- Louis Clément Faller
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Louis Clément Faller, né à Habsheim, près de Mulhouse, le 1er juin 1819, il se suicide le 27 février 1901 à Paris, est un peintre français.
Sommaire
Biographie
Jeunesse en Alsace puis études à Paris dès 1838, élève de Paul Delaroche et de Delacroix. Observateur de la Révolution de 1848, Faller s'expatrie aux États-Unis en 1850, il enseigne dans un lycée de Saint-Louis dans le Missouri, s'établit à New York en 1853 où il ouvre une école de peinture, fonde l'American Barbizon school (en) qui sera le moteur des paysagistes américains jusqu'à la fin du XIX° siècle.
De retour en France, il s'établit en 1862 dans la Vallée de Chevreuse, à Orsay, période de création que l'on peut qualifier de pré-impressionnisme. La guerre de 1870 laissera son atelier en cendres. Après cette date le peintre s'installe à Paris, et décèdera en 1901[1].
Né dans un milieu catholique comptant un chanoine, un frère jésuite, Louis Clément est destiné à l'état ecclésiastique. Lachapelle-sous-Rougemont. Il est renvoyé du collège des jésuites de Fribourg pour un dessin caustique et irrévérencieux. Un stage dans les Ponts et Chaussées lui permet de quitter l'Alsace et de se rendre dans la capitale pour y étudier.
Avec la promesse de continuer les études abandonnées, son père (receveur de l'enregistrement) consent à lui allouer une rente "sous contrôle" - mais Clément Faller est obsédé par la peinture et rentre contre toute attente dans l'atelier de Delaroche (lettre du 2 septembre 1941 : « j'y travaille depuis 10 jours »). L'atelier de Delaroche possède une grande réputation et se compose d'une centaine d'élèves « plus insolents les uns que les autres » sans parler du bizutage, cheveux brulés ,le visage barbouillé[2]. Parallèlement, il travaille à l'eau-forte chez un éditeur (Augustin Challamel). Il rencontre Jean-François Millet, devient professeur de dessin de la future comtesse de Montebello. En avril 43, illustre l'ouvrage Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, rencontre une nouvelle protectrice, Mme de l'Epée, partage un appartement avec Eugène Arbeit et enfin rentre dans l'atelier d'Eugène Delacroix en juin 1843. Delacroix était un Maître exigeant et ne gardait que les élèves qui lui paraissaient doués - un certificat sera signé du Maitre et daté du 5 février 1844. Le jeune artiste est récompensé, des commandes lui permettent de vivre correctement entre Alsace et Paris, réconcilié avec sa famille . Il est observateur des évènements de 1848 de sa fenêtre, mais l'aventure le tente, et en 1850 il embarque sur un voilier à destination de la Nouvelle Orleans[3].
L'aventure américaine 1851-1860 et l'American Barbizon School
1851-1853 : À Saint-Louis (Missouri), Louis Clément Faller exerce le métier de professeur dans un établissement réputé : le Saint Louis english and classical high School (aujourd'hui le Metro Academic and Classical High School (en)- son papier à en-tête : « a celebrated Faller emigrated in U.S.A. painter and teatcher » comporte un auto-portrait et un dessin du collège ; un exemplaire daté du 5 mai 1853, est signé par le principal en guise de certificat[4] remerciant Faller de ses bons et loyaux services. En 1852, il épouse Marie Amélie Pauline Longuemare dans la cathédrale de St louis. Mai-juin 1853, le couple quitte le Missouri en direction de New York .
