- Olbia de Provence
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Olbia (en grec ancien Ὄλβια, "la bienheureuse") est une cité grecque, colonie de Massalia, fondée vers 325 environ avant J.-C. Son site se trouve actuellement sur la commune de Hyères-les-Palmiers, dans le Var, à proximité de la plage de l'Almanarre.
Sommaire
Olbia d'après les sources antiques
Olbia est mentionnée chez des auteurs anciens comme le géographe Strabon (IV, 1, 5) ou l'itinéraire de Scymnos (v. 206-216), qui l'énumèrent parmi les colonies fondées par Marseille le long du littoral de la Gaule. Le rôle d'Olbia, "colonie-forteresse", était vraisemblablement d'assurer protection et relais aux navires de commerce marseillais, dans leur route vers l'Italie. L'établissement a été formellement identifié par la découverte, en 1909, d’un fragment de statue du Génie du castellum avec une inscription latine du IIIe siècle : Genio Viciniae / Castellanae Ol/biensium L(ucius) Rupil(i)us / Iacchus d(ono) d(edit) cum suis : « Au Génie du quartier fortifié des Olbiens, Lucius Rupilius Iacchus a fait ce don avec les siens ». C'est l'archéologie seule qui permet de dater l'établissement de la colonie dans le dernier quart du IVe siècle av. J.-C.
Histoire du site dans l'Antiquité
Au moment de la fondation, vers 325 av. J.-C., la population d'Olbia pourrait compter, d'après les calculs de Michel Bats, 720 habitants (femmes, esclaves et enfants compris). Les hommes paraissent avoir été des soldats-colons, mais aussi pêcheurs et agriculteurs. En 49 av. J.-C., la prise de Marseille par Jules César marque l'amorce de la romanisation de la région. Olbia est alors sans doute détachée de Marseille. Le site sera occupé jusqu'à la fin de l'empire romain et ne sera définitivement abandonné qu'au VIIe siècle après J.-C.
Plan et urbanisme
Le site d'Olbia est compris dans un carré régulier de 165 m de côté. Le plan de la cité, pré-établi, permettait une répartition égalitaire entre les colons tout en répondant aux exigences militaires de la petite forteresse : un épais rempart (2 m d'épaisseur en moyenne), flanqué de tours aux angles et dans les parties médianes abritait quarante îlots d'habitation théoriques. L'unique porte de la ville, située dans le prolongement du grand axe est/ouest, ouvrait à l'est sur le port, aujourd'hui ensablé. L'enceinte primitive, de 165m de côté, fut édifiée en gros blocs à peine équarris, puis partiellement reconstruite au IIe siècle av. J.-C. Les îlots d'habitation, de forme rectangulaire, mesuraient 11 m de large pour 34,50 m de long. Ils étaient séparés par des ruelles de 2,20 m de large. Chacun des îlots, au moment de la fondation, était constitué de trois lots égaux, occupant chacun une surface au sol de 120 m2 environ. Chacun de ces lots abritait une famille de colons.
Porte et rempart est de la ville d'Olbia
Sanctuaires et lieux publics
Le "grand sanctuaire de l'Ouest", visible en fond de perspective depuis l'entrée par la porte de la cité, était vraisemblablement consacré, d'après Strabon, à la déesse Artémis. Un sanctuaire d'Aphrodite, adossé au rempart nord, a également été mis au jour. D'autres inscriptions sur pierre ont également révélé la présence de divinités honorées à Olbia, un "Héros" anonyme et des "Déesses-mères", qui étaient symbole de la fécondité. Un phallus sculpté, retrouvé en remploi, ornait vraisemblablement la porte de la cité. Le site ne semble pas avoir comporté d'agora, mais la place du puits public, au centre de la cité, pourrait avoir fait office de lieu de réunion. A quelques kilomètres en-dehors de la cité, sur le site de l'Acapte, on a retrouvé un sanctuaire rupestre dédié au dieu Aristée, qui était fréquenté par les habitants d'Olbia.
Historique des fouilles menées à Olbia[1]
Les vestiges d'Olbia sont connus depuis le XIXe siècle, et des premiers travaux de sondage et de relevé y ont eu lieu sous le second Empire.
