur de la photographie : Yves Angelo
- Décors : Bernard Vézat
- Costumes : Corinne Jorry
- Monteuse : Marie-Josèphe Yoyotte
- Assistante monteuse : Florence Ricard
- Maquilleur : Jean-Pierre Eychenne
- Ingénieurs du son : Pierre Gamet, Gérard Lamps, Anne Lecampion et Pierre Verany
- Scripte : Hélène Sebillotte
- Conseiller musical : Jean-Louis Charbonnier
- Production : Jean-Louis Livi
- Producteur exécutif : Bernard Marescot
- Production : Film Par Film ; D.D. Productions ; Dival Films ; SEDIF et FR3 Films Production avec les participation du Centre National de la Cinématographie et de Canal +
- Distribution : Bac Films, France
- N° de visa : 75581
- Couleur
- Format du son : Dolby
- Format de production : 35 mm
Distribution
- Jean-Pierre Marielle : Monsieur de Sainte-Colombe
- Gérard Depardieu : Marin Marais
- Anne Brochet : Madeleine
- Guillaume Depardieu : Marin Marais jeune
- Carole Richert : Toinette
- Michel Bouquet : Lubin Baugin, le peintre
- Jean-Claude Dreyfus : L'abbé Mathieu
- Yves Gasc : Caignet
- Yves Lambrecht : Charbonnières
- Jean-Marie Poirier : Monsieur de Bures
- Myriam Boyer : Guignotte
- Violaine Lacroix : Madeleine, jeune
- Nadège Téron : Toinette, jeune
- avec la participation de
Caroline Sihol : Madame de Sainte-Colombe
Musiques
- Musiques dirigée et interprétée par Jordi Savall :
- Une jeune fillette : traditionnel, arrangement Jordi Savall
- François Couperin : Troisième leçon de ténèbres à 2 voix
- Jean-Baptiste Lully : Marche pour la cérémonie des turcs (issue de la comédie-ballet Le Bourgeois gentilhomme de Molière)
- Marin Marais : le Badinage, la Rêveuse, l'Arabesque du quatrième livre de pièces pour violes, les Folies d'Espagne et Tombeau pour M. de Sainte Colombe du second livre, Muzette I et Muzette II du troisième livre, la Sonnerie de Sainte Geneviève du Mont-de-Paris des pièces en trio
- Sainte Colombe : les Pleurs, concert à deux violes le Retour, Gavotte du Tendre
- Monsieur de Sainte-Colombe, le fils : Prélude en sol mineur (plus improvisation de Jordi Savall), Fantaisie en mi mineur, arrangement Jordi Savall.
Interprétées par Le Concert des Nations; Jordi Savall (basse de viole, direction); Montserrat Figueras (soprano), Maria Cristina Kiehr (soprano), Rolf Lislevand (théorbe), Christophe Coin (basse de viole), Pierre Hantaï (clavecin), Jérôme Hantaï (violon).
Récompenses
- Box Office France : 2 107 197 entrées
- César du cinéma 1992
- César du meilleur film :
Tous les matins du monde, réalisé par Alain Corneau - César de la meilleure actrice dans un second rôle :
Anne Brochet - César du meilleur réalisateur :
Alain Corneau - César de la meilleure musique :
Jordi Savall - César de la meilleure photographie :
Yves Angelo - César des meilleurs costumes :
Corinne Jorry - César du meilleur son :
Gérard Lamps, Pierre Gamet et Anne Le Campion
- César du meilleur film :
Bibliographie
- Sophie Nauleau, La Main d'oublies, récit inspiré de Tous les matins du monde, Galilée, 2007.
Liens externes
- Tous les matins du monde, analyse par Agnès Lefillastre, Centre national de documentation pédagogique, novembre 2003
- Tous les matins du monde (film, 1991) sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
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