- Oz (magazine)
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Oz était un magazine satirique, qualifié d'underground, publié dans un premier temps à Sydney, Australie, de 1963 à 1969 puis, dans sa phase la plus connue, comme un magazine hippie de 1967 à 1973 à Londres. Il fut, en particulier, l'objet de deux procès pour obscénité très médiatisés, en 1964 en Australie et en 1971 en Angleterre. Les rédacteurs en chef Richard Neville, Richard Walsh, Martin Sharp, Jim Anderson, Felix Dennis ont tous été acquittés dans les deux cas après avoir été initialement déclarés coupables et dans certains cas emprisonnés.
Sommaire
Période australienne
La première publication de 16 pages, le 1er avril 1963, fit sensation avec la vente de 6000 exemplaires dès la mi-journée[1]. Il s'agissait d'une parodie de The Sydney Morning Herald. Le fait que ce premier numéro soit sorti de l'imprimerie de ce même journal ajouta à l'illusion. La première page présentait un canular : l'effondrement du Harbour Bridge de Sydney. Le récit d'un avortement, alors illégal, leur valut leurs premières critiques.
Les numéros suivants abordaient des thèmes polémiques comme la censure, l'homosexualité, la brutalité policière, le racisme supposé du gouvernement, les lois pour une « Australie blanche » ou l'histoire militaire de l'Australie pendant la guerre du Vietnam.
Après la publication du numéro 3, les rédacteurs en chef furent mis en examen sur le chef d'accusation d'obscénité. Plaidant coupables, ils furent condamnés à 20 dollars d'amende le 3 septembre 1964[2]. À la publication du numéro 5, en décembre de la même année, une satire visant explicitement l'intégrité de la police eut pour effet de voir 140 exemplaires du magazine saisis et condamnés à être brûlés par un juge local[3]. Le numéro 6 publia une photo, qui devint célèbre, celle de Richard Neville, un des rédacteurs en chef, feignant d'uriner dans une fontaine du sculpteur Tom Bass se trouvant sur la façade des bureaux de Peninsular and Oriental Steam Navigation Company que le Premier Ministre Robert Menzies venait d'inaugurer. En 1964, de nouvelles accusations d'obscénité apparurent, conduisant un juge à condamner, pour l'exemple, les trois rédacteurs à plusieurs mois de prison.
Le comité de soutien du magazine organisa un concert au Sydney University Theatre le 15 novembre 1964, avec The Missing Links et Leonard Tealen dont les bénéfices devaient aller aux accusés. Les rédacteurs gagnèrent en appel.
En 1965, le magazine publia une liste des 20 plus grands criminels de Sydney, dont Lenny McPherson. Ce dernier, selon le rédacteur en chef lui-même, aurait rendu une visite à Richard Neville à son domicile afin, selon lui, de vérifier si les rédacteurs de Oz appartenaient à un gang rival et parce qu'il n'était pas d'accord avec ce que Neville disait de lui dans son article[4]. La mort de Jacky Steele, autre criminel local, en novembre 1965, fut attribuée à cette liste suite à une hypothétique déclaration de Steele sur son lit de mort, publiée dans un numéro ultérieur du magazine, déclarant qu'il aurait été abattu pour avoir acheté plusieurs exemplaires de cet exemplaire avec la liste.
Oz fut transféré en Angleterre suite au déménagement de Richard Neville et Martin Sharp en 1966.
Période anglaise
Le Oz anglais, fondé en 1967, mettait à contribution des journalistes et personnalités comme Germaine Greer, Robert Whitaker, Michael Leunig et Barney Bubbles. En pleine ère psychédélique, le magazine était visuellement original et utilisait les ressources des premières impressions offset. Le numéro 11, par exemple, offrait des autocollants de différents labels.
Les thèmes traités par le magazine continuaient de provoquer de nombreuses réactions, en particulier la couverture de la guerre du Vietnam, le débat sur les drogues, le sexe et les modes de vie alternatifs, ainsi que des révélations de torture par la junte militaire en Grèce.
En 1970, en réponse à une critique disant que le magazine perdait le contact avec la jeunesse, une annonce invita les collégiens à devenir rédacteurs de quelques numéros. 20 élèves répondirent, dont Charles Shaar Murray et Deyan Sudjic qui, dans le numéro 28 de mai 1970, furent connus sous le nom de Schoolkids OZ. Le résultat fut une parodie de l'Ours Rupert aux connotations sexuelles.
Les critiques des bureaux londoniens de la Obscene Publications Squad ciblaient Oz parmi plusieurs publications underground. Ce dernier numéro, associant jeunesse et sexe, apporta les bases du procès pour obscénité de 1971. Le chef d'accusation contre les rédacteurs Neville, Dennis et Anderson était « conspiration pour tentative de corruption de la morale publique »[5].
L’avocat de la défense, à l’ouverture du procès de 1971, déclara « cette affaire est à la croisée des chemins de nos libertés et des limites à notre liberté de penser, de dessiner et d’écrire ce qui nous plait »[6]. Pour l‘accusation, il était question de « conspiration, avec de jeunes gens, pour la publication d’un magazine contenant des articles, dessins et cartoons obscènes, lubriques, indécents, et sexuellement pervertis, avec intention de débaucher et corrompre la morale des enfants et adolescents et d’implanter dans leur esprit des idées de luxure et de perversion » [7]
John Lennon et Yoko Ono se joignirent aux manifestations de protestations et organisèrent l'enregistrement de « God Save Us » par l'Elastic Oz Band. Lennon expliqua que le titre était un jeu de mots à partir de « God Save Oz »[8]
À certains moments du procès, les accusés portaient des uniformes de lycéennes ou des perruques. Quelques célébrités locales, témoins de la défense, comme Marty Feldman, DJ John Peel et Edward de Bono furent présentés au procès. Le procès conclut finalement que les « Trois Oz » étaient non coupables des charges de conspiration mais condamnés pour deux chefs d'accusations mineurs à l'emprisonnement[9]. Ils furent immédiatement transféré en prison et leurs crânes furent rasés, ce qui provoqua d'autres réactions publiques. Leur condamnation fut finalement annulée en appel.
Oz publia quelques numéros à la suite du procès, mais le succès n'était plus le même et en novembre 1973 leur dette s'élevait à 20 000 £ et le lectorat était devenu trop réduit. Le numéro 48 fut le dernier[10].
Oz après la fin
Dennis est devenu propriétaire de Dennis Publishing qui publie, entre autres, le magazine Maxim. Neville publia un livre sur l'histoire du magazine : Hippie Hippie Shake.
Les numéros d'Oz sont devenus rares aujourd'hui et certains se vendent jusqu'à plusieurs centaines de livres sterling[11]. Walsh travaille avec l'Australian Consolidated Press, Sharp est un artiste pop art connu en Australie.
La série télévisée britannique Hippies en 1999 a parodié le magazine.
Bibliographie et ouvrages de référence
- (en) Neville, Richard, Hippie Hippie Shake. William Heinemann Australia, Melbourne, 1995, ISBN 0-85561-523-0
- (en) Cadogan, Patrick, The Revolutionary Artist: John Lennon's Radical Years, United States, Lulu, 2008, 1re éd. (ISBN 978-1-4357-1863-0) (OCLC 421114505)
- (en)Jonathon Green, All Dressed Up: The Sixties and the Counterculture. Pimlico, London, 1999, ISBN 0-7126-6523-4.
- (en)The Times Digital Archive 1785-1985
- (en)Nigel Fountain Underground: The London Alternative Press 1966-74, Commedia/Routledge 1988 ISBN 0-415-00727-5 / ISBN 0-415-00728-3 (pb)
- (en)Tony Palmer The Trials of Oz, Blond & Briggs, 1971.
- (en)Geoffrey Robertson The Justice Game, Vintage, London, 1999, ISBN 0-09-958191-4.
- BBC Radio Programmes : Le procès de Oz, 2008 (présentation en ligne)
Références
- ISBN 0 85561 523 0), p.26 Richard Neville, Hippie Hippie Shake (William Heinemann Australia, 1995,
- Neville, 1995, p. 31
- Neville, 1995, p.33
- Neville, 1995, p.55-56
- (en) The Rupert Bear Controversy: Defence and Reactions to the Cartoon in the OZ Obscenity Trial
- The Times, 24 juin 1971
- The Times, 23 juin 1971
- (en) Cadogan, Patrick, The Revolutionary Artist: John Lennon's Radical Years, United States, Lulu, 2008, 1re éd. (ISBN 978-1-4357-1863-0) (OCLC 421114505)
- "The OZ trial: John Mortimer’s finest hour", by Felix Dennis, in The First Post, 19 January 2009.
- Green, 1999, p.376
- Mojo Fine Arts - Oz magazine
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Oz (magazine) » (voir la liste des auteurs)
Liens externes
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