- Libération des pilotes de Bosnie
-
Le 30 août 1995, quelques heures après le début des bombardements de l'OTAN contre la Serbie, un Mirage 2000 de l'armée française est abattu en Bosnie-Herzégovine. Les deux membres d'équipage, le capitaine Frédéric Chiffot et le lieutenant José Souvignent s'en sortent indemnes, mais sont arrêtés par les forces serbes de Bosnie[1]. Les deux hommes sont libérés trois mois plus tard grâce à la médiation de Jean-Charles Marchiani et Arcadi Gaydamak[2].
Sommaire
Négociations secrètes
Jean-Charles Marchiani, qui avait informé le président que les militaires étaient en vie contrairement aux informations qu'avaient les services officiels, est mandaté par Jacques Chirac pour mener des négociations parallèles[3]. Selon l'Express, grâce aux réseaux d'Arcadi Gaydamak (lui-même ancien agent du KGB) au sein des services secrets russes, Jean-Charles Marchiani parvient à approcher les dirigeants serbo-bosniaques et à « bluffer » Radovan Karadzic en lui affirmant que les forces françaises allaient quitter Sarajevo laissant à elle-même la minorité serbe. Telles sont les affirmations de Marchiani, que dément catégoriquement le compte-rendu de huit pages dactylographiées du général Pierre Marie Gallois de sa mission en Bosnie les 16 et 17 novembre 1995 et aux termes duquel il fait état de ses rencontres avec Radovan Karadzic le jeudi 16 et le général Mladic le vendredi 17 ; après lui avoir fait visiter son village natal de Kalinovik, le général Mladic déclare textuellement à son interlocuteur français : « Il faut que ces deux hommes vous soient rendus, morts ou vivants. Je m'y engage. Mais il faut un geste de votre part. Si le chef d'état-major des armées françaises voulait me rencontrer, à Moscou ou à Belgrade, je lui présenterais mon armée, sa visite effacerait un peu de nos souffrances... Et alors je retrouverais la trace de ces deux hommes, je les leur rendrais morts ou vifs. Il y a droit, ce sont des combattants. Je m'y engage. »
Le général Gallois écrit alors : « Ce discours signifie très probablement que les deux Français sont en vie (comment le général Mladic pourrait-il « offrir » deux cercueils au chef d'état-major de l'armée française ?), qu'il sait où ils se trouvent et qu'il les considère comme un ultime atout. » Ainsi, la vérité est-elle très différente de la version Marchiani car comment le général Gallois aurait-il connu le scénario de la libération des deux pilotes plus de deux semaines à l'avance ? Il faut ajouter que les ministres des affaires étrangères Hervé de Charette et de la défense Charles Millon ont reçu l'un et l'autre copie du rapport du général Gallois le 18 novembre 1995. Les autorités françaises au plus niveau étaient donc informées.
Libération des otages
L'exigence de Radovan Karadzic est qu'un haut responsable français vienne en personne chercher les prisonniers. Le 12 décembre 1995, le chef d'état-major interarmées français, le général Jean-Philippe Douin se rend à Zvornik, en Bosnie, pour venir chercher les deux pilotes. Les deux pilotes sont rapatriés à l'aéroport de Villacoublay où ils sont accueillis par le président de la République Jacques Chirac.
Sur ce point encore, le rapport du général Gallois dément cette version, étant donné que Radovan Karadzic déclare au négociateur français ignorer où sont les deux Français : seul le général Mladic était en mesure de le savoir et c'est bien lui qui les a rendus.
Angolagate et décoration d'Arcadi Gaydamak
Charles Pasqua a été condamné en novembre 2009 à un an de prison ferme pour trafic d'influence dans l'affaire de l'Angolagate pour avoir obtenu l'ordre du mérite à Arcadi Gaydamak en échange d'argent.
Charles Pasqua, qui a demandé la levée du secret défense dans le dossier de la libération des pilotes français de Bosnie, affirme que la décoration d'Arcadi Gaydamak est la rétribution de son intervention en Bosnie[4].
Références
- Bosnie: libération des deux pilotes français, L'Humanité, 13 décembre 1995
- Libres, L'Express, 14 décembre 1995
- Marchiani le sulfureux, L'Express, 24 janvier 2002
- Gaydamak affirme que l'Elysee savait, Nouvel Observateur, 14 novembre 2009
Wikimedia Foundation. 2010.