Bidegain

Bidegain

Jean-Baptiste Bidegain

Jean-Baptiste Bidegain
Nationalité Flag of France.svg Français
Profession(s) Secrétaire
Essayiste

Jean-Baptiste Bidegain (1870-1926) était une personnalité du Grand Orient de France impliquée dans l'affaire des fiches. Il devint par la suite militant et essayiste antimaçon. Il se suicida en 1926.

Sommaire

Biographie

Celui qui deviendra le « Judas du Grand Orient » au moment de l'affaire des fiches est à Paris, dans le quartier du Sentier, le 26 avril 1870 d'une famille de pauvres paysans catholiques Basques. La journaliste Séverine le décrivait comme étant « d'aspect quelconque, ni bien ni mal, mais entaché de vulgarité ; visage rond, moustache insignifiante, binoclede ceux dont chaque article du passeport saccompagne de la mention "ordinaire[réfnécessaire]. Après des études chez les Frères des écoles chrétiennes, assailli par le doute, Bidegain fréquente « durant douze années, les occultistes, les spirites, les collectivistes, les anarchistes même et généralement tous les dévots de l'Erreur »[réfnécessaire].

Engagement maçonnique

Il entre « par curiosité » dans la Franc-Maçonnerie en 1893 à la Loge Le Travail et Vrais Amis Fidèles de la Grande-Loge Symbolique Écossaise. Influencé par le spiritualiste Oswald Wirth qui en est la figure de proue, Jean-Baptiste Bidegain est ensuite accueilli au Grand Orient de France par le docteur Blatin. Ce dernier, « le marchand de pommades », président de l'Obédience en 1894, lui procure « sans l'avoir consulté », selon Bidegain, un emploi au secrétariat de la rue Cadet en mai 1894. Il devient dès lors « un scribe consciencieux aux appointements modestes de 150 F par mois »[réfnécessaire].

Maçon actif et zélé, il fonde en 1902 la très républicaine Revue du XXe siècle et, avec le collectiviste Lucien Deslinières, la Loge L'Action Socialiste.

Bidegain devient secrétaire de cette Loge de tendance guediste et antisémite, composée exclusivement de socialistes. L'occultisme hérité de Wirth et ses idées politiques font du futur traître un élément original et marginal au Grand Orient. Il nen est pourtant pas moins appelé à assister aux séances du Conseil de l'Ordre à partir de 1900, nommé secrétaire adjoint le 1er janvier 1901 et initié au 18e grade. Le poste de secrétaire adjoint procure à Bidegain un pouvoir considérable au sein du Grand Orient. En l'absence du secrétaire Narcisse-Amédée Vadecard, il est « le véritable chef de lOrdre ».

Ce franc-maçon idéaliste se retourne pourtant progressivement vers l'Église avec laide de son parrain, l'abbé Odelin, vicaire général de l'archevêque de Paris et avec l'abbé de Bessonies. Un deuil et une déception professionnelle en 1903 ne sont pas étrangers à ce retournement. L'annonce dun départ imminent du secrétaire général Vadecard lui donnait en effet l'espoir d'une promotion. Cependant, ce départ n'eut lieu qu'en... 1919, privant Bidegain de tout espoir d'avancement. Pour ce dernier, ce n'est bien sûr ni l'ambition ni la jalousie mais la déception et le dégoût du patriote vis-à-vis de la Franc-Maçonnerie qui provoquent son éloignement progressif de la rue Cadet. Il déclare dailleurs navoir jamais caché ses sentiments sur la délation à ses frères.

L'affaire des fiches

Article détaillé : Affaire des fiches.

En 1904, le député nationaliste Jean Guyot de Villeneuve est contacté par un mystérieux franc-maçon, « G.T », qui, « écœuré de lusage que lon faisait des fiches, voulait, dans un but patriotique, quitter la Franc-Maçonnerie en criant tout haut la vérité ». Cet énigmatique personnage nest autre que le sous-secrétaire du Grand Orient de France, la « brebis galeuse  », Jean-Baptiste Bidegain. Il annonce au député de Neuilly quil possède les preuves de la délation dans larmée, preuves pouvant entraîner la chute du ministère Combes et discréditer les radicaux dans lopinion. Bidegain, en effet, dégoûté par son travail de délation, a confié un dossier « composé de quelques lettres et fiches originales et de photographies » à labbé de Bessonies. Labbé de Bessonies, alias Gabriel Soulacroix, vicaire de Notre-Dame des Victoires, est lami de labbé Odelin qui fait revenir Bidegain vers le catholicisme. Cet abbé, qui a déjà publié deux brochures hostiles à la Franc-Maçonnerie, voit immédiatement lintérêt du dossier. Après réflexion, il décide den faire part à un homme politique pour mener une campagne de presse et faire éclater le scandale.

