- Mayeux
-
Mayeux orthographié également Mahieux est un personnage comique imaginaire célèbre à Paris dans les années 1830.
Histoire
Il a été inventé en 1832 par le caricaturiste Traviès et inspiré d'un certain Léclaire. Il s'agit d'un bossu qui incarne tous les défauts de la bourgeoisie sous Louis-Philippe.
Charles Baudelaire parle ainsi de Mayeux[1] :
- Il ne faut pas oublier que Traviès est le créateur de Mayeux, ce type excentrique et vrai qui a tant amusé Paris. Mayeux est à lui comme Robert Macaire est à Daumier, comme M. Prudhomme est à Monnier. — En ce temps déjà lointain, il y avait à Paris une espèce de bouffon physionomane, nommé Léclaire, qui courait les guinguettes, les caveaux et les petits théâtres. Il faisait des têtes d’expression, et entre deux bougies il illuminait successivement sa figure de toutes les passions. C’était le cahier des Caractères des passions de M. Lebrun, peintre du roi. Cet homme, accident bouffon plus commun qu’on ne le suppose dans les castes excentriques, était très mélancolique et possédé de la rage de l’amitié. En dehors de ses études et de ses représentations grotesques, il passait son temps à chercher un ami, et, quand il avait bu, ses yeux pleuraient abondamment les larmes de la solitude. Cet infortuné possédait une telle puissance objective et une si grande aptitude à se grimer qu’il imitait à s’y méprendre la bosse, le front plissé d’un bossu, ses grandes pattes simiesques et son parler criard et baveux. Traviès le vit; on était encore en plein dans la grande ardeur patriotique de Juillet ; une idée lumineuse s’abattit dans son cerveau; Mayeux fut créé, et pendant longtemps le turbulent Mayeux parla, cria, pérora, gesticula dans la mémoire du peuple parisien. Depuis lors on a reconnu que Mayeux existait, et l’on a cru que Traviès l’avait connu et copié. Il en a été ainsi de plusieurs autres créations populaires.
Après sa création en 1832, tous les grands caricaturistes parisiens de l'époque reprendront le personnage de Mayeux : Cham, Daumier, Delaporte, Grandville, Robillard.
Une caricature de Cham faisant allusion à Mayeux montre au zoo un enfant encorné comiquement par un immense bovidé à bosse (sans doute un zébu). Sa mère s'étonne : « Pas possible ! il faut que tu lui aies dit quelque chose ? » et il répond : « Je l'ai appelé Mayeux [2]! ».
On retrouve vers 1830 « les deux Mayeux » parmi les personnages typiques du Carnaval de Paris.
Un article de la Gazette des Tribunaux traitant d'une affaire judiciaire en 1833 fait aussi allusion à Mayeux : « Vive la République ! Nom de D..., criait le 5 juin à 7 heures du soir, le sieur Tailleur dont la double gibosité offre le type le plus complet du véritable Mayeux[3] ».
Balzac lui-même écrira pour La Caricature deux articles : « M. Mahieux en société » publié le 6 janvier 1831 sous le pseudonyme d'Eugène Moriseau et « M. Mahieux au bal de l'Opéra » publié le 3 février 1831 sous le pseudonyme d'Alfred Coudreaux.
Le capitaine Louvet goguettier membre de la célèbre goguette de la Lice chansonnière a composé une chanson intitulée « Le citoyen Mayeux en 1848 »[4]. En 1848 fut composée une chanson intitulée « Pétition de Mayeux à la Société des Droits de l'Homme »[5].
Le journal hebdomadaire Du nouveau... Attention, nom de D... ! Mayeux, qu'il était censé rédiger, a paru du 2 juillet 1831 au 30 mai 1832.
Notes
- Charles Baudelaire, De l’essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques, VII Quelques caricaturistes français, Carle Vernet — Pigal — Charlet – Daumier — Monnier — Grandville — Gavarni — Trimolet — Traviès — Jacque.
- Internet. L'esquisse préparatoire à cette caricature est visible sur
- La Gazette des Tribunaux no2338, 11-12 février 1833.
- Le citoyen Mayeux en 1848 Voir sur Internet :
- Pétition de Mayeux à la Société des Droits de l'Homme ». Voir sur Internet la chanson «
Catégories :- Personnage de fiction français
- XIXe siècle
Wikimedia Foundation. 2010.