1853-1860 Dès son arrivée à New-York, Faller expose à la National Academy of Design. En 1854, Clément Faller ouvre une école de peinture. Un prospectus daté du premier juillet 1854 est rédigé comme suit[5]: « drawning and painting - Monsieur Clement Faller, recently from Paris, a pupil of the celebrated Paul Delaroche and graduated of the french governmental school of fine art, has the honnor to the public, and principally to the schools of New York, that he will give instruction in the various branches of art, such as : figure, lanscape... Applications may be made to the above, or to the artist at his residence, n° 96 1/2 Seventh-Street. »
À New York , Faller et les paysagistes américains fondent l'American Barbizon School. Depuis le début du XIXe siècle, une colonie d'artistes français est florissante (peintres, graveurs, lithographes)pour cette période : Régis François Gignoux (en) (1816-1882), peintre lyonnais, élève de Delaroche, à New-York de 1844 à 1870, Hippolyte Sebron (collaborateur de Daguerre au Diorama) de 1849 à 1855, pastelliste et portraitiste, Constant Mayer, élève de Léon Cogniet arrive en 1855[6]. Faller, dès son arrivée, se heurte aux théorie d'un peintre émigré d'origine allemande : Emanuel Leutze 1816-1859, l'artiste des grandes scènes et des grands événements travaillés en atelier, suivis par bon nombre d'artistes américains dont le plus célèbre est : John Trumbull, le paysagiste William Morris Hunt 1824-1879 revient de France en 1853, après avoir travaillé dans l'atelier de Jean-François Millet, Georges Fuller (en) 1822-1884, Richard Henry Fuller 1822-1871, tous ces paysagistes se regroupent autour de Faller et fondent l'American Barbizon School. Faller devient le chef de file d'un mouvement pictural franco-américain, qui sera l'élément moteur de l'École des paysagistes américains jusqu'à la fin du XIXe siècle. Clément Faller est aussi un théoricien de l'école du plein air, des paysages pleins de vie, vibrant des lumières environnantes et changeantes, jusqu'à ce qu'elles deviennent des impressions[7]. (Impression soleil levant de Monet qui donna son nom à la première exposition impressionniste, date de 1874).
Orsay et la Vallée de Chevreuse 1863 - 1871
Le décès de son père le fait quitter New York, lui, sa femme, et leurs enfants Edmond et Emily, qui deviendra artiste peintre [8], et la famille s'installe en Alsace, entre Ribeauvillé et Mulhouse. Des collectionneurs s'intéressent à son travail (Jean Dollfus, G. Engelmann, Xavier Mossmann (Archiviste de la ville de Colmar), Engel de Mulhouse...). De cette période, G. Engelmann achètera à l'artiste une lithographie La laveuse.
En 1863 le petite famille s'installe à Orsay, en Vallée de Chevreuse dans une maison que Faller hérita de son père et « commença une existence de recherches et d'essais que la mort seule devait interrompre »[9] . Au Salon des Artistes Français Faller envoya des paysages de la Vallée de Chevreuse « dont il restera le peintre aux aspects multiples, tour à tour brutal, précis, fantastique jusqu'à ne plus voir, dans la nature qu'une broussaille lumineuse dessinée au pinceau et basée sur des gris et des verts » (Girodie) : c'est Coup de vent, Salon de 1866, Le Coin de l'ancien parc d'Orsay, 1867, un paysage en 1868 et La Colline de la Vallée de Chevreuse en 1869. Après cette date, Faller n'exposera plus : « l'heure de Faller était en avance sur son époque. Elle marquait un art très voisin de l'Impressionnisme »[10].