M. Piou, président de l'Action Libérale, envisagé, est absent pour une quinzaine de jours. Le chanoine Odelin et labbé de Bessonies demandent alors conseil à l'abbé Tourmentin, spécialiste reconnu de la lutte antimaçonnique, directeur du Bulletin de l'Association antimaçonnique de France. Ce dernier, étonné et ravi, préconise une interpellation à la Chambre. Il les dissuade de faire appel à M. Piou, peu enclin à ce genre de polémique, et Guyot de Villeneuve, parlementaire et ancien officier est finalement préféré.

Après une courte enquête auprès du curé de Neuilly qui se révèle excellente, Odelin, Bessonies et Bidegain décident de contacter le député. Ils profitent dune grande réception chez Boni de Castellane, avenue du Bois, le samedi 28 mai 1904 pour le faire prévenir et lui proposer une entrevue. Ce nest que trois semaines plus tard, le lundi 20 juin, au Palais-Bourbon, que labbé Gabriel de Bessonies révèle au député le retournement du sous-chef du secrétariat du Grand Orient et lexistence dun dossier capable de renverser le ministère. Guyot de Villeneuve est étonné mais réservé et ce nest que lors de la deuxième entrevue, le lendemain, après sêtre renseigné sur son interlocuteur auprès de M. Laurent Prache et avoir prit connaissance des documents, quil se déclare prêt à intervenir. Les rendez-vous se succèdent alors entre labbé, « M. G. S. », comme le nomme Bidegain et le député. Pendant que celui- copie les fiches au Grand Orient, celui-ci rencontre Bessonies chez lui, le 30 septembre et le 7 octobre. Villeneuve revient le 10 octobre avec un ami, Gabriel Syveton. « De taille élancée, souple dans ses mouvements, doué dun regard agile, dune voix forte aux inflexions rondes, dune vaste érudition  », cet ambitieux député nationaliste du 2e arrondissement, trésorier de la Patrie Française, est redouté par la gauche et son soutien paraît nécessaire à Villeneuve. Cette entrevue décide du plan à suivre pour faire éclater le scandale.

Pour Bidegain, lobjectif nest pas la chute du ministère Combes, mais la disparition de « la tyrannie occulte des FF :. et de leurs alliés  ». Ce but est sans cesse répété dans ses livres sur laffaire des fiches. Selon lui, « on devait intervenir à la Chambre très peu de temps avant les élections générales. (…). Il fallait porter, en temps favorable un coup dangereux au régime en se réservant toutes les chances possibles de réussite.  ». Lintervention ne devait donc avoir lieu quau début de lannée 1906, juste avant les élections. Ce plan prévoyait une période dun an pendant laquelle Bidegain continuerait ses activités au Grand Orient et poursuivrait la copie des fiches.

Pour Villeneuve et Syveton le but est à court terme : faire tomber Combes. Le plan dattaque est le suivant : intervenir le plus tôt possible, provoquer lindignation de la Chambre et de lopinion et entraîner le départ dAndré puis du président du Conseil. Bidegain est finalement obligé de renoncer à son plan et dadopter le projet à court terme visant le seul ministère. Un informateur maçon de la Sûreté Générale, présent chez Boni de Castellane, prévient en effet le Grand Orient des offres faites à Guyot de Villeneuve et dune interpellation prochaine. Le secrétaire général Narcisse-Amédée Vadecard, sûr de son entourage, ny croit pas et dailleurs Bidegain se charge de le rassurer. André, informé à son tour, convoque Louis Lafferre qui, confiant, le tranquillise. Cependant, après une entrevue le 15 octobre durant laquelle Bessonies remet le dossier complété au député, linterpellation est décidée pour le 28 octobre, jour dune interpellation du lieutenant-colonel Rousset. Informé à leur tour des fuites, Syveton et Villeneuve décident de lancer linformation à la presse selon laquelle le député de Neuilly est en possession de preuves accablantes sur la délation dans larmée. Villeneuve rencontre une dernière fois Bidegain le 25 octobre pour lui présenter son discours et le modifier selon ses indications.

