Lucette Pointet

Lucette Pointet

Lucette Pointet est une pilote de rallye française née le 4 avril 1936 à Montmerle-sur-Saône (Ain).

Carrière

Il aura fallu une certaine dose de hasard pour faire de Lucette une pilote de Rallye. Un hasard, sous forme d’une fille dont les amis de ses parents ayant fait des rallies rêvaient de la voir prendre la relève et se jeter à son tour dans le grand bain.

Dans leur quête d'une coéquipière, quelqu'un leur parle de Lucette et la voilà enrôlée dans une aventure dont elle ne maîtrise même pas le B, A, BA mais pour laquelle elle est enthousiaste même si elle doit se contenter de jouer le copilote. Il est vrai que Lucette a été élevée au milieu de trois frères dans une famille très soudée et que son attirance allait plus naturellement vers le sport automobile que vers la couture ou le tricot.

Nicole Pizot et Lucette sont donc au départ de leur premier rallye, « le rallye du Beaujolais », au volant d'une DB Panhard et si les résultats ne sont pas du premier plan, les parents au retour leur offrent l'inscription au rallye de Monte Carlo 1955. La DB n'est certes pas la voiture la mieux adaptée pour ce genre d'épreuve, mais là encore les demoiselles se retrouvent malgré tout au parc fermé d'arrivée.

Il y a eu tout d’abord la période Karting. A cette époque une équipe inscrite au championnat de France se composait de quatre hommes et d’une femme ; c’est ce qui a fait que Lucette s’était retrouvée dans une équipe lyonnaise courant sur des châssis Mercadier. Lucette s'engage alors à son tour dans une écurie lyonnaise, l'écurie Noire, et cette action va la faire définitivement basculer dans le monde de la compétition et des rallies.

Puis c'est par l'intermédiaire de cette écurie qu'elle va faire sa première épreuve, la course de côte de Limonest - Mont Verdun. Le groupe des membres de l'écurie a en effet décidé qu'elle devait être au départ avec sa Dauphine de série et a multiplié les montées de répétition donnant à Lucette ses premières notions de ce qu'est une trajectoire.

Avec une Renault Dauphine 1093 prêtée par Paul Petit, Lucette termine troisième du rallye Neige et glace en devançant quelque 1093 d'usine conduites par des messieurs quelque peu surpris, voire contrits. Il convient de préciser que poussée par son écurie, Lucette s'est soigneusement entraînée et sa rencontre au pied de la course de côte de Chamrousse avec Jo Burgraff n'est sûrement pas étrangère à cette performance. Ce dernier lui propose de monter à ses côtés pour lui faire travailler sa prise de notes et lui apprendre à négocier au mieux les virages. Son passage dans l'écurie Noire va vraiment être le déclencheur de la carrière de Lucette qui trouve en son sein des membres masculins dévoués, qui lui font confiance et lui trouvent un joli coup de volant. Durant toute la période « 1093 » l’aide technique d’Arthur Bozian et celle de Paul Chatanay seront indispensables à Lucette pour se trouver avec des moteurs compétitifs sur les lignes de départ des courses de côte et des rallies.

Motivée par ce soutien, elle enchaîne alors les courses de côtes (toujours sur des modèles proches de la série) avec une prédilection pour celle de Limonest, du Col de la Faucille ou du Mont Ventoux avant de s'offrir une Volvo d'occasion qu'elle engage au Monte Carlo 1962.

Suite à sa victoire au Neige et Glace, elle se verra confier une Renault Dauphine 1093 par François Landon responsable du service course chez Renault et fera quelques rallies avec cette voiture. A cette période elle rencontre Gérard Larrousse avec lequel elle participe à quelques épreuves.

Toujours en 1962, Lucette rencontre René Cotton alors team-manager de l'écurie Paris-Ile de France qui voyant ses résultats lui propose de conduire une DS. C'est au rallye Paris-Saint Raphaël féminin de 1963, que Lucette court pour la première fois tout frais payés après avoir couru sur des Dauphines 1093 ou sur Volvo, dans des épreuves où elle devait assumer tous les frais inhérents à la course (engagement, assurance, essence,.....). René Cotton lui confie, pour ce qu'ils conviennent être un coup d'essai, une voiture de reconnaissance, une voiture de course et quelques mécanos pour l'assistance. Un coup d'essai qui deviendra un coup de maître puisque Lucette remporte le rallye pour sa première course sur DS et dès lors ne quittera plus le giron de Citroën, d'abord sous l'étendard de l'écurie Paris Ile de France puis dans l'écurie officielle Citroën à partir de 1965. Elle occupera la place laissée vacante en 1964 par Claudine Bouchet passée chez Lancia.

