- Bendigeidfran
-
Bran le Béni
Bran le Béni (ou Bran Vendigeit, ou Bendigeidfran en gallois moderne), fils de Lir (ou Llyr), est un personnage de la mythologie celtique brittonique, qui apparaît notamment dans la deuxième branche du Mabinogi : « Le Maginogi de Branwen », dont il est le frère, avec Manawyddan Fab Llyr.
Sommaire
« Le Mabinogi de Branwen »
Bran le Béni est un géant qui ne peut entrer dans aucune maison, à cause de sa taille, ni monter sur aucun bateau. Son nom signifie « corbeau », animal associé à la mort. Il est le souverain du royaume du Gwynedd, sa résidence est à Harddlech c'est-à-dire le « bel endroit »[1].
Matholwch, le roi d’Iwerddon (Irlande), débarque dans l’île de Bretagne pour conclure un traité de paix avec Bran et lui demander la main de sa sœur Branwen. La proposition est étudiée en conseil et acceptée. Mais leur demi-frère Evnissyen, furieux de ne pas avoir été consulté, se venge en mutilant les chevaux des Irlandais : il leur coupe les lèvres, les oreilles, les paupières et la queue. Devant l’affront, Matholwch se prépare à rentrer, mais Bran lui offre, en guise de réparation, de nouveaux chevaux, une baguette d’argent et une plaque d’or. Il doit ajouter un chaudron magique, qui ressuscite les guerriers morts au combat.
Branwen suit son époux Matholwch en Irlande et, après une année, donne naissance à un fils Gwern. Puis elle tombe en disgrâce, à cause de rumeurs relatives à la mutilation des chevaux. Elle est chassée du lit du roi et condamnée à faire la cuisine dans la cour, où chaque jour le cuisinier vient lui donner une gifle. De plus, toutes les relations sont interdites entre l’Irlande et le pays de Galles. Pendant trois ans elle subit cette humiliation, mais parvient à envoyer à son frère un message, attaché à la patte d’un étourneau qu’elle a dressé.
Dès qu’il connaissance de la situation, Bran réunit les « 154 royaumes » et organise une expédition militaire contre l’Irlande. Lui-même par la mer à gué avec ses harpistes sur le dos. Matholwch propose immédiatement d’abdiquer et de confier la royauté à son fils Gwern, qui est donc aussi le neveu du roi de Bretagne. Alors que les deux camps vont de réunir pour faire la paix, Evnissyen devine une supercherie des Irlandais : dans la maison où ils doivent se rencontrer, de chaque côté des 100 colonnes de la maison, ils accrochent des sacs de farine contenant chacun un guerrier. Evnissyen tue les 200 guerriers irlandais en leur écrasant la tête. La rencontre a lieu et va voir chacun de ses oncles. Quand il approche d’Evnissyen, celui-ci le saisit par les pieds et le jette dans le feu, ce qui déclencle une guerre sans merci.
Evnissyen détruit le chaudron magique et tous les Irlandais sont tués. Les Gallois sont vainqueurs mais seuls sept guerriers survivent à la bataille Pryderi, Manawydan, Gliuieu Eil Taran, Taliesin, Ynawc, Gruddyeu et Heilyn. Bran lui-même est blessé au pied par une lance empoisonnée, il ordonne que sa tête soit coupée[2] et enterrée à Londres, à Y Gwynvryn (la « Colline Blanche »). Au cours des quatre-vingt sept années qui suivent, les sept survivants ont une longue discussion avec la tête de Bran qui continue de parler.
Si Bran est un héros formidable, à l’instar de Cúchulainn, certaines légendes en font un dieu de l’Autre Monde, à la fois devin, musicien et guerrier. Son surnom est bien évidemment un attribut chrétien, tardif.
Notes
- ↑ Harddlech : aujourd’hui Harlech dans le Merionethshire.
- ↑ Couper la tête d’un ennemi vaincu était un rituel guerrier, courant chez les Celtes. Il est attesté, dans le domaine celtique continental et insulaire, par les sources littéraires et les études archéologiques. Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, page 839.
Texte mythologique
- Anonyme, Les Quatre branches du Mabinogi, traduit, présenté et annoté par Pierre-Yves Lambert, Éditions Gallimard, collection L'aube des peuples, Paris, 1993, (ISBN 2-07-073201-0).
Sources
- Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, éditions Payot, Paris, février 1993, 169 p. (ISBN 2-228-88621-1).
Réédition augmentée d'un ouvrage paru initialement en 1957 aux PUF. Paul-Marie Duval distingue la mythologie gauloise celtique du syncrétisme dû à la civilisation gallo-romaine.
- Albert Grenier, Les Gaulois, Petite bibliothèque Payot, Paris, août 1994, 365 p. (ISBN 2-228-88838-9).
Réédition augmentée d'un ouvrage paru initialement en 1970. Albert Grenier précise l’origine indo-européenne, décrit leur organisation sociale, leur culture et leur religion en faisant le lien avec les Celtes insulaires.
- Christian-J. Guyonvarc'h, Magie, médecine et divination chez les Celtes, Bibliothèque scientifique Payot, Paris, 1997, (ISBN 2-228-89112-6).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986, (ISBN 2-85882-920-9).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, La Civilisation celtique, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1990, (ISBN 2-7373-0297-8).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Fêtes celtiques, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1995, (ISBN 2-7373-1198-7).
- Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, Yoran embanner, Fouesnant, 2007, (ISBN 978-2-914855-37-0)
- Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins » , Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).
Consulter aussi la Bibliographie de la mythologie celtique et la Bibliographie sur les Celtes.
- Portail du monde celtique
Catégorie : Mythologie celtique galloise
Wikimedia Foundation. 2010.