Gaston Méry prit la défense dans La Libre Parole de Jean-Baptiste Bidegain, attaqué médiatiquement durant l'Affaire des fiches[1].

Théories

Selon Bidegain, le Grand Orient de France trahit la franc-maçonnerie qu'il a complètement détournée de son but et dont il a fait un groupement exclusivement politique et un bureau de renseignements secrets et diffamatoires, trahissant ainsi la démocratie et la république, la rendant césarienne, sectaire et persécutrice[2]. Pour lui, le but secret de la maçonnerie est la dénationalisation de la France et la destruction de ces traditions et de ces forces[3]. Il considère que la mort de Gabriel Syveton constitue un assasinat[4]. Il déclare que la Franc-Maçonnerie n'a jamais pu élaborer une philosophie ou une doctrine susceptible de remplacer les dogmes qu'elle veut détruire[5] et que pour cette raison l'on devient maçon par tendance congénitale au cléricalisme[6]. Pour lui les intellectuels véritables ne sont pas maçons et l'ordre refusera toujours d'intégrer des ouvriers, se privant de leur bon sens[7], et qui, selon les directives de l'ordre, ne doivent être initiés que très exceptionnellement afin de ne pas nuire à sa puissance financière[8]. Bidegain va ainsi railler les "voeux maçonniques" qui sont émis durant les convents, comme l'expression d'un monde d'illusion qu'il compare au signe de croix chrétien, dont les maçons se distancent pourtant[9]. Il dénonce l'existence d'un gouvernement occulte de la Franc-Maçonnerie en prenant pour exemple la critique, au cours de l'assemblée générale du GODF de 1901, de l'abus de pouvoir dont s'étaient rendus coupables le Bureau du Conseil de l'Ordre et le Bureau du Couvent de 1900 afin de supprimer un discours compromettant pour l'ordre du procès-verbal du convent de 1900, déclarant qu'il est révoltant de voir 11 personnes supprimer l'avis de 20'000 autres[10]. Par citation, il révèle qu'un convent peut se constituer en comité secret et que rien ne soit publié au procès-verbal[11]. Il met en relief les collusions judéos-maçonniques sociétales et parlementaires, argumentant que les ambitions de ses 2 groupes sont communes[12] et soulignant le financement d'origine juive des candidatures maçonniques à l'Assemblée nationale au début du XXe siècle, dans le contexte politique suivant l'affaire Dreyfus[13]. Au sujet de l'affaire des fiches, Bidegain déclare qu'un service de renseignements existait au sein du Grand Orient depuis 1891 et se préoccupait d'obtenir des renseignements sur les fonctionnaires en général[14], c'est à partir de 1901 qu'il s'occupa de ficher les officiers[15]. Selon lui, le GODG espérait en retour des faveurs ministérielles[16].

Publications

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Le Grand-Orient de France. Sa Doctrine et ses Actes, Paris, Librairie antisémite, 1905, 292 p. Texte en ligne
  • Masques et Visages maçonniques, Paris, Librairie antisémite, 1906, 426 p.
  • Magistrature et Justice maçonniques, Paris, Librairie des Saints-Pères, 1907.
  • Une Conspiration sous la IIIe République. La vérité sur l'affaire des fiches, Paris, La Renaissance française, 1910, 241 p.

Sources

  • Bruno Besnier, L'affaire des fiches : un système d'Etat (1900-1914), La Roche-sur-Yon, Mastère d'histoire, 2005.
  • François Vindé, L'affaire des fiches, éditions Universitaires, 1989.

Notes et références

  1. Jean-Baptiste Bidegain, Le Grand-Orient de France. Sa Doctrine et ses Actes, Paris, Librairie antisémite, 1905, p.65-66 Texte en ligne
  2. Jean-Baptiste Bidegain, Le Grand-Orient de France. Sa Doctrine et ses Actes, Paris, Librairie antisémite, 1905, p.4-5 Texte en ligne
  3. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.11
  4. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.51
  5. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.156
  6. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.155-156
  7. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.156
  8. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.157
  9. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.182
  10. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.214-215
  11. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.228
  12. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.258
  13. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p.277
  14. Jean-Baptiste Bidegain, op. citée, p. 115
  15. Jean-Baptiste Bidegain, op. cit., p. 243.
  16. Jean-Baptiste Bidegain, op. cit., p. 28
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