Cette victoire au Paris Saint-Raphaël fut par ailleurs l'objet d'une polémique puisqu'un équipage concurrent portera sans succès réclamation, reprochant à Lucette d'arriver sans aile arrière après avoir serré d’un peu trop près un parapet dans l'ascension du mont Ventoux. Cette concurrente pensait que dès lors la voiture ne faisait plus le poids minimum imposé, ce que démentira la bascule.

Elle courra en 1963 trois autres épreuves en copilote de Claudine Bouchet (l'intensité des épreuves permettant au copilote de prendre également le volant) remportant la coupe des Dames au rallye de Catalogne (3ème du général), au tour de Corse (6ème du général) et abandonnant au Tour de France automobile.

A partir de 1964, Lucette se retrouve de plus en plus souvent au volant, ne le délaissant que pour servir de coéquipière à celui qui deviendra son mari, Jean-Claude Ogier.

Début de saison 1965 en fanfare pour Lucette qui décroche deux coupes des dames consécutives dans deux épreuves prestigieuses en commençant par le rallye de Monte-Carlo. Lucette fait ensuite partie de l'armada Citroën engagée dans l'East African Safari pour lequel Citroën (qui a désormais un service compétition officiel) aligne 10 voitures confiées à des équipages européens et locaux dans le but de ramener la coupe des constructeurs. Lucette garde un souvenir tout particulier de cette épreuve de 5000 kilomètres non-stop, courue quasi-intégralement sur piste, et donc la difficulté fera que seulement 14 voitures sur les 90 engagées franchiront la ligne d'arrivée.

Le rallye cette année-là est marqué par de violentes pluies et les concurrents doivent affronter le « black-cotton » qui n'est ni plus ni moins qu'une épaisse couche de glaise qui recouvre la piste et où les voitures s'engluent les unes après les autres. Dès qu'elles sont immobilisées, une meute d'autochtones se précipite sur la voiture en criant « Shilling, Shilling …», qui est la monnaie locale. Pas d'autres moyens pour se sortir du bourbier que de payer sa « rançon » et Lucette et sa coéquipière (Françoise Houillon) doivent verser leur écot. Une armée de mains s'empare alors de la DS et commence à la porter à l'autre extrémité du passage délicat. Lucette et Françoise n'avaient sûrement pas été assez généreuses car au beau milieu de la plaque de boue, leurs sauveurs les abandonnent pour se précipiter sur la voiture de Stirling Moss (une Saab d'usine plus légère et au pilote peut être plus généreux) et ne reviendront les tirer de leur bourbier qu'après en avoir fini avec la Saab.

Tirées de ce mauvais pas, les filles repartent à l'attaque et, en franchissant un gué un peu profond cassent leur transmission. Elles se préparent la mort dans l'âme à abandonner quand surgit une équipe de mécanos d'assistance avec à leur tête Michel Parrot qui suivent le rallye. Au beau milieu de la piste ils vont réaliser le miracle et permettre à Lucette et Françoise de repartir et franchir la ligne d'arrivée en remportant la coupe des Dames. A leur grand désappointement, c'est une joie limitée qui les accueille dans le camp Citroën qui vient d'être doublement et cruellement frappé par le sort. Sportivement d'abord puisque la voiture de tête, alors classée seconde a raté le dernier contrôle de passage et a été disqualifiée, privant Citroën d'une coupe des constructeurs qui ne paraissait pas pouvoir leur échapper. Moralement ensuite puisqu'un de leur pilote, Olivier Gendebien, vient de perdre son épouse dans un accident de la route. Citroën ne reviendra officiellement au Safari qu'en 1984 avec les Visa 1000 Pistes.

Toujours en 1965, elle court le rallye de l'Acropole avec Françoise Houillon comme coéquipière. Le rallye de l'Acropole est une épreuve particulièrement longue où il n'est pas possible de retenir les spéciales par cœur. On effectue donc un passage dans toutes les spéciales pour prendre les notes, un deuxième pour les vérifier et hop ! C’est parti.

Au cours du rallye la coéquipière de Lucette tombe malade mais continue néanmoins tant bien que mal à égrener les notes jusqu'à ce que dans une spéciale de nuit, elle saute malencontreusement une ligne et annonce un « droite à fond » au lieu d'un « droite 80 resserre ». La DS lancée à vive allure ne peut négocier le virage et tire droit vers les spectateurs présents à cet endroit. Lorsque Lucette reprend ses esprits, La DS est arrêtée sur le toit au milieu des fondations d'une maison. Bien tenue par sa ceinture, Lucette prend des nouvelles de sa coéquipière qui est allongée sur ce qui reste du toit et qui lui répond : « moi ça va, mais il y a quelqu'un avec moi ». Le quelqu'un en question était un gendarme en faction à cet endroit qui ne sera que légèrement blessé, mais les deux équipières seront néanmoins consignées à l’hôtel en surveillance rapprochée le temps que tout soit réglé.

