- Thèse sirianiste
-
La Thèse sirianiste est la conviction que celui qui a été réellement élu pape au conclave de 1958 est le cardinal conservateur Giuseppe Siri, qui fut longtemps archevêque de Gênes, mais que son élection a été par la suite escamotée[1]. Cette théorie serait apparue à la suite d'une erreur de traduction d'un article italien en anglais[2]. Aucune mention n'en est faite dans les biographies publiées sur le cardinal, et elle n'a jamais fait l'objet de commentaire officiel de l'Église catholique romaine. Pour cette raison, la quasi-totalité des sources disponibles sur la question sont des sites Internet qui en font la promotion.
Vers 2006 on estimait que la thèse sirianiste était défendue par des centaines, voire des milliers de personnes, surtout dans les milieux catholiques traditionalistes[2].
Une branche de sédévacantistes, partisans de la thèse croit en conséquence que Jean XXIII et ses successeurs officiellement reconnus (Paul VI (1963-78), Jean-Paul Ier (1978), Jean-Paul II (1978-2005) et Benoît XVI (2005-)) sont des antipapes, tandis que c'est Siri qui, bien que mis à l'écart, a été le vrai chef de l'Eglise catholique jusqu'à sa mort en 1989[2]. Pie XII aurait donc été le « dernier vrai pape » et Siri au moment de sa mort aurait été au moins le dernier vrai cardinal puisqu'il restait alors le seul à avoir été créé par Pie XII.
Raisons et fondement de cette opinion
Les sirianistes prétendent que, pendant le conclave de 1958, le cardinal Siri, qui était considéré comme le principal candidat conservateur, a été élu pape dès le premier jour, le 26 octobre, et qu'il a pris le nom de Grégoire XVII
Dans le monde entier les journaux ont montré la photo de l'Associated Press montrant que de la fumée blanche s'élevait de la cheminée de la Chapelle Sixtine de 17 heures 55 jusqu'à 18 heures ce 26 octobre, 1958[3], fumée blanche qui indiquait qu'un Pape avait été élu, avait accepté et avait choisi un nom. Toutefois, aucun pape n'est apparu ce jour-là.
C'est deux jours plus tard que la fumée blanche est de nouveau sortie de la chapelle Sixtine, avec cette fois l'élection de Jean XXIII (Angelo Roncalli). Les partisans de la thèse Siri y voient la preuve que le cardinal Giuseppe Siri avait été élu l'avant-veille ; ils sont persuadés que des menaces terribles ont été faites entre temps contre les cardinaux et le Vatican venant partiellement du Kremlin, avec même selon certains une menace nucléaire si Siri n'était pas écarté et qu'on ne choisissait pas un candidat plus acceptable.
La possibilité d'une menace nucléaire a connu un regain de faveur quand Malachi Martin, dernier auteur à avoir traité la question, a parlé des menaces qui touchaient à « l'existence même de l'État du Vatican » au cours d'un conclave aux pages 600 à 610 de son livre, The Keys of this Blood, qui traite surtout de Siri et du conclave de 1963.
Suivant cette façon de voir, après que des menaces de ce genre furent parvenues au conclave, les cardinaux appartenant aux factions libérales et subversives (en particulier les cardinaux français) auraient fait pression Siri pour qu'il s'effaçât, assurant que ses violentes convictions anti-communistes auraient entre autres choses conséquences une recrudescence des persécutions contre les catholiques en Europe de l'Est. Siri aurait fini par céder et se serait effacé. Tout cela aurait conduit deux jours plus tard à l'élection du cardinal Angelo Roncalli, devenu Jean XXIII.
Le FBI aurait lui aussi affirmé que Siri avait effectivement été élu au troisième tour de scrutin le 26 octobre, 1958. On trouve cette assertion, avec la référence documentée du FBI, dans le livre The Vatican exposed: Money, Murder, and the Mafia de Paul L. Williams aux pages 90-92, mais le document en question, qui aurait été déclassifié, est maintenant introuvable. Williams, interrogé depuis par des lecteurs intéressés, a catégoriquement refusé d'expliquer la raison pour laquelle il a inclus dans son livre cet étrange document avec son numéro de référence, ni pourquoi il n'est plus possible de le consulter.
Ce qui est hors de doute, c'est que Radio Vatican a conclu, après les cinq minutes de fumée blanche, ce 26 octobre 1958, que le pape avait été élu au troisième tour et annoncé à ce titre, comme disent ceux qui l'ont entendu : « La fumée est blanche... Il n'y a absolument aucun doute. Un pape a été élu. »
Après l'apparition de cette fumée blanche, la Garde suisse s'est rassemblés pour saluer solennellement le nouveau pontife, et c'est seulement un peu plus tard qu'on lui a donné l'ordre de se retirer puisqu'aucun pape ne se montrait au le balcon, et après que la fumée blanche fut de nouveau devenue noire.
Selon l'argumentation sirianiste la démission du cardinal Siri, si elle a eu lieu, aurait été invalide le selon Canon 185 du Code de 1917 de Droit Canonique[4], qui stipule que « La renonciation causée par une crainte grave injustement infligée, par dol ou par erreur substantielle, ou encore entachée de simonie, est nulle de plein droit[5]. ».
Malachi Martin a déclaré par la suite que Siri avait une nouvelle fois été élu pape pendant le conclave d'octobre 1978. En mars 1997 il a affirmé publiquement sur radio Paranet dans le programme Steel on Steel de John Loefller, que Siri avait reçu après sa première élection un message écrit qui le menaçait de mort, lui et sa famille, s'il acceptait[6].
Notes
- [1] Comments on the Eclipse of the Church and October 26, 1958"
- The "Siri Thesis" Unravels », Inside the Vatican, 2006. Consulté le 2007-02-21 Inside the Vatican staff, «
- http://www.theimmaculateheart.com/gregoryXVII.htm ici.] On peut la voir
- Devenu le Canon 188 du Code de Droit canonique de 1983
- Code de Droit canon Site Web officiel du Saint-Siège.
- Loeffler, John, The Wisdom of Malachi Martin, Radio Liberty, Soquel, mars 1997
Référence de traduction
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Siri Thesis » (voir la liste des auteurs)
Wikimedia Foundation. 2010.