Paris 1871 - 1901
Paris, 29 rue Bayen, puis en 1877, 29 avenue de Wagram : « quant à la réputation et à la célébrité, je m'assieds dessus, je les domine... »[11]. En 1880 il s'exprime encore : « je n'envoie plus depuis la guerre à l'Exposition de Paris. Il y a là comme ailleurs une clique dont il faut faire partie. Je ne le veux pas. Mais malgré mon insouciance pour la réputation, j'ai quelques petits tableaux dans la galerie de M. Dollfus, qui est peut-être la plus belle des collections particulières de Paris. Ils sont placés à côté des petits tableaux de grands maîtres comme Corot, Rousseau, Courbet, Daubigny, etc. Ils se tiennent bien. J'en reçois souvent des compliments de la part des artistes qui les voient. »
Le 28 décembre 1889, au 28 de la rue de Washington, Marie Pauline Longuemare, épouse Faller décède[12]
« Faut-il l'avouer ? je fais 130 francs par mois , dans le meilleure saison de mon année » ; « resté seul, le peintre flotta à la dérive, continuant de travailler sans espoir, sinon dans la justice de l'avenir..." malgré son désespoir , sa clairvoyance reste intacte : " j'ai été voir voir l'exposition de Manet. Encore un incompris : toute la bourgeoisie se tenait les côtes " - " La grande peinture se perd en France. Depuis Delacroix, qui n'a pas été apprécié de son vivant, tout dégénère excepté le paysage, qui possède une nouvelle École à la tête de laquelle sont Renoir, Claude Monet, Sisley, etc., et qui tous crèvent de faim... »
« Ne donnez mon adresse à personne , sous n'importe quel prétexte , pas même si l'on vous disait que c'est pour acheter des tableaux ou pour prendre des leçons ». Le 27 février 1901, Louis Clément Faller, 17 rue Jouffroy, mit fin à ses souffrances.
1905 première exposition de Louis Clément Faller
Du 7 au 17 décembre 1905, les Galeries Vollard, 6 rue Laffitte, proposent la « première exposition de quelques études et tableaux laissés par le peintre alsacien C. Faller (1819 - 1901) »[13]. À la lecture du catalogue, Girodie poursuit : « suivait la liste des possesseurs d'œuvres exposées : Mme Delaherche, née Faller, et M. Armand Faller, fille et fils de l'Artiste ; Mme Edmond Faller ; M. René Chaudesaigues de Tarrieux, Christian Cherfils, Meynis de Paulin, Mouquet et Pacton, amateurs d'art à qui le peintre doit un rayon de lumière que tout artiste méconnu réclame au lit de mort" ».
« En visitant l'Exposition, j'acquis la certitude que Louis Clément Faller avait marqué sa personnalité dans l'Art français du XIXe siècle. Je voulus ensuite connaitre l'homme dont un peu de couleur sur quelques toiles faisait pressentir le drame obscur, la lutte sans victoire, l'annéantissement. Bien m'en prit. Non seulement Faller est un peintre du talent le plus curieux, mais à divers points de vue, l'Alsace ne doit pas ignorer sa biographie. Je veux l'extraire des documents que la famille et les amis de l'artiste m'ont confiés »[14].
Notes et références
- Académie française la vie de Louis Clément Faller est bien connue grâce au travail d'André Girodie qui publia un long article dans les biographies alsaciennes sous le titre Louis Clément Faller un peintre Alsacien de transition daté de 1907 et qui fut couronné par l'
- Tous ces détails sont des extraits de lettres adressées à ses parents ou à Xavier Mossmann (archiviste de la Ville de Colmar et ami de Faller)
- Son départ en 1850 est vraisemblable - une lettre datée du 4 avril 1851 à ses parents indique qu'il est à Saint Louis chez Emile Karst
- 5
- certificat reproduit
- Louis Réau, L'Art français aux USA, H. Laurens, 1926
- André Girodie, L.C Faller, peintre alsacien de transition, Strasbourg, Édition de la "Revue alsacienne illustrée", 1907
- Girodie
- Emily Faller née à N.Y. en 1858, élève de son père et de Charles Chaplin, sera peintre de natures mortes et portraitiste, exposera au Salon de 1974 à 1883 et Mulhouse en 1879, elle retournera à N.Y. en 1883 (David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Québec, Musée de Québec, Presses de l'université Laval, 1992
- Girodie
- lettre du 27 avril 1878 à Xavier Mossmann
- « tu es bienfaisante , tu protèges comme un rempart invulnérable tous ceux qui , lassés , te demandent asile , et ta main étendue fait reculer la horde des cannibales »
- Titre du catalogue de l'exposition relaté par Girodie.
- André Girodie relate ainsi son premier contact avec Faller
Catégories :- Peintre français du XIXe siècle
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