Citroën ayant souhaité faire participer les Panhard 24 CT en compétition, Lucette et Jean Claude se virent confier pour la première fois en 1965 une Panhard au Tour de Corse (11ème cl. gén.).

Puis se furent une série de rallies et de victoires en 1966 soit avec Jean Claude, soit en équipage féminin (Cévennes, Routes du Nord, Charbonnières, Ouest, Limousin, Lorraine, Genève et Mont-Blanc).

Après une coupe des Dames au Monte Carlo et à la Coupe des Alpes, Lucette se retrouve au départ des Routes du Nord. Si le titre de ce paragraphe peut prêter à sourire, pour Lucette cela reste l'un des plus mauvais ou impressionnant souvenir de sa carrière. Le rallye des routes du Nord 1966 comprend cette année-là une épreuve sur le circuit routier de Reims (dont il ne reste aujourd'hui que quelques tribunes dégradées). Sans doute emportée par son optimisme, Lucette arrive trop vite en abordant un virage. Le train avant de la DS perd toute adhérence et la voiture s'envole dans une série de tonneaux. Lucette reprendra ses esprits dans l'hélicoptère qui l'évacue vers l'hôpital de Reims. Elle conserve aujourd'hui encore comme relique le casque qu'elle portait ce jour là, sérieusement abîmé mais qui avait eu le bon goût de rester bien accroché pendant ses débuts involontaires de cascadeuse.

Toujours en 1966, Lucette court quelques épreuves sur Triumph au sein d'une écurie dirigée par Jean François Piot et terminera la saison troisième du championnat de France féminin des rallies.

En 1967, Lucette participe à 18 épreuves, cherchant désespérément à conquérir le titre de championne de France pour lequel elle butera toujours sur Claudine Trautmann qui court sur Lancia et bénéficie d'un avantage certain au classement à l'indice (qui tient compte de la cylindrée). Elle participera notamment au Monte Carlo avec Jacky Fougeray, avec Michèle Véron (Cévennes, Genève, Mont-Blanc, Coupe des Alpes, Roussillon, Vercors-Vivarais, Pyrénées, Pétrole, Coupe des Alpes, Cannes) et avec Madame Arnaud (Neige et Glace, Forez, Ronde Cévenole, Bourgogne).

En compagnie de Jean Claude Ogier, elle participe au San Rémo où ils remportent le groupe, au tour de Corse (sur un proto d'usine) et à une épreuve inédite pour Citroën : deux voitures sont en effet engagées dans un rallye canadien qui relie la côte Ouest (Vancouver) à la côte Est (Montréal), la transcanada Shell 4000. Couru sur parcours secret sur 4000 Miles, le rallye se dispute uniquement au road book étalonné en Miles ce qui rendait le jeu particulièrement délicat. Lucette et Jean Claude forme le premier équipage et la seconde voiture est confiée à un pilote canadien Marcel Rainville. Les deux voitures termineront respectivement 5ème et 6ème avec avantage au pilote canadien suite à des consignes de course. Souhaitant une arrivée groupée des deux voitures, Lucette et Jean Claude devront en effet s'arrêter pour attendre la seconde voiture et perdront une partie de l'avantage de leur belle course. C'est la seule occasion où Lucette aura à se « plaindre » de consignes de course.

Elle remporte 7 coupes des dames avec Michèle Véron au Monte Carlo, au rallye de Genève, au rallye des deux Catalognes, et au Forez sur des voitures d'usine (dont trois fois avec les fameux prototypes raccourcis), puis au rallye du Roussillon, du Vivarais et de Bourgogne sur la voiture familiale à la recherche de points pour le championnat de France.

Elle participera à la déroute de l'usine à la coupe des Alpes ou les quatre voitures engagées devront toutes se retirer sur des problèmes de plaquettes de freins qui ne résistaient pas au traitement imposé par les pilotes aux prises avec les cols des Alpes.

Cette « débauche » rallystique ne permettra hélas pas à Lucette de décrocher le titre tant convoité.

En 1968, l'année est marquée par une mauvaise série et de nombreux abandons dont un à la Coupe des Alpes où Lucette se retrouve en spéciale face à face avec une camionnette des PTT, sortie dont on ne sait où, et qui remonte la spéciale en sens inverse. Elle remporte néanmoins deux coupes des dames au rallye Neige et Glace et au rallye du Portugal (TAP) et se classe 2ème du rallye Paris - Saint-Raphaël avec un proto.

