- Nom d'oiseau
-
En langage familier, un nom d’oiseau (pluriel : noms d’oiseau ou noms d’oiseaux) est une insulte. Donner des noms d’oiseau à quelqu’un est un euphémisme pour l’insulter, l’injurier ou même l'outrager.
Origine du terme
L’expression « donner des noms d’oiseaux » serait apparue pour la première fois en 1872[1].
En effet, dans la langue populaire, les oiseaux ne passent pas pour très intelligents, tout comme l’humain qui a une cervelle d’oiseau - ou, plus souvent, une cervelle de moineau - ou une tête de linotte, la bécasse – ou bécassine, jeune fille niaise popularisée par la bande dessinée, la dinde, femme stupide, l’oie ou l’oie blanche, plus jeune et innocente, ou même l’alouette qui se laisse piéger dans les miroirs aux alouettes. On peut aussi être bavard comme un geai, comme une perruche, ou comme une pie.
On trouve aussi l’oiseau de mauvais augure qui apporte de mauvaises nouvelles, le butor, brutal et sans manières, la chouette - ou la vieille chouette, vieille, laide et acariâtre, avec son correspondant masculin, le vieux hibou, le vilain merle, qui peut être un « drôle de moineau », le canard boiteux mal adapté à son milieu, l’autruche qui refuse de voir le danger et fait « la politique de l’autruche », le coq agressif et prétentieux - en particulier le jeune coq, fier comme un paon, le corbeau, auteur de messages anonymes, le dindon de la farce, le manchot malhabile, le faucon belliqueux, le vautour et autres rapaces de la finance que devrait traquer le poulet, la poule – qui peut être, version homme, une poule mouillée ou, version femme, une poule de luxe, version haut de gamme de la grue, qui n’est qu’une simple prostituée. Même un objet peut se voir attribuer un nom d’oiseau comme le rossignol invendable[2]
Utilisation
Quand on « donne des noms d’oiseau » à quelqu’un, les expressions utilisées pour les insultes, injures ou outrages n’ont nullement besoin de se référer à des oiseaux. Le terme, moins violent qu'injure ou insulte, inclut une nuance d'ironie, sinon d'amusement.
Le terme est souvent utilisé pour les insultes et injures proférées lors de débats politiques, en particulier quand les politiciens utilisent avec prudence et inventivité des termes qui les mettent à l'abri de poursuites judiciaires[3].
Notes
- Rey, Alain (sous la direction de) « Dictionnaire historique de la langue française » Éditions Le Robert, 3 vol., Paris, 2006, 4304 pp., ISBN: 978-2849022368
- merle blanc, l’aigle, presque toujours impérial, ou le gai pinson. Il faut cependant noter qu’être comparé à un oiseau n’est pas toujours négatif. En témoignent l’oiseau rare et ses multiples qualités, aussi difficile à trouver que le
Chambarlhac, Vincent « Thomas Bouchet, Noms d’oiseaux. L’insulte en politique, de la Restauration à nos jours », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 2009, mis en ligne le 4 juillet 2010.
Dedouet Louis « Des noms d’oiseaux en politique… Petit tour d’horizon de l’insulte en politique ». Liberty Vox, A la Une, 16 sept. 2009.
Bouchet, Thomas « Noms d'oiseaux : L'insulte en politique de la Restauration à nos jours », Stock, collection « Essais, documents », 2010, 304 pp., ISBN: 978-2234063136
Wikimedia Foundation. 2010.