C'est à Jacques Coupry, professeur à l'Université de Bordeaux, que l'on doit les premières campagnes de fouilles archéologiques systématiques de 1947 à 1951 puis de 1956 à 1971. De 1947 à 1951, il a réalisé des sondages pour délimiter l'extension de la ville enfermée dans une fortification de plan carré. Ces sondages ont démontré le caractère exceptionnel du site qui était conservé dans son intégralité. De 1956 à 1971, suite à l’achat des terrains par l’Etat, Jacques Coupry a mené une campagne de fouilles programmées chaque année dans différents secteurs. Il a ainsi révélé l'urbanisme géométrique qui organisait l'ensemble de l'agglomération et il a délimité l'emprise de l'abbaye de Saint-Pierre de l'Almanarre signalée par les restes de son église. En 1971, date de la dernière campagne de fouilles menée par Jacques Coupry à Olbia, près d'un quart de la ville a été dégagé et plusieurs dizaines de milliers de tessons et quelques milliers d'objets ont été recueillis et inventoriés.
Les fouilles ont été poursuivies par Michel Bats de 1982 à 1989 puis reprises en 2002.
En effet, en 1982, Michel Bats préparait une thèse dont le support était constitué par l’étude du mobilier céramique d’époque hellénistique issu des fouilles de Jacques Coupry. Il a donc entamé une fouille sur l'îlot VI afin d’obtenir des bases chronologiques plus sûres. Il a aussi cherché à dévoiler l'organisation interne d'un îlot d'habitation pour mieux comprendre la fonction d'Olbia dans son cadre massaliète et pour saisir son évolution jusqu'à l'abandon de la ville. La première phase des fouilles de l’îlot VI a été menée de 1982 à 1989.
En 1988, Muriel Vecchione (ingénieur de recherche à l'AFAN), qui travaillait sur la période médiévale à Hyères, puis, de 1989 à 1992, Michel Pasqualini (ingénieur au SRA-PACA) et Bertrand Mafart (médecin-anthropologue) ont dirigé la fouille du cimetière de l'abbaye de Saint-Pierre de l'Almanarre.
De 2002 à 2008, les fouilles de l’îlot IV ont été reprises, toujours sous la direction de Michel Bats.
L'îlot VI d'Olbia
En 2006 a été publiée une synthèse sur Olbia à l’époque romaine : BATS M. (dir.), Olbia de Provence (Hyères, Var) à l’époque romaine (Études Massaliètes, 9), Aix-en-Provence, 2006. L'abstract de l’ouvrage indique : « Olbia, site archéologiquement conservé dans son intégralité, est une colonie fondée par Massalia sur la côte provençale. Les fouilles menées de 1956 à 1971, de 1982 à 1989, et depuis 2002 ont révélé une agglomération organisée géométriquement en quarante îlots semblables, depuis sa fondation vers 325 avant J.-C. jusqu’à son abandon au milieu du VIIe siècle de notre ère. Ce premier volume porte que la période romaine, d’Auguste à la fin de l’Antiquité tardive. Il comprend plusieurs études portant sur l’habitat et les mobiliers mis au jour par les fouilles anciennes, mais aussi une monographie sur la fouille d’un îlot complet d’habitation dégagé lors des fouilles les plus récentes. Outre la présentation de l’évolution architecturale de cet îlot au cours des différentes phases d’occupation, une série d’études spécialisées ayant trait aux matériaux et techniques de construction, aux mobiliers (céramique, verre, petits objets, monnaies) et aux restes animaux et végétaux complète l’ensemble. »
En 2010 et 2011, deux campagnes de fouilles ont été menées sur l'ancien parking entre le bord de mer et la route départementale 559, à côté de la plage de l'Almanarre. Elles ont été dirigées par Michel Bats, avec la collaboration de Claire Joncheray et de David Ollivier[2]. Jusqu’en 2009, cette zone, d’une superficie d’environ 500 m2, était utilisée comme parking. Au fil du temps, l’érosion due au cheminement des véhicules et aux intempéries a provoqué la mise au jour d’une partie des vestiges. En septembre 2009, à la demande de Michel Bats, la ville d’Hyères a assuré sa fermeture à l’accès des véhicules. Dans le cadre de l’aménagement du site d’Olbia, la ville d’Hyères souhaite aménager cet espace en square archéologique, accessible aux seuls piétons. Comme préliminaire à ce futur aménagement, il est apparu indispensable de procéder à une fouille archéologique.
Mise en valeur
Protection au titre des Monuments Historiques[3]
Arrêté du 31 mars 1926 : Les fragments des remparts grecs situés dans la propriété de M. Teisseire sont inscrits.
Arrêté du 23 septembre 1947 : Les vestiges situés dans le quartier Saint-Pierre-d'Almanarre (cad. K 553p, 555, 556, 558, 559, 567) sont classés.
Arrêté du 14 novembre 1949 : La parcelle K 553p est classée à nouveau.
Arrêté du 10 décembre 1951 : Les vestiges du rempart grec, dans le quartier Saint-Pierre-d'Almanarre (cad. K 549 à 551), sont classés.
Propriété et ouverture du site au public
1956 : acquisition des terrains par l’Etat.
1999-2006 : ouverture du site au public, géré par les Monuments Nationaux (Monum).
Brochure rédigée par Monum en septembre 2005 et consultable au format PDF.2004 : une loi de décentralisation dite des "libertés et responsabilités locales" prévoit la possibilité pour les collectivités locales de se voir transférer gratuitement, en toute propriété, des monuments historiques appartenant à l'Etat.
30 novembre 2007 : avis favorable de principe donné par le Conseil municipal de la Ville d'Hyères à la décision de transfert de « la cité gréco-romaine d'Olbia-Pomponiana » à la commune.
15 février 2008 : le Conseil municipal de la Ville d'Hyères a autorisé la signature de la convention fixant les missions, précisant les conditions de mise en valeur et indiquant le programme de travaux qui pourra être subventionné.
28 décembre 2009 : anciennement propriété de l'Etat (Ministère de la Culture), une convention transfert la propriété du site à la commune d’Hyères.
1er avril 2010 : réouverture du site au public, géré par la Ville d’Hyères.
Visite guidée du site archéologique d'Olbia.
Expositions temporaires
2001 : Exposition Moissonneurs des mers : les pêcheurs grecs et romains d'Olbia au Park Hôtel de Hyères du 7 juillet au 30 septembre 2001
Cette exposition a donné lieu à une publication : BRESCIANI M., OLLIVIER D., TREGLIA J.C., Moissonneurs des mers : les pêcheurs grecs et romains d'Olbia (Exposition du 7 juillet au 30 septembre 2001), Monum, Centre des Monuments Nationaux, Hyères, 2001
2008 : Exposition Olbia, la bienheureuse – Une colonie grecque de Marseille, IVe s. – Ier s. av. J.-C., à la Rotonde du Park Hôtel à Hyères du 10 septembre au 23 novembre 2008
A l’occasion de cette exposition, un livret a été édité (voir Hyères Patrimoine IX). Il est disponible au format PDF : http://www.amisdumusee.fr/Files/patrimoine9.pdf
2009 : Exposition Olbia romaine – De la prise de Marseille par César au règne de Constantin, réalisée par la Ville d’Hyères-les-Palmiers à la Rotonde du Park Hotel du 10 septembre au 20 novembre 2009
A l’occasion de cette exposition, un livret a été édité (voir Hyères Patrimoine X).
2010 : Exposition Le musée saute les grilles – Les Hommes qui ont fait Olbia, sur les grilles du musée du 15 septembre au 30 novembre 2010
2011 : Exposition Voyage en Méditerranée antique, visible sur les murs d’Olbia du 15 septembre au 29 octobre 2011
Exposition réalisée en lien avec le thème national des journées européennes du patrimoine 2011 « Le voyage du patrimoine ». Le site d’Olbia emmène le visiteur à la découverte des grands voyageurs antiques qui ont parcouru la Méditerranée, des colons aux commerçants, sans oublier les pirates et les explorateurs.Renseignements pratiques
Coordonnées :
Site archéologique d’Olbia
Quartier de l’Almanarre
83400 HyèresAccès : De Hyères D559 direction Carqueiranne, ou autocar ligne 39 au départ de la gare routière.
Bibliographie
- BATS M., Vaisselle et alimentation à Olbia de Provence (v. 350 - v. 50 av. J.-C.). Modèles culturels et catégories céramiques. Paris, 1988 (18e Suppl. à la Revue Archéologique de Narbonnaise)[4]
- BATS M., « Olbia », in Voyage en Massalie. 100 ans d’archéologie en Gaule du sud, Musées de Marseille/Édisud, 1990, pp. 207-210
- BATS M., « La tour d’angle sud-est d’Olbia de Provence et son dépotoir (v. 200-175 av. J.-C.) », in ARCELIN P., BATS M., GARCIA D., MARCHAND G. et SCHWALLER M. (dir.), Sur les pas des Grecs en Occident, Hommages à André Nickels (Etudes massaliètes, 4), ADAM-Errance, Lattes/Paris, 1995, p. 371-392
- BATS M. (dir.), Olbia de Provence (Hyères, Var) à l’époque romaine (Études Massaliètes, 9), Aix-en-Provence, 2006
(Les différents chapitres sont disponibles en ligne au format PDF : http://www.e-corpus.org/fre/search/results/96196-Etudes-Massalietes-9.html)
- BATS M., "Hyères - Olbia-de-Provence", Archéologie de la France - Informations, notice n°N2007-PR-0147, Ministère de la Culture (sous-direction de l’Archéologie), CNRS, 2006-2007
- BATS M. (et alii), « Les artisans de l’îlot VI à Olbia de Provence (Hyères, Var) », in BRUN J.P. (éd.), Artisanats antiques d’Italie et de Gaule – Mélanges offerts à Maria Francesca Buonaiuto, Collection du Centre Jean Bérard, 32, Naples, 2009, p. 199-202
- BOUET A., « Quatre tombes d'une nécropole de l'Antiquité tardive à Olbia-de-Provence (Hyères, Var) », Bulletin Archéologique de Provence, 22, 1993, 28-36
- BOUET A., « Olbia-de-Provence (Hyères-les-Palmiers, Var) : La maison de l'îlot VI et l'évolution de la maison a Pastás de type olynthien », Revue des études anciennes, 1997, vol. 99, n°3-4, p. 443-457
- BRESCIANI M., OLLIVIER D., TREGLIA J.C., Moissonneurs des mers : les pêcheurs grecs et romains d'Olbia (Exposition du 7 juillet au 30 septembre 2001), Monum, Centre des Monuments Nationaux, Hyères, 2001
- BRUN J.P., « Olbia », in BRUN J.P. et BORREANI M. (collab.), Carte archéologique de la Gaule 83/1 - Le Var, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1999, p. 437-461
- COUPRY J., « Fouilles à Olbia (Hyères, Var) », Gallia, XII, 1954, p. 3-33
- COUPRY J., « Le plan de la ville massaliote d’Olbia en Ligurie », Annales de la Société des Sciences Naturelles et d’Archéologie de Toulon et du Var, 1971, p. 26-42
- COUPRY J., « Les fouilles d’Olbia, La Fortunée », Dossiers Histoire et Archéologie, n°57, octobre 1981, p. 29-31
- FLEURY-ALCARAZ K., « Renaissance et aménagement d'un site ; Olbia la grecque », Archéologia, n°381, 2001, p. 34-39
- MONTEL S., « Olbia de Provence », Archéologia, n°480, septembre 2010, p. 6-7
- PAGÈS G., ROURE R., SALLE V., "Forgerons à travers les générations ? La métallurgie dans l’îlot VI d’Olbia de Provence (Hyères, 83) de 325 avant notre ère à 20 de notre ère" , in SANIDAS G. et ESPOSITO A. (Dir.), Actes du symposium international sur l’archéologie des espaces artisanaux : la concentration spatiale des activités et la question des quartiers spécialisés (Lille 2009), sous presse
- REILLE J.-L. , « L'importation des meules domestiques dans la forteresse grecque d'Olbia (Hyères, Var) entre le IIe s. av. n. è. et le Haut Empire », Documents d'archéologie méridionale, n°24, 2001, p. 207-211
Articles de presse et reportages
- Article « Archéologie à Olbia : les fouilles continuent de révéler leurs secrets », paru dans Var Matin le jeudi 04 août 2011 : http://www.varmatin.com/article/archeologie-a-olbia-les-fouilles-continuent-de-reveler-leurs-secrets
- Article « Dans les arcanes de l'archéologie à Olbia à Hyères » paru dans Var Matin le vendredi 20 mai 2011 : http://www.varmatin.com/article/hyeres/dans-les-arcanes-de-larcheologie-a-olbia-a-hyeres »
- Article « Les sixièmes Environnement visitent le site d'Olbia » paru dans Var Matin le jeudi 12 mai 2011 : http://www.varmatin.com/article/hyeres/les-sixiemes-environnement-visitent-le-site-dolbia
- Article « La cité grecque d’Olbia reprend vie » paru dans Var Matin le dimanche 06 juin 2010 : http://www.varmatin.com/article/actualites/la-cite-grecque-d%E2%80%99olbia-reprend-vie
- Article « Olbia : sur les traces de "La bienheureuse" », paru dans Var Matin le samedi 20 septembre 2008 : http://www.varmatin.com/article/culture-et-loisirs/hyeres-olbia-sur-les-traces-de-%C2%AB-la-bienheureuse-%C2%BB
- Article « Une petite ville grecque sous le sable de l'Almanarre », paru dans Var Matin le jeudi 24 juillet 2008 : http://www.varmatin.com/article/toulon/hyeres-une-petite-ville-grecque-sous-le-sable-de-lalmanarre
Notes
- OLLIVIER D., « Bref historique de l’exploration archéologique du site d’Olbia », in BATS M. (dir.), Olbia de Provence (Hyères, Var) à l’époque romaine (Études Massaliètes, 9), Aix-en-Provence, 2006, p. 13-20
- BATS M. (avec la collaboration de Claire JONCHERAY et David OLLIVER), Olbia de Provence (Hyères, Var) – Parking du bord de mer – Rapport de fouille 2010
- http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00081638 Source :
- Compte-rendu disponible en ligne sur Persée
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