En marge du programme officiel, Lucette va se retrouver engagée au rallye Londres - Sydney sur une Ford. L'écurie Ford engage cette année-là une voiture officielle pour Rosemary Smith, pilote irlandaise, qui demande à Lucette de l'accompagner car elle est à la recherche d'une coéquipière pilote pour ce rallye particulièrement long.

La Ford atteindra l'arrivée en 48ème position et 2ème équipage féminin. La technique leur posa bien des problèmes, c'est en remorque que l'équipage traverse l'Afghanistan (panne de moteur) avant d'être secouru au Pakistan, mais c'est plus le relationnel qui va compliquer les choses.

Habituée à dicter des notes en anglais puisque c'est la technique qu'elle utilise dans tous les grands rallies (dont les road-book sont en anglais et dont la traduction instantanée pourrait être source d'erreurs), Lucette se heurte à un mur face à Rosemary qui ne juge pas sa prononciation suffisamment « british » et refuse de parler un mot de français.

A l'issue du rallye, Lucette décide d'aller rendre visite à son frère qui habite en Nouvelle Calédonie. Par hasard, à la remise des prix est présente une délégation calédonienne venue observer l'organisation du Londres-Sydney dans le but de relancer sur l'île une épreuve officielle. Dans cette délégation, un certain Philippe Pentecost importateur Citroën à Nouméa, qui leur propose de disputer pendant leur séjour le Safari Calédonien sur sa propre voiture. Ils vont y découvrir les charmes de l'organisation amateur et faisant d'une pierre deux coups, remporter l'épreuve en mettant fin à une longue hégémonie de la marque Peugeot sur l'île.

A la fin des années la DS est sérieusement distancée par ses concurrentes et ne peut encore tirer son épingle du jeu que dans les rallies sur terre ou dans des conditions hivernales. L'activité du service compétition diminue et Lucette tient de moins en moins le volant, navigant le plus souvent son pilote de mari. Ils signent bien une victoire de classe à la coupe des Alpes sur un proto DS mais c'est aux antipodes qu'ils glanent leurs derniers lauriers.

Ils remportent en 1969 et 1970 le Safari Calédonien sur une voiture prêtée par Philippe Pentecost, pour lequel ils amènent de France tout le matériel de chronométrage mis à disposition par la fédération Française de Sport Automobile.

En 1970, cette fois sur une voiture confiée par Jim Reddiex, importateur Citroën à Brisbane„ ils vont glaner des lauriers chez les Kangourous en remportant un difficile rallye australien, l'Ampol Trial long de 16.500 kilomètres.

En juin 1971 c'est avec Jean Vinatier sur Alpine qu'ils obtiendront la Coupe d’Or en terminant troisième du classement Tourisme à la célèbre et redoutée Coupe des Alpes.

La dernière apparition de Lucette sera le rallye de la Jamaïque en 1971. Jean Vinatier leur propose de conduire une voiture prêtée par l'organisateur qui souhaite avoir un équipage français au départ. A leur arrivée la voiture n'est pas finie et ne réussira qu'à parcourir une trentaine de kilomètres de spéciales avant de rendre l'âme.

En 1982, Lucette et son mari souhaitent faire une sorte de pèlerinage en participant au rallye de l'Acropole qui est leur épreuve fétiche puisque c'est ici qu'a débuté leur histoire d'amour. Ils empruntent donc au garage Ricou Citroën de Grenoble une Visa trophée et avec l'aide de deux mécanos qui prennent sur leurs congés pour les suivre, se rendent en Grèce. Ils y retrouvent toute la troupe des acharnés du trophée (Gachan, Dorche, Marteil,...) mais malheureusement cette année-là toutes les Visa seront aux prises avec des problèmes de suspension qui entraîneront force bris de carter et Lucette et Jean Claude n'échapperont pas à la règle. Dommage car ils avaient prouvé qu'ils étaient encore bien dans le rythme puisque qu'ils pointaient en 15ème position au moment de leur abandon.

Ensuite durant plusieurs années Lucette fera partie des ouvreurs pour l’organisation du Tour de Corse et pour Michèle Mouton (équipe Audi) lors des rallyes de Monte Carlo.

Famille

  • Claude Pointet, son frère, passionné de sport automobile, a participé à de nombreuses courses de côte sur monoplace Mercadier,
  • Catherine Ogier-Falzon, sa fille, a participé à des rallies sur terre et au difficile rallye de Suède,
  • Jean-François Pointet-Ogier, son fils, sportif de haut niveau est un joueur de hockey sur glace depuis 1974.



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lucette Pointet de Wikipédia en français (auteurs)

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