Médecine étrusque

Médecine étrusque
Fegato di Piacenza, modèle de foie en bronze.
Transcription

La médecine étrusque était d'abord théurgique, l'homme impuissant face aux maladies s'en remettait aux divinités et s'appuyait sur des croyances médicales relevant du mythe ou de la superstition pour expliquer la naissance, la mort et la maladie.

D'après l'Etrusca disciplina, recueil romain des textes de référence des pratiques religieuses et divinatoires étrusques, la vie humaine atteignait au maximun 84 ans, divisée en douze fois sept ans et tant que l'être humain n'avait pas atteint dix fois sept ans, il pouvait conjurer le destin par des rites propitiatoires.

Chaque période cruciale de la vie humaine était sous le contrôle des dieux :

  • Culsans, dieu de la conception,
  • Uni, de la fécondité, naissance et allaitement,
  • Tesano, déesse de l'aurore (aube humaine),
  • Thanur et Ethausua, de l'accouchement.
  • Turan, de l'union sexuelle
  • Charun, Vanth, Tuchulcha, du trépas et de la mort.

Les Étrusques avaient une bonne connaissance de la médecine (anatomie et physiologie).

Théophraste (380370 av. J.-C.) a écrit dans son Histoire des Plantes : « Eschyle établit dans les Élégies que l'Étrurie est riche en médecins et que la race étrusque est une de celles qui cultive particulièrement la médecine ».

De nombreuses fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreux sanctuaires où l'on a trouvé des reproductions anatomiques attestant de leurs connaissances dans ce domaine. Les étruscologues en ont déduit que les « fidèles » sollicitaient en échange d'offrandes la guérison de la partie malade qui était reproduite soit en cire ou en plâtre et déposées au sanctuaire auprès du dieu vénéré[1].

Sommaire

La prévention

Les Étrusques étaient experts dans le domaine de la prévention : Il donnaient beaucoup d'importance à l'hygiène personnelle, à leur alimentation, à l'activité physique et à l'entretien de leur cadre de vie. Concernant l'aménagement de leur cadre de vie, ils ont œuvré continuellement dans la bonification des marécages et le contrôle des cours d'eau auprès desquels étaient bâties les cités par la construction de galeries dotées de plaques de plomb perforées permettant le drainage de l'eau dans les endroits où elle pouvait stagner et contribuer à la formation d'agents pathogènes.

Botanique médicinale

Pour les soins les étrusque utilisaient :

Minéraux

  • Oxyde de fer : contre l'anémie
  • cuivre : contre les inflammations

Thermalisme

Les Étrusques étaient des adeptes du thermalisme. Il connaissaient les bienfaits et les propriétés des eaux thermales (Saturnia, Viterbe ou Chianciano) qu'ils employaient dans le soin de nombreuses maladies. Les sources thermales étaient des sanctuaires spécialisés et la possibilité d'accès aux eaux se faisait par étapes selon des rites appropriés comme l'achat préventif des représentations votives des parties anatomiques à soigner (ex-voto anatomique), leur accrochage sur les parois du temple et l'immersion dans les eaux. Apulu était une des divinités onorées au temple Portonaccio à Véies, où se trouvait le bassin des ablutions et de nombreux ex-voto anatomiques. Seuls les prêtres sacrés possédaient les compétences réligieuses et médicales et pouvaient prescrire à chaque patient un traitement spécifique.

Théurgie en médecine

La médicine étrusque était de type théurgique : Les haruspices jouaient un grand rôle dans la pratique médicale où la médecine et la réligion étaient étroitement liées et où la magie tenait une place prépondérante afin d'écarter les mauvais sorts.

  • Tinia pour la tête et l'ouïe,
  • Uni, les yeux,
  • Laran, les flancs,
  • Menrva, les doigts, les sens, le toucher,
  • Turan, les organes génitaux,
  • Turms, les pieds,

La maladie devait être considérée comme un dérangement de l'ordre universel et les livres de l'Etrusca Disciplina contenaient des rites destinés à soulager les malades. Le diagnostic de la maladie était le fruit de l'appel aux oracles et aux prodiges, leur observation déterminait aussi le traitement:

  • Observation du vol d'oiseaux
  • Tirage au sort de jetons ou de plaquettes.
  • Observations de fumées
  • Détail des viscères d'animaux sacrifiés

Le rituel religieux était composé de suppliques, prières, invocations, processions, sacrifices d'animaux par l'intermédiaire de l'haruspice.

Chirurgie

Parmi les pièces archéologiques trouvées lors de fouilles figurent de nombreux outils chirurgicaux ainsi que de nombreuses représentations dans les tombes et les trousseaux funéraires. Ils pratiquaient la trépanation crânienne et la prothèse dentaire en or comme mis en évidence dans certains restes humains et sur des terres cuites[2]. La circoncision était usitée et les pièces archéologiques représentant des organes anatomiques mettent en évidence de nombreux organes internes comme le cœur, les poumons, le foie, ainsi que des utérus contenant étrangement à leur intérieur une petite boule qui pourrait être la plus ancienne représentation de la vie intra-utérine de l'histoire[3].

Un ex-voto polysplanchnique en terre-cuite trouvé à Tessennano (Vulci), et conservé au Musée du Louvre, présente la trachée, les poumons, le foie, la vésicule biliaire, l'estomac et les anses intestinales.

Odontologie

L'extraction semble avoir été le remède le plus fréquent au mal dentaire. Ce état de fait est confirmé par l'abondance des dispositifs en or, ancêtres des prothèses dentaires modernes qui remplaçaient les dents arrachées. Ces dispositifs à base de métaux précieux étaient réservés à l'élite aristocratique. Les Étrusques étaient d'habiles transformateurs de métaux et ont utilisé les techniques du travail de l'or afin de créer des prothèses dentaires qui sont encore visibles aujourd'hui dans les crânes retrouvés dans les nécropoles[4] Les dents devant remplacer les manquantes étaient maintenues par des pontages en or et étaient obtenues à partir de dents animales parfaitement adaptées à la mâchoire du patient. Les archéologues ont trouvé dans les nécropoles de Monterozzi et de Capodimonte les premières prothèses dentaires fonctionnelles de l'histoire ainsi que des appareils de contention ou de remplacement en or. Les Romains reprirent ces techniques en les perfectionnant.

Orthopédie

Sur les squelettes des nécropoles, les étruscologues ont retrouvé des membres fracturés, recomposés et ressoudés, le patient ayant survécu pendant de nombreuses années.

Part de la magie dans la médecine étrusque

À côté de la médecine officielle il devait exister une composante magique dans le secteur térapeuthique qui prévoyait une complète autonomie de l'homme par rapport au divin. Les actes symboliques comme la fumigation d'herbes, préparation de filtres, récitations de formules magiques rythmées et secrètes donnaient l'illusion de pouvoir soumettre les éléments contraires à sa propre volonté. Varron[5] témoigne d'une formule magique rythmique sur le mal aux pieds (goutte ?) qu'il traduit de l'œuvre De Agricoltura de l'étrusque Saserna : « Terra pestem teneto/Salus hic maneto », (« La terre se garde la douleur et que la santé reste ici ». Des formules similaires sont rapportées par Caton l'Ancien[6] et entrent dans le même domaine magique et superstitieux.

Une formule destinée aux luxations était prononcée inlassablement jusqu'au moment où les os s'étaient remis « Huat, haut, huat ista pista sista, dominabo damnaustra » (« Que cesse ce mal des os démis ») ; une autre contre la furonculose « Nec mula parit/nec lanam fert lapis/nec huic morbo caput crescat/si crederti tabescat » (« que le furoncle n'augmente pas de volume ou qu'il vienne à maturité et se défasse »).

Il ne devait pas manquer de talismans et d'amulettes, dont on remarque la présence sur le cou des enfants en couches représentés sur les ex-voto.

La médecine patriarcale

L'équivalent étrusque du pater familias devait probablement posséder une série d'informations transmises de génération en génération sur l'action thérapeutique de certaines plantes et sur des interventions d'urgence (réduction de fractures osseuses, membres démis, luxations). À ce patrimoine de connaissances s'ajoutait l'expérience quotidienne ainsi que les échanges d'informations entre les familles.

L'extraction des dents rentraient aussi dans les compétences familiales, les césariennes, l'arrêt d'une hémorragie par pression, tamponnement ou ligature. Ces états de fait sont rapportés par les œuvres de Caton l'Ancien, Varron, Columelle et des Saserna qui montrent comment dans le cadre d'une tradition agricole fortement ancrée, la possession de connaissances thérapeutiques magiques ou rationnelles étaient transmises entre père et fils.

Notes et références

  1. Vitrines du musée archéologique national de Tarquinia
  2. La prothèse dentaire dans les tombeaux phéniciens et étrusques
  3. Gaspare Baggieri, Religiosità e medicina degli Etruschi, publié dans Le Scienze (American Scientific) volume 350. 1998, p. 76-77-78-79-80-81.
  4. Voir la prothèse étrusque sur bande en or avec dent de veau incorporée datant du IVe siècle av. J.‑C. d'une tombe de la nécropole de Monterozzi, et l'appareil dentaire issu de Poggio Gaiella (Chiusi) conservé au musée archéologique de Florence
  5. Varron, De agr. I, 2. 27
  6. Caton, De re r. 70

Bibliographie

  • (it) Mario Tabanelli, La medicina nel mondo degli Etruschi, Leo S. Olschki, Collection Biblioteca della « Rivista di storia delle scienze mediche e naturali ».
  • (it) Luciano Sterpellone, La medicina etrusca, Série Collana di storia della medicina e di cultura medica (ISBN 8884850916)
  • (it) Vittorio Gradoli, Etrusca Medicina, Dei, miti, rimedi nell'etruria antica, éditeur Scipioni, avril 2007.
  • (it) Gaspare Baggieri, Marina di Giacomo, Odontoiatria dell'antichità in reperti osteodentari e archeologici (« L'art dentaire antique d'après des découvertes ostéo-dentaires et archéologiques », Rome